Place des analyses avec la vision Hormon’holistiK par Guénaëlle Abéguilé

En tant que praticien en santé fonctionnelle, je reçois régulièrement ce genre de demande de la part d’individus inconnus : « Madame, que pensez-vous de mes analyses biologiques ? » ; « Que dois-je faire pour améliorer ma biologie ? ».

Ma réponse est toujours la même : « Je n’en sais rien ».

Cette réponse est alors souvent perçue comme de la rétention d’informations, voire de l’incompétence.

En termes d’analyses fonctionnelles, je reste persuadée que cette réponse est la seule à être juste et que toute autre réponse est au mieux, approximative, au pire, preuve de notre incompétence et risque de conduire à des conseils inefficaces, voire contre-productifs !

J’ai choisi d’illustrer ma réponse dans mon domaine de prédilection : l’hormono fonctionnelle. Ceci est toutefois applicable à l’ensemble des autres analyses fonctionnelles.

Pourquoi interpréter une biologie sans connaître le contexte peut-il conduire à des conseils contre-productifs ?

Prenons l’exemple d’un dosage d’hormones ovariennes : œstradiol, progestérone, ainsi que leur donneur d’ordre, les hormones hypophysaires FSH et LH.

Une femme me tend sa biologie afin de connaître mon avis.

1re erreur de ma part : je regarde son analyse. En effet, peu importe ce que j’y vois, je lui répondrai la même chose : « Je n’en sais rien ».

Son œstradiol est à 350 pg/ml et sa progestérone à 1,5 ng/ml. On serait tenté de dire : « Ici, c’est clair, il y a un fort déséquilibre œstroprogestatif en faveur des œstrogènes ! ». On imagine alors une femme avec de belles courbes féminines, mais souffrant de syndrome prémenstruel avec mastodynie, rétention d’eau, maux de tête, irritabilité, etc…

Je poursuis ma lecture, je vois la LH à 35 UI/L et la FSH à 10. Lorsque le rapport LH/FSH est supérieur à 1, il y a risque d’excès d’androgènes. En effet, la LH pousse les ovaires à produire de la testostérone tandis que la FSH favorise l’expression de l’enzyme qui les convertit en œstradiol. Ainsi, lorsque le rapport LH/FSH est élevé, le rapport testostérone/œstradiol devrait également l’être. On imagine alors cette femme également très androgénique qui pourrait souffrir de chute de cheveux, d’acné et de pilosité excessive. Elle doit être insulinorésistante, car l’insuline augmente la LH ! BINGO, en regardant l’analyse, je sais tout sur cette femme qui me tend l’analyse biologique : elle doit avoir un ventre gras (insulinorésistante), des seins volumineux (hyperœstrogéniques) et poilus, être chauve et pleine de boutons (hyperandrogénique)… Je regarde alors la personne au bout de ce bras qui me tend cette biologie… et découvre une jeune femme qui ne correspond pas du tout à ce que me dit sa biologie.

Que dois-je penser ?
  • Elle porte une culotte ultra gainante, à subit une réduction mammaire et possède un super fond de teint ultra couvrant, tout en restant ultra naturel ?
  • Je n’ai pas tout compris aux analyses biologiques ?

Pour interpréter une analyse biologique, de nombreux renseignements au sujet du patient ainsi qu’une bonne connaissance de la physiologie sont indispensables ! En aucun cas, il n’est possible d’interpréter une analyse sans ces informations capitales !

Je prends alors un peu de recul et lui pose la question :

À quel moment du cycle avez-vous fait cette analyse biologique ?

En effet, l’équilibre œstroprogestatif n’est interprétable que 7 jours après l’ovulation, lorsque la progestérone est à son maximum !

Elle me répond avoir fait son analyse 21 jours après le 1er jour des règles.

J’ai appris que la femme ovule à J14.  L’analyse étant faite à J21, elle a donc bien ovulé 7 jours avant.

BINGO ! L’analyse est bien interprétable, mes hypothèses sont bonnes !

Je peux lui dire qu’elle souffre d’un déséquilibre œstroprogestatif et certainement d’une hyperandrogénie. Je lui demande alors la marque de son fond de teint !

