Glaire cervicale : témoin de l’équilibre hormonal féminin – Intérêt de cet outil d’observation du cycle en santé fonctionnelle par Guénaëlle Abéguilé

La glaire cervicale (encore appelée mucus cervical) est produite au niveau du col de l’utérus.

Ça ne vous évoque rien ?

Mais si, c’est ce qui est régulièrement appelé… « pertes blanches ». J’en vois certaines d’ici faire la grimace… En effet dans l’inconscient collectif, ces sécrétions, on ne peut plus physiologiques, sont perçues comme quelque chose de sale, de honteux… Le mythe est largement entretenu par le tabou autour de nos fluides corporels et par les vendeurs de protège-slips !!!!

Je m’engage dans cet article, à faire de vous des femmes fières de votre mucus cervical ! Vous rentrerez alors dans le gang des « décomplexées de la glaire ».

L’observation de la glaire est un outil extrêmement précieux, que j’intègre au quotidien dans mes consultations d’hormono et de fertilité en santé fonctionnelle. Elle nous donne de précieuses indications sur l’imprégnation hormonale de la patiente.

Glaire cervicale : quelques précisions s’imposent

Les œstrogènes fluidifient la glaire tandis que la progestérone l’assèche.

Ainsi, l’observation du mucus cervical nous donnera de précieuses informations sur le statut hormonal de la femme.

Les hormones évoluent en fonction du cycle. La glaire subira alors en permanence leur influence. Ceci entraînera des modifications de sensation à la vulve perceptibles par la femme. Nous utiliserons l’observation de la glaire comme témoin de l’équilibre hormonal de la femme.

Contrairement aux analyses biologiques qui permettent d’évaluer la situation à l’instant T, la femme qui sait s’observer pourra nous renseigner sur son statut hormonal jour après jour, cycle après cycle. Cet outil lui permettra alors d’évaluer sa période de fertilité, et donc d’optimiser ses chances de concevoir ou au contraire, d’éviter une grossesse. Une femme qui s’observe, pourra également identifier les événements perturbant son ovulation : stress, activité physique, médication, alimentation, fatigue, perturbation des biorythmes, infections, inflammation… Ce feedback en temps réel permettra à la femme d’adapter son mode de vie en fonction de ses sensibilités et/ou des périodes de son cycle.

Savoir identifier son ovulation permet à la femme de savoir dans quelle phase du cycle elle est : phase folliculaire avant l’ovulation, phase lutéale après l’ovulation. Ces différentes phases sont caractérisées par des imprégnations hormonales différentes. Elle comprendra alors l’influence que ses hormones ont sur son humeur, son comportement, sa forme physique, son équilibre psychique, ses compétences sportives… Ainsi, elle pourra optimiser ses performances physiques et psychiques en programmant ses activités en fonction des phases du cycle. Pour exemple, elle favorisera ses entraînements à forte intensité en période péri-ovulatoire et les entraînements plus endurants pendant la phase lutéale. Elle fera naître ses projets créatifs en fin de phase folliculaire et les concrétisera en phase lutéale… Comprendre et vivre avec son cycle au lieu de lutter contre celui-ci permet à la femme de mieux se comprendre, d’être plus tolérante envers elle-même, de renouer avec sa personnalité et de vivre pleinement sa vie de femme.

La plupart des femmes ont une vision altérée de leur cycle, en effet, elle l’assimile bien souvent à la période péri-menstruelle. Cette phase n’est pas toujours agréable pour la femme : apparition de syndrome prémenstruel (douleurs aux seins, irritabilité, troubles digestifs, fatigue, rétention d’eau…), règles douloureuses, abondantes… La femme aura alors tendance à tenir ses hormones responsables de ces désagréments. Ainsi, elle sera tentée de faire taire ses cycles à l’aide d’une pilule contraceptive.

Remettons le responsable à sa juste place : ce ne sont pas les hormones qui sont en cause de ces désagréments, mais le déséquilibre hormonal. Cette nuance à une importance capitale. En effet, ces signes cliniques sont la partie émergée de l’iceberg. Ils nous informent de la présence d’une dysfonction. À nous, praticien en santé fonctionnelle, d’utiliser ces symptômes comme signe d’alerte et de remonter au(x) coupable(s). La prise en charge causale permettra de faire disparaître ces troubles tout en respectant la physiologie de la femme. Ainsi, elle profitera pleinement de ses formidables hormones naturelles le plus longtemps possible !

Pour en savoir plus sur l’intérêt du cycle physiologique et le rôle des hormones féminines sur la santé, je vous invite à lire mon article : « J’ovule donc je suis. »

Quels genres d’informations la femme observant sa glaire peut-elle nous apporter lors des consultations en santé fonctionnelle ?

