Pourquoi et comment faire des recherches bibliographiques ? par Nathalie Faggianelli

Pourquoi faire une étude bibliographique ?

Faire de la bibliographie est un élément important pour tout thérapeute, praticien de santé, et incontournable d’un travail de recherche. En effet, lorsque nous travaillons sur un sujet donné, que nous souhaitons rédiger un article, un livre, un mémoire ou pour creuser une question précise, nous sommes amenés à faire des recherches. De préférence, nous allons chercher dans des livres, des publications de revues spécialisées. Cette étude de la bibliographie permet d’établir « l’état de l’art des connaissances » et ainsi de ne pas repartir de zéro. Elle permet de prendre en compte ce qui a déjà été fait par d’autres, pour diffuser ce savoir tout en l’intégrant dans une continuité. Faire des recherches bibliographiques permet également de mettre en avant plusieurs approches d’un même questionnement ou d’une problématique et ainsi de comprendre les divergences d’arguments qui circulent sur un sujet controversé.

Lire régulièrement la littérature scientifique sur des sujets qui nous intéressent ou en lien avec notre travail est un moyen de se tenir informé des dernières découvertes et recherches. À l’heure actuelle, pour tout thérapeute, praticien, il est nécessaire de remettre à jour ses connaissances et de toujours rester curieux, avec un esprit critique sur ses connaissances pour progresser dans sa pratique et sa prise en charge. Cela est nécessaire pour pouvoir argumenter avec vos pairs – collègues sur un sujet avec et apporter du poids à vos propos également, et ce également en consultation avec les personnes que vous accompagnez. Vous montrez aussi que vous « maitrisez le sujet » sur lequel vous travaillez, sans dire « croyez-moi sur parole ». Donner la possibilité aux autres d’aller plus loin et d’acquérir les mêmes informations que vous, sans filtre ni déformation.

Cependant pour cela il faut avoir des sources fiables et savoir critiquer ce que vous lisez. Il est important de veiller à ne pas tomber dans le scientisme en utilisant la science de manière biaisée pour convaincre ou imposer nos opinions. En effet, il est presque toujours possible de trouver une étude qui ira dans le sens que nous souhaitons pour valider nos dires. La science est aujourd’hui souvent invoquée pour montrer tout à la fois l’innocuité ou la toxicité d’un composé par exemple. Alors, qui croire dans ce cas ?

À l’ère des réseaux sociaux, dans une société où tout doit aller vite, nombreux sont les lecteurs qui ne souhaitent pas passer plus de trente secondes à lire un texte. Les articles et les publications se doivent d’être courts pour être lus, mais aussi impactant. Il est alors facile de faire des raccourcis et des conclusions hâtives en tirant une phrase hors de son contexte, en niant le propos original de la publication tout en se gaussant derrière ces affirmations « d’après une étude scientifique », « la science l’a prouvé »… Vous comprenez donc que citer des références n’est pas suffisant. On peut facilement induire le lecteur en erreur en lui donnant une fausse impression de sérieux !

Comment avoir un regard critique sur les études lues ?

Faire de la bibliographie oui, mais en ayant un regard critique ! Mais alors, comment faire ?

Vous avez conscience qu’un article d’un magazine de mode sur un sujet scientifique n’aura pas la même valeur qu’un article d’un journal scientifique médical. Cependant il est moins aisé de faire la distinction entre deux études scientifiques. Il sera important de s’interroger notamment sur les niveaux de preuve.

Les niveaux de preuves
Nathalie Faggianelli, DFM formations. Premiers éléments d’études d’une publication

Comment juger ensuite de la validité d’une étude quand on n’est pas soi-même chercheur dans ce domaine précis ? Comment s’interroger sur la fiabilité des résultats ? Comment déceler un ton neutre d’un angle de vue volontairement biaisé ou encore relever des erreurs de design d’expérimentation ? de méthodologie ? des conclusions trop hâtives ? Il faut être capable d’analyser une publication, d’aller lire entre les lignes.

Analyser une publication
  1. Premiers éléments importants

Il est aussi nécessaire de s’interroger sur le processus de publication scientifique. Le fameux adage « publish or perish » décrivant la triste réalité du chercheur, poussé à publier pour obtenir un poste, une prime ou une subvention pour son laboratoire, et ce au niveau mondial. Il est important d’avoir conscience des biais, du manque d’intégrité scientifique et des fraudes pouvant exister dans le milieu de la recherche. Cela demande de se questionner sur la compréhension de la méthode scientifique, des analyses statistiques, de la reproductibilité des résultats. 

Formation Biblio Pratik par Nathalie Faggianelli

Faire une bonne étude bibliographique permet de dégager un consensus en mettant en regard des publications et en restant critique vis-à-vis de ses lectures. Cela demande une certaine rigueur et méthodologie pour la réaliser correctement.

Nous avons donc souhaité vous donner des clés pour développer cet esprit critique et réaliser des recherches de qualité efficacement. Cette nouvelle formation chez DFM vous apportera des outils pour attester de la fiabilité et tangibilité des sources utilisées et ainsi mettre en valeur votre travail. Vous aurez des clés pour analyser la qualité d’une étude, savoir où chercher vos sources bibliographiques et vous poser les bonnes questions. Pour les personnes réalisant des mémoires universitaires, écrivant des livres, un chapitre sera consacré à la méthode et outils pratiques pour écrire votre bibliographie sans perdre de temps.

Un focus sera aussi fait sur les sources et ressources utiles en phytothérapie – micronutrition.

Vous serez en mesure de déterminer par exemple comment juger du bénéfice-risque d’une molécule, rechercher les interactions possibles entre une plante-complément et médicament, et de prendre votre décision de l’usage de l’actif à l’aulne des dernières recherches pour vous permettre d’améliorer votre prise en charge et de gagner en assurance.  

Nathalie Faggianelli, Docteur en Biologie, Naturopathe, Phyto-aromatologue

 

Biblio Pratik

Science, méthodologie, publication pour légitimer nos pratiques

Place des analyses avec la vision Hormon’holistiK par Guénaëlle Abéguilé

En tant que praticien en santé fonctionnelle, je reçois régulièrement ce genre de demande de la part d’individus inconnus : « Madame, que pensez-vous de mes analyses biologiques ? » ; « Que dois-je faire pour améliorer ma biologie ? ».

Ma réponse est toujours la même : « Je n’en sais rien ».

Cette réponse est alors souvent perçue comme de la rétention d’informations, voire de l’incompétence.

En termes d’analyses fonctionnelles, je reste persuadée que cette réponse est la seule à être juste et que toute autre réponse est au mieux, approximative, au pire, preuve de notre incompétence et risque de conduire à des conseils inefficaces, voire contre-productifs !

J’ai choisi d’illustrer ma réponse dans mon domaine de prédilection : l’hormono fonctionnelle. Ceci est toutefois applicable à l’ensemble des autres analyses fonctionnelles.

Pourquoi interpréter une biologie sans connaître le contexte peut-il conduire à des conseils contre-productifs ?

Prenons l’exemple d’un dosage d’hormones ovariennes : œstradiol, progestérone, ainsi que leur donneur d’ordre, les hormones hypophysaires FSH et LH.

Une femme me tend sa biologie afin de connaître mon avis.

1re erreur de ma part : je regarde son analyse. En effet, peu importe ce que j’y vois, je lui répondrai la même chose : « Je n’en sais rien ».

Son œstradiol est à 350 pg/ml et sa progestérone à 1,5 ng