Pour ne pas en rester là, je lui propose des stratégies de prise en charge. Pour son déséquilibre œstroprogestatif, je lui donne des conseils pour abaisser sa production d’œstrogènes et je lui recommande également des plantes progestatives à prendre en deuxième parti du cycle.

Pour son rapport LH/FSH augmenté responsable de son hyperandrogénie bien camouflée, je suspecte la responsabilité de l’insuline, je lui conseille alors de réduire ses charges glycémiques.

Fière de moi, je me dis qu’elle a eu de la chance de croiser mon chemin… Je poursuis également le mien, la tête haute direction Séphora.

Pourquoi ce fond de teint n’aura pas l’effet escompté ?

En rentrant de chez Séphora, j’applique ce fond de teint, qui chez moi n’a pas du tout le même effet.

Je me dis :

  • Cette femme doit faire de la rétention d’informations, elle ne veut pas partager ses secrets de beauté.
  • J’accepte l’idée de ne pas maîtriser totalement le sujet et je me remets en question.

Je prends mon téléphone et l’interroge davantage sur son cycle. Ses cycles sont réguliers, mais de 35 jours. Je comprends alors qu’elle n’avait pas encore ovulé lors de son analyse biologique ! Elle a fait l’analyse en période préovulatoire ! L’interprétation est alors complètement différente ! L’ovulation nécessite un pic de LH, qui lui-même nécessite un pic d’œstradiol. Les valeurs d’œstradiol et de LH élevées indiquaient simplement que cette femme était en train de préparer son ovulation ! Ceci explique aussi alors que sa progestérone était basse. Je comprends que, lorsqu’elle m’a demandé mon avis, j’aurai dû lui répondre « je n’en sais rien » ! Je lui aurai évité d’acheter des compléments inefficaces, voire contre-productifs, et je n’aurai pas acheté ce fond de teint !

Avec mes conseils pour abaisser sa production d’œstrogène, je risque alors de la mettre en hypoœstrogénie et d’altérer davantage son cycle !

Que dois-je alors retenir de cette expérience ?
  • Cette femme n’est pas normale, car elle ovule à J21-22
  • On m’a appris n’importe quoi à l’université : une femme n’est pas un robot qui pond à J14

OK, je commence à comprendre la nécessité d’interpréter les analyses biologiques en fonction de la période du cycle.

Malgré la preuve de mon incompétence, elle n’est pas rancunière, et souhaite toujours avoir mon avis sur sa biologie.

Afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs, je m’intéresse davantage à elle et l’interroge sur ses signes cliniques. Elle souffre en effet de syndrome prémenstruel (SPM). Avant chaque menstruation, elle a mal aux seins et prend 2 kg d’eau. Je sais que ces signes cliniques traduisent un déséquilibre œstroprogestatif. Je lui conseille alors de refaire un dosage d’œstradiol et progestérone, non pas à J21, mais 7 jours après son ovulation. Je lui explique comment reconnaître son ovulation.

(Pour en savoir plus sur l’observation du cycle, je vous invite à regarder cette vidéo, et à lire cet article.)

Quelque temps plus tard, elle revient avec sa biologie. Elle a bien perçu son ovulation et a effectué son analyse 7 jours plus tard.

Avec ses signes cliniques, j’imagine son dosage œstradiol au plafond.  Surprise : il n’est qu’à 150 pg/ml !

J’avais anticipé cela. En effet, nous savons qu’une hormone ne peut jamais être considérée seule ! Elle est toujours à interpréter en fonction des autres hormones avec lesquelles elle interagit. En l’occurrence, la progestérone contrebalance les effets des œstrogènes. Ainsi, un syndrome prémenstruel (SPM) est lié au déséquilibre œstroprogestatif qui provient soit d’un excès d’œstrogènes, soit d’un déficit de progestérone. Ici, les œstrogènes sont normaux bas, j’imagine alors que son SPM est lié à un défaut de production de progestérone.

Nouvelle surprise, la progestérone est excellente à 20 ng/ml : digne d’une ovulation de compet’ !

L’analyse biologique ne va donc pas du tout dans le sens que j’avais imaginé ! Il n’y a clairement pas de déséquilibre œstroprogestatif  !