La femme qui s’observe avec des outils tels que la glaire cervicale pourra nous alerter en cas de troubles hormonaux. Ses observations nous apporteront de précieux indices sur les responsables de ses troubles : hyper ou hypo-œstrogénie ? dysovulation ? Insuffisance de progestérone ? Type de saignement ? ….

La recherche de la cause des troubles constitue l’objectif numéro 1 de notre investigation en santé fonctionnelle. Ainsi, cet outil d’observation des cycles vient s’ajouter à nos outils d’investigation cliniques et biologiques. La patiente devient alors une véritable actrice de cette mission.

Ce n’est pas tout. La patiente qui se prête au jeu sera en mesure de reconnaître son ovulation, elle pourra alors réaliser les analyses biologiques au bon moment du cycle et prendre ses compléments alimentaires, plantes ou hormones bioidentiques au moment le plus physiologique. Gage de réussite dans nos prises en charge.

Que se passe-t-il pendant la phase folliculaire ?

Lors de la phase folliculaire, les œstrogènes montent progressivement. Ceux-ci offrent à la femme une belle énergie, de la motivation, des envies, des projets, de l’assurance, une bonne libido, une belle puissance physique et intellectuelle. Cette âme de guerrière, c’est l’effet œstrogène ! Ces hormones sont à leur maximum autour de l’ovulation. Ovulation power !!! Comment ne pas vouloir la conserver !

Au fur et à mesure de la montée des œstrogènes, la femme ressentira une glaire de plus en plus présente. Ses sensations à la vulve vont évoluer jusqu’au jour sommet (encore appelé jour pic) : le jour où la glaire est la plus fluide/glissante/abondante (ces caractéristiques dépendent des méthodes utilisées). Son jour sommet sera alors identifié le lendemain de celui-ci, par l’apparition d’une glaire moins présente voir absente à la vulve.

70 % des femmes ovulent le jour pic (ou sommet) et 30% la veille ou le lendemain de celui-ci. Cette observation est alors un outil précieux pour que la femme puisse identifier son ovulation.

Que se passe-t-il pendant la phase lutéale ?

Après l’ovulation, la femme rentre dans la phase lutéale. Le follicule devient un corps jaune sécrétant de la progestérone.

Cette hormone est une puissante régulatrice hormonale. Elle module l’action des œstrogènes, des androgènes, module la synthèse de prolactine et favorise la conversion des hormones thyroïdiennes inactives en hormones actives. Grâce à la progestérone, donc à l’ovulation, tous les excès sont tamponnés. Elle favorise également l’apaisement en activant la synthèse de sérotonine et les récepteurs GABA. La femme qui produit suffisamment de progestérone est alors zen, sereine, organisée.

Pendant cette phase du cycle, sous l’effet de la progestérone, la glaire cervicale s’asséchera par 2 mécanismes : elle épaissit la glaire ce qui obstrue le col de l’utérus et elle active les poches de Shaw à l’entrée du vagin qui aspirent la glaire. Ainsi, à la vulve, la femme se sentira sèche pendant cette période du cycle.

Pourquoi identifier ces différentes phases ?

Contrairement à ce que l’on apprend dans les livres ou même dans les cursus universitaires, la femme n’ovule pas forcément à J14 !

Connaitre la période ovulatoire permet tout d’abord d’optimiser ses chances de conception ou au contraire d’éviter une grossesse. Attention, cet article n’a pas pour prétention de remplacer les formations proposées par les instructrices des méthodes d’observation du cycle ! En effet, pour que ces méthodes soient efficaces en tant que méthode contraceptive, il est indispensable de se former !

Dans ma pratique de praticien en santé fonctionnelle, cet outil me permet de repérer des dysfonctions ovulatoires ainsi que les troubles et déséquilibres hormonaux. Ces méthodes permettent à la femme d’effectuer les analyses hormonales au bon moment du cycle et d’optimiser la prise en charge en utilisant les plantes à visée hormonale pendant la phase adéquate.

Intérêt de l’observation du cycle dans l’évaluation de l’équilibre hormonal féminin

En consultation, nous sommes amenés à recommander des analyses 7 jours après l’ovulation. Seules les femmes sachant « s’observer » sont en mesure de les effectuer au bon moment du cycle. Nous sommes alors en possession d’analyses hormonales très pertinentes.

Classiquement, les analyses biologiques hormonales post-ovulatoires sont demandées à J21. Ceci est lié au fait qu’on estime que le cycle dure 28 jours et que la femme ovule à J14. Les dosages de progestérone et d’œstradiol post-ovulatoire sont pertinents lorsqu’ils sont à leur maximum, c’est-à-dire 7 jours après l’ovulation. Cependant, seuls 30% des femmes ovulent à J14. Les 70 % restantes auront alors effectué leurs analyses un peu ou beaucoup trop tôt ou trop tard.