Que vous dites-vous :

  • Son SPM : c’est clairement dans sa tête !!!
  • Je ne maîtrise visiblement pas tout… Je cherche à comprendre ce qui pourrait expliquer que cette femme souffre de SPM malgré cette biologie.
Qu’est-ce qui pourrait alors expliquer cette discordance clinique/biologique ?

Nous savons maintenant qu’il existe des discordances entre le statut biologique hormonal et l’impact des hormones sur nos tissus. Nous parlerons alors de la notion d’imprégnation hormonale. Celle-ci est le reflet de l’effet de nos hormones sur les tissus cibles. L’imprégnation hormonale est bien sûr dépendante de la quantité d’hormone, mais pas que. La quantité d’hormone n’est qu’un facteur favorisant l’imprégnation hormonale parmi de nombreux autres ! Ainsi, toute discordance entre la clinique et la biologie doit nous interroger sur ces autres facteurs.

L’imprégnation hormonale est une notion beaucoup plus fonctionnelle, plus globale, plus réaliste que la simple notion de quantité identifiable à la biologie.

Revenons à notre cas clinique : quels sont les paramètres pouvant augmenter l’imprégnation en œstrogène ?

Outre le déficit de progestérone, déjà éliminé, les autres facteurs influençant l’imprégnation œstrogénique sont :

  • Les transporteurs hormonaux :

Le dosage d’œstradiol correspond au taux total d’œstradiol : c’est-à-dire à la quantité d’hormones liées à leurs transporteurs additionnée des hormones libres, non transportées.  Seule la fraction hormonale libre est active !  Il est alors intéressant de vérifier si le taux de transporteur n’est pas abaissé, ce qui expliquerait que la fraction libre active soit augmentée et pourrait donc être responsable de cette forte imprégnation œstrogénique.

Le dosage SHBG est ici de 70 nmol/L, ce qui est tout à fait optimal. L’hypothèse pour cette femme est rejetée.

  • La sensibilité des récepteurs :

Vous savez que nous ne réagissons pas tous de la même manière à l’insuline ? Certains patients doivent produire 3 fois plus d’insuline que d’autres pour normaliser leur glycémie !

Pour les autres hormones, c’est pareil !

Nous sommes tous plus ou moins sensibles à chaque hormone. Concernant les œstrogènes, les raisons sont multiples, parmi lesquels : les polymorphismes génétiques, l’inflammation, le statut en iode, en progestérone…

En poussant l’enquête, nous découvrons que cette femme à un très fort déficit en iode ! Sa iodurie indique 20 ug/L ! Ceci explique une hypersensibilité aux œstrogènes !

BINGO !!! En normalisant le statut en iode, nous la rendrons moins sensible aux œstrogènes ! Ainsi même si sa production hormonale reste identique, sa clinique peut être considérablement améliorée !

Le raisonnement commence à être plus satisfaisant, nous commençons à percevoir la différence entre le taux d’hormones produites et la notion d’imprégnation hormonale. Après avoir repéré une discordance entre la clinique et la biologie, mais nous avons trouvé une explication. La carence en iode, serait-elle la seule responsable ?

Lorsque nous repérons un responsable, nous faisons souvent l’erreur de penser que cette dernière explique l’ensemble des dysfonctions. Sauf exception, les dysfonctions sont toujours plurifactorielles. Rares sont les cas où un paramètre est dans le rouge et l’ensemble des autres dans le vert. La plupart du temps, nous aurons quelques paramètres verts, quelques autres rouges, mais la grande majorité dans l’orange. Il est alors judicieux d’évaluer l’ensemble des critères pouvant être responsables de la dysfonction repérée. Poursuivons alors notre enquête.

Quels autres facteurs peuvent augmenter l’imprégnation œstrogénique ?

  • Évaluation des autres ligands des récepteurs aux œstrogènes :

Les œstrogènes ne sont pas les seules molécules à se fixer sur leurs récepteurs. En effet, les perturbateurs endocriniens oestrogénomimétiques tels que les bisphénols, les phtalates, les pesticides ont également la capacité à activer ces récepteurs. L’analyse biologique ne reflète absolument pas ce paramètre ! Seule l’enquête du mode de vie pourra valider cette hypothèse.

Les œstrogènes de synthèse de la pilule contraceptive ne sont pas en reste. L’éthinylestradiol de la pilule se fixe en effet sur les récepteurs aux œstrogènes et les active bien plus fortement que nos propres œstrogènes. Pourtant, la biologie de votre patiente sous pilule contraceptive indiquera un taux d’œstradiol très bas. Rappelons que la femme sous pilule contraceptive est exposée à un puissant perturbateur endocrinien oestrogénomimétique, cancérogène de 1re catégorie (pour le cancer du sein, utérus, foie/VB). Voici encore un bel exemple de la nécessité d’interpréter les analyses avec beaucoup de recul !

D’autres types de ligands peuvent à l’inverse moduler les récepteurs aux œstrogènes, il s’agit des phytoœstrogènes contenus dans les végétaux. Leurs modes d’action sont complexes, ils sont phytoœstrogènes dépendants, aliments dépendants, statut hormonal dépendant, microbiote dépendant.

La patiente ne prend pas de pilule, fait attention aux perturbateurs endocriniens, mange bio. En revanche, elle consomme peu de végétaux riches en phytoœstrogènes modulateurs, je lui conseille alors d’en consommer davantage.

  • La détoxication des œstrogènes :

Enfin, suivant notre bagage génétique, épigénétique, notre exposition aux polluants, notre statut micronutritionnel, notre fonction thyroïdienne, nous ne détoxiquons pas nos œstrogènes de la même manière. La détoxication hépatique se fait en 2 phases.

Au niveau de la première phase de détoxication, certaines femmes fabriquent beaucoup de molécules intermédiaires, très œstrogéniques (les 16 OH œstrones), d’autres parviennent difficilement à les conjuguer au niveau de la 2e phase. Enfin, certaines gèrent très bien ces 2 phases, mais possèdent un microbiote qui favorise la recapture des œstrogènes qui étaient sur la voie de l’élimination.

Notre enquête clinique, complétée de certaines investigations biologiques, peut parfaitement compléter le bilan. Dans ce cas clinique, la phase 2 ainsi que la phase d’élimination se passaient bien. En revanche, lors de la phase 1, la patiente synthétise beaucoup de 16 OH œstrones. En effet, son rapport 2/16 OH est abaissé. Je lui administre alors une phytothérapie adaptée favorisant la voie du 2OH œstrones (molécules intermédiaires protectrices peu œstrogéniques).

Pour résumer ce cas clinique 

Cette femme souffrait de déséquilibre œstroprogestatif. Son analyse hormonale postovulatoire indiquait que les responsables n’étaient ni un excès d’œstrogènes ni un déficit de progestérone. Cette discordance clinique/biologie nous invite alors à explorer les autres facteurs augmentant l’imprégnation œstrogénique. Parmi ceux-ci, nous avons repéré chez la patiente un défaut de modulation des œstrogènes par insuffisance de consommation de phytoœstrogènes, une hypersensibilité des récepteurs aux œstrogènes par déficit d’iode, et un trouble de la détoxication conduisant à la synthèse de molécules intermédiaires hyperœstrogéniques. On comprend donc que les recommandations effectuées n’auront rien à voir avec ce que nous avions fait en première intention suite à l’interprétation biaisée de la 1re analyse ! Seule la prise en charge causale sera efficace. Elle permettra alors de faire disparaître le syndrome prémenstruel de cette femme. Elle bénéficiera également d’effets secondaires collatéraux : optimisation de la fonction thyroïdienne, protection hépatique, et même prévention de l’apparition d’un cancer hormonodépendant.

Ce cas clinique illustre bien la vision globale à développer lors de l’investigation fonctionnelle d’une analyse biologique.

Lorsque le praticien répond « je n’en sais rien » à une personne qui lui demande d’interpréter sa biologie en dehors d’une consultation, ce n’est en aucun cas de la rétention d’informations ! Cette réponse fait preuve au contraire de compétence. Les mécanismes qui sous-tendent l’équilibre hormonal sont tellement complexes, qu’ils ne peuvent en aucun cas être identifiables à l’analyse biologique seule.