Imaginons une femme vous consulte pour un syndrome prémenstruel. Elle se plaint de tensions mammaires et de rétention d’eau avant les règles. Vous savez que le responsable de ce type de trouble est le déséquilibre oestroprogestatif. En revanche, ces signes cliniques ne vous disent pas si ce déséquilibre provient d’un excès d’œstrogènes ou d’un déficit de progestérone. L’analyse biologique post-ovulatoire vous apportera des informations complémentaires.

Vous lui conseillez alors un dosage de ces 2 hormones à J21. Le résultat vous indique une progestérone à 4 ng/ml. Vous vous dites : « Bingo ! Elle manque de progestérone, d’où son déséquilibre oestroprogestatif. » Vous lui proposez alors des plantes progestatives ou de la progestérone bioidentique. Ce qui vous échappe, c’est que cette femme a ovulé à J9 ! Son dosage de progestérone effectué à J 21, soit 12 jours après l’ovulation ne pouvait être que bas !!! Vous auriez fait l’analyse à J16 (7 jours après son ovulation), vous auriez peut-être trouvé une progestérone parfaite à 22 ng/ml, mais des œstrogènes explosés !!!! Donc oui, il y a bien un déséquilibre oestroprogestatif, mais vous le saviez déjà avec la clinique… En revanche, le responsable n’est absolument pas le manque de progestérone, mais c’est l’excès d’œstrogènes !!! On comprend que la prise en charge ne sera pas la même ! Pour faire disparaître les symptômes de la patiente, vous devez, non pas augmenter la progestérone qui est parfaite, mais moduler les œstrogènes ! Sans cette considération, votre prise en charge sera un échec.

C’est le même type de scénario pour les femmes qui ovulent plus tardivement. Si elle ovule à J22 et que vous faites le dosage à J21, vous trouverez des œstrogènes explosés (ce qui peut être tout à fait physiologique, car elle prépare son ovulation.), et une progestérone effondrée (puisqu’elle n’a pas encore ovulé). Cette femme aura pourtant peut-être une ovulation de compet’ qui ne nécessitera aucune intervention, mais celle-ci serait uniquement objectivable à l’analyse effectuée à J29 !

Intérêt des outils d’observation du cycle dans nos prises en charge en santé fonctionnelle

Pour corriger les troubles hormonaux chez la femme en période d’activité génitale (de la ménarche à la ménopause), nous sommes amenés à proposer des compléments alimentaires et/ou de la phytothérapie et/ou des hormones bioidentiques (pour les médecins) à certaines périodes du cycle. La femme se basant sur le calendrier prendra les plantes conseillées pour la période préovulatoire de J1 à J14 et pour la période post-ovulatoire de J15 à J28. Dans le cas où cette femme ovulerait à J9, elle prendrait alors des plantes prévues pour la phase folliculaire alors qu’elle est déjà dans la phase lutéale entre J9 à J14 ! De la même manière, si elle ovule à J19, elle prendra ses plantes ou traitements conseillés pour la phase lutéale alors qu’elle sera toujours en phase folliculaire. La prise en charge a alors peu de chance d’être efficace, pire encore, elle pourrait altérer son ovulation ou même l’empêcher, ce qui est susceptible d’aggraver ses troubles.

En conclusion

L’observation de la glaire par la femme constitue un outil à part entière dans nos investigations en santé fonctionnelle. La femme qui pratique une méthode d’observation du cycle devient actrice à part entière dans notre enquête à la recherche des causes maîtresses de ses troubles. Elle nous apportera de précieuses informations nous permettant d’identifier et de quantifier les troubles. Elle nous fournira également de nombreux indices nous conduisant à l’identification des coupables. La femme pourra effectuer ses analyses hormonales et prendra ses compléments, phyto et/ou hormones bioidentiques aux moments du cycle les plus pertinents, dans le respect de la physiologie. La prise en charge sera alors optimale. Ses observations lui permettront également d’avoir un feed-back direct sur l’efficacité de la prise en charge.

En dehors de ceci, les méthodes d’observation du cycle permettent de mieux se connaitre en tant que femme, de se reconnecter avec son corps et de percevoir toute la magie que nos hormones nous apportent.

Pour les décomplexées de la glaire convaincues qui souhaiteraient en savoir plus, je vous invite à vous procurer le livre de Marion Vallet et Dr Sophie Saab-Tsnobiladzé : « cycle féminin au naturel »

Guénaëlle Abéguilé, Consultante et formatrice en santé fonctionnelle – Cofondatrice de DFM Formations

Pour aller plus loin :

Un outil d’évaluation clinique de la qualité de l’ovulation et de prise en charge thérapeutique

Pratik Fonctionnelle en Hormono Médicale

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