Si vous ne souhaitez pas un praticien qui pense que vous cachiez vos boutons derrière un fond de teint, n’acceptez pas un praticien qui vous fait croire qu’il a la solution à vos problèmes après avoir jeté un œil à votre biologie.

Guénaëlle Abéguilé, Consultante et formatrice en santé fonctionnelle – Cofondatrice de DFM Formations

 

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Pilule contraceptive : Le point de vue de la santé fonctionnelle par Guénaëlle Abéguilé

Symbole de l’émancipation de la femme dans les années 60, perçue comme une évolution par les mouvements féministes, la pilule contraceptive respecte-t-elle véritablement la femme ?

Dans cet article, je vous expose mon point de vue de praticien en santé fonctionnelle.

Qu’est-ce qu’une pilule contraceptive ?

Pour faire simple, une pilule contraceptive est un médicament contenant des hormones de synthèse ayant pour but d’empêcher la conception.

Le type de pilule le plus couramment prescrit est la pilule oestroprogestative.

Comme son nom l’indique, elle contient un œstrogène de synthèse ainsi qu’un progestatif. Ces hormones de synthèse contenues dans la pilule ne sont pas les mêmes que les hormones que nous produisons naturellement au cours du cycle ovulatoire. Leurs structures biochimiques diffèrent sensiblement de leurs homologues naturelles. C’est la structure d’une molécule qui lui confère sa fonction. Nous comprenons alors que les fonctions des hormones de synthèse diffèrent de celles des hormones naturelles que notre organisme a apprivoisé depuis la nuit des temps.

En effet, l’éthinylestradiol, œstrogène de synthèse contenu dans la pilule contraceptive, ne peut pas se vanter de mimer les bienfaits santé des œstrogènes naturels ! De la même manière, les progestatifs (progestérone de synthèse) ne peuvent pas égaler notre formidable, notre bien-aimée, notre meilleure amie pour la vie, je nomme : la progestérone !

Par ailleurs, la pilule contraceptive inhibe l’axe hypothalamo hypophysaire, tour de contrôle du système hormonal, ce qui empêche la synthèse ovarienne de ces formidables hormones sexuelles naturelles. Je vous invite à lire mon article intitulé : « J’ovule donc je suis », pour mieux comprendre l’intérêt des hormones du cycle sur la santé.

Vous l’aurez compris, en bloquant le cycle ovulatoire, la pilule contraceptive prive la femme des effets santé des hormones sexuelles.

Pour quels motifs, la pilule contraceptive est-elle prescrite ?

Initialement prescrite pour la femme souhaitant éviter une grossesse, la pilule contraceptive est aujourd’hui prescrite pour toutes les indications possibles et imaginables :

  1. Régulariser les cycles
  2.  Arrêter les règles douloureuses
  3. Diminuer les règles abondantes
  4. Prévenir le syndrome prémenstruel
  5.  Anticiper (voire modifier) le jour des règles
  6. Arrêter les règles
  7. Corriger une anémie
  8. Traiter l’acné
  9. Détendre monsieur
  10. Rassurer la belle-mère….
Et alors, la pilule fonctionne-t-elle pour toutes ces indications ?

Avant de répondre à cette question, interrogeons-nous : Que signifie « fonctionner » ?

Est-ce que faire taire un symptôme est satisfaisant ? La femme qui a des règles douloureuses, abondantes ou un syndrome prémenstruel se verra très certainement soulagée par la pilule. Mais cette solution permet-elle de corriger les causes de ses troubles ? Et si ce n’est pas le cas, quelles en sont les conséquences ?

Les désagréments prémenstruels et les règles douloureuses et/ou abondantes proviennent généralement d’un déséquilibre oestroprogestatif (la femme est plus fortement imprégnée d’œstrogènes que de progestérone). En prenant une pilule, la femme va empêcher la sécrétion endogène des 2 hormones œstrogènes et progestérone. Il n’y a alors plus de sécrétion d’œstrogènes ni de progestérone, on se retrouve ainsi avec l’équation suivante : 0/0= 0. Il n’y a donc plus de déséquilibre oestroprogestatif !!

Les connaisseurs pardonneront cette vulgarisation approximative, car d’une part, toutes les pilules ne réduisent pas à zéro la production ovarienne d’œstrogènes et progestérone et d’autre part les ovaires ne sont pas les seules glandes à produire ces hormones….

Cependant, je suis ici bien plus dans le vrai que ceux qui disent que la pilule régularise les cycles !!!

Comment pourrait-elle régulariser quelque chose qu’elle fait ….. disparaitre !!!????

En privant la femme de ses hormones sexuelles, la pilule contraceptive ne traite pas l’origine des problèmes et fait le lit de nombreuses autres dysfonctions potentielles.

Donc faudrait-il laisser la femme souffrir ?

Bien sûr que non ! Les souffrances liées au cycle nous informent que quelque chose ne va pas !!! C’est un super message qui se doit d’être écouté et d’être considéré !

Prenons l’exemple des règles douloureuses. Celles-ci doivent nous interroger sur l’existence d’un déséquilibre oestroprogestatif. Nous devons alors investiguer ces différentes hypothèses :

  •  Y a-t-il ou non un déséquilibre oestroprogestatif en faveur des œstrogènes ?
  • Est-il lié à un excès d’œstrogènes et/ou à un déficit de progestérone ?
  • Quelles sont les causes de ce déficit ou de cet excès ?

Le traitement fonctionnel consistera à traiter l’origine du problème. En retrouvant l’équilibre entre œstrogènes et progestérone, les règles douloureuses vont disparaître et la femme pourra alors jouir des bienfaits des hormones du cycle !

Outre des règles douloureuses, ce déséquilibre peut également être responsable de syndrome prémenstruel, de règles abondantes et augmenter le risque de cancer hormono dépendant comme le cancer du sein, de l’utérus ou des ovaires.

Mais la pilule traite aussi les règles douloureuses !!!??

Il serait plus juste de dire que la pilule arrête les règles. Donc pas de règles = pas de douleurs !

Les saignements qu’a la femme au cours de la pause mensuelle de la pilule ne sont pas des règles, car il n’y a pas eu d’ovulation.

Quoi qu’il en soit, grâce à la pilule, la femme saigne sans avoir mal, mais la pilule ne traite en aucun cas les causes du déséquilibre oestroprogestatif.

Nous venons d’évoquer que les femmes souffrant de ce déséquilibre sont plus à risque de cancer hormono dépendant. Sachez que le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer) reconnait la pilule oestroprogestative comme cancérogène de 1re catégorie (plus haut niveau de preuve) pour les cancers du sein, utérus et foie/vésicule biliaire.

La solution proposée à ces femmes à risque est donc une véritable bombe à retardement !!

Libre à la femme de choisir la solution pilule, mais pas sans l’informer sur les conséquences de ce choix et sur les alternatives possibles pour traiter ses troubles !

Je vous invite à lire mon article intitulé : « règles douloureuses, que faire » pour mieux comprendre les règles douloureuses et les solutions physiologiques.

Et pour les autres motifs de prescriptions, la pilule ça marche ?

Reprenons les motifs un à un :

  • Contraception : oui ça marche, mais ce n’est pas très fiable en utilisation courante comme l’indique l’indice de PEARL.
  • Régulariser les cycles : Non ça ne régularise pas les cycles mais ça les fait disparaitre ! À l’arrêt de la pilule, les causes des cycles irréguliers sont toujours présentes et même souvent accentuées par les effets de la pilule !  Ça ne traite donc en aucun cas l’origine du problème.
  • Arrêter les règles douloureuses et les règles abondantes : Non, ça les fait disparaitre et n’en traite pas les causes.
  • Prévenir le syndrome prémenstruel : Pas de menstruation = pas de syndrome prémenstruel à proprement parler. En revanche lors de la pause mensuelle de la pilule, il y aura une chute d’hormones artificielles, pouvant reproduire les symptômes du syndrome prémenstruel : c’est ballot…
  • Anticiper (voire modifier) le jour d’arrivée des règles : Non, car elle fait disparaitre les règles… Mais anticiper ou modifier l’arrivée des saignements oui, c’est possible avec la pilule. Cela ne veut pas dire que la solution pilule est sans conséquences !
  • Corriger une anémie : Oui ça peut fonctionner, car on saigne moins abondamment. Il y a donc moins de perte en fer, mais des solutions physiologiques existent !!!!
  • Traiter l’acné : Suivant le type de progestatif utilisé dans la pilule, oui, ça peut marcher. En revanche, ces pilules dites « anti androgéniques », risquent de diminuer la libido et à l’arrêt d’accentuer l’acné. Cette solution risque aussi de masquer voire d’aggraver un trouble endocrinien appelé SOPK (Syndrome des ovaires polykystiques). Des solutions physiologiques existent également.
  • Détendre monsieur : S’il a besoin de ça pour se détendre…
  • Rassurer la belle-mère : Oui suivant la belle-mère ça peut marcher…. Vous pouvez aussi lui faire croire que vous la prenez ou lui envoyer cet article !
  • ….
Quelles sont les plaintes fréquentes des femmes sous pilule ?

Les plaintes les plus fréquentes sont la prise de poids et la baisse de libido. Mais de nombreux autres troubles peuvent être induits par la pilule tels que la fatigue, la déprime, l’anxiété, les migraines, les infections vaginales et urinaires. La pilule augmente également les risques de cancer du sein, de l’utérus et les troubles thromboemboliques…

Quels sont les déficits micronutritionnels induits par la pilule ?

La femme prenant la pilule sera sujette à des carences micronutritionnelles.

En effet, afin d’éliminer les hormones de synthèse, l’organisme surutilise le magnésium, les vitamines du groupe B (notamment B1, B2, B3, B6, B9, B12). Ces micronutriments sont indispensables à la synthèse énergétique, mais aussi à la synthèse des neurotransmetteurs responsables du bien-être. S’en suit alors de la fatigue, une plus grande vulnérabilité au stress, mais aussi des tensions musculaires, des réveils nocturnes….

Ces déficits induits limitent la capacité de détoxication hépatique. La patiente se retrouve alors à prendre une pilule dont elle ne pourra pas éliminer correctement les hormones. L’éthinylestradiol, œstrogène de synthèse ultra puissant contenu dans la pilule, va alors s’accumuler, favorisant le développement des cellules cancéreuses oestrogéno-dépendantes.

Les statuts en zinc, en sélénium, en coQ10, en glutathion, en vitamine E et C sont également diminués chez la consommatrice de pilule oestroprogestative. Ces micronutriments participent tous à limiter le stress oxydatif. La femme sous pilule est donc plus à risque de stress oxydatif, mécanisme co-responsable du vieillissement et de catabolisme accéléré, de défaut de cicatrisation, de pathologies neurodégénératives, cardiovasculaires et de cancer. Ceci est encore plus évident lorsque l’on sait que les statuts en cuivre explosent chez ces femmes. Le cuivre en excès est pro-oxydant, ce qui va aggraver le phénomène.

Un déficit de zinc et un excès de cuivre entrainent un déséquilibre Zinc / Cuivre en faveur du cuivre. Ce déséquilibre favorise les troubles neuropsychiques et les risques de démence.

Quels sont les effets de la pilule sur le système endocrinien ?

La pilule contraceptive a été créée dans le but de perturber le fonctionnement ovarien. En signalant au cerveau qu’il y a une certaine quantité d’œstrogènes et de progestérone de synthèse, l’axe hypothalamo-hypophysaire bloque le cycle. Il abaisse alors la sécrétion des hormones stimulant les ovaires (appelées FSH et LH), les ovaires sont ainsi au repos.

C’est l’effet recherché. Recherché, ne veut pas dire sans conséquences, car, vous l’aurez compris, les hormones ovariennes sont très bénéfiques pour notre santé physique et psychique, et les hormones de synthèse ne miment pas ces effets ! (article “J’ovule donc je suis”).

L’effet perturbateur endocrinien de la pilule (appelons un chat un chat), ne se limite pas au système ovarien. Le fonctionnement hormonal est une machinerie incroyablement complexe où toutes les hormones sont en interactions permanentes. Il est donc illusoire de croire que l’on peut bloquer l’ovulation sans conséquences plus globales.

La pilule contraceptive est un perturbateur endocrinien à large spectre !!

L’éthinylestradiol contenu dans la pilule entraine une augmentation de la synthèse hépatique de SHBG (Sexe Hormone Binding Globuline). Cette SHBG est le transporteur des œstrogènes, il n’est donc pas étonnant que l’apport d’œstrogènes méga puissants entraîne une augmentation de son transporteur ! En revanche la SHBG ne transporte pas que les œstrogènes ! Elle transporte également nos hormones masculines, notamment la testostérone ! La fraction d’une hormone transportée n’est pas active. Ainsi, plus il y a de transporteurs, moins nous sommes imprégnées de l’hormone. La pilule contraceptive entraine donc une baisse de la testostérone active, la forme libre, non transportée. Là vous allez vous dire : chouette ! Je suis une femme, pas besoin de testostérone ! C’est bien mal vous connaitre ! Car la testo, mesdames, nous rend plus confiantes, plus sûre de soi, favorise la prise de décision, les projets et elle améliore grandement la libido ! Elle a également des intérêts métaboliques, osseux, cardio-vasculaires. Il n’y a donc pas que les hormones féminines qui ont de supers pouvoirs ! On comprend alors que la femme sous pilule peut voir sa libido diminuée, voir disparaitre, mais aussi perdre en confiance, en assurance, etc…

Bien que la pilule soit censée impacter uniquement le fonctionnement ovarien, ses actions ne s’arrêtent pas là. À l’image du nuage de Tchernobyl, la pilule contraceptive n’a pas de frontière. Elle ne perturbe pas que les hormones sexuelles. Elle possède également le pouvoir de perturber le fonctionnement thyroïdien et surrénalien !!

En effet, la prise de pilule contraceptive va également entraîner une augmentation de la synthèse des autres transporteurs hormonaux : Le TBG (transporteurs des hormones thyroïdiennes) et le CBG (transporteur des d’hormones surrénaliennes).

Plus de transporteurs = Moins d’hormones libres actives.

Il y aura donc moins d’hormones thyroïdiennes libres, ce qui peut conduire à une hypothyroïdie par excès de transporteurs. Rappelons aussi que la synthèse des hormones thyroïdiennes nécessite du sélénium, du zinc, du coQ10, du magnésium et que ces micronutriments sont tous déplétés par la pilule ! Enfin, la pilule favorise la synthèse de T3 reverse, hormone s’opposant à l’action des hormones thyroïdiennes.

En résumant l’impact de la pilule sur le fonctionnement thyroïdien, on retrouve :

  • Défaut de synthèse d’hormones thyroïdiennes (à cause des déficits de Sélénium, CoQ10, Zinc et magnésium induits)
  • Baisse de la fraction libre active (liée à l’augmentation du TBG)
  • Excès d’hormone parasite T3R (lié au défaut de conversion des hormones thyroïdiennes)…

Autant vous dire que la thyroïde est mise à rude épreuve et que l’hypothyroïdie est extrêmement courante sous pilule !

Ceci peut expliquer les prises de poids et les fatigues si fréquentes sous pilules et contribue également à la baisse de libido, les dysbioses, ou les baisses de moral également souvent rencontrés.

Pour mieux comprendre le fonctionnement thyroïdien, je vous invite à lire mon article intitulé « Hypothyroïdie : le point de vue de la santé fonctionnelle »

De la même façon, le transporteur CBG (transporteur du cortisol) étant également augmenté, la pilule contraceptive peut entrainer une baisse du cortisol libre pouvant aggraver à peu près tous les signes cliniques et toutes les dysfonctions endocriniennes évoquées…

Alors, pilule or not pilule ?

Vous et vous seule pouvez faire votre choix. En revanche, avoir accès à l’information est nécessaire pour éclairer votre choix.

Cancérogène de 1re catégorie, perturbateur endocrinien à large spectre, médicament responsable de nombreuses carences micronutritionnelles, contraception pas si efficace et médicament ne respectant pas ses promesses pour traiter les troubles du cycle….

Avez-vous été informée de ceci lorsque l’on vous a proposé la pilule ? Cette information aurait-elle pu modifier votre choix ?

Vous souhaitez contribuer à la diffusion de ces informations capitales ? N’hésitez pas à partager cet article !!

Et surtout, parlez-en à votre belle-mère !

Guénaëlle Abéguilé, Consultante et formatrice en santé fonctionnelle, cofondatrice de DFM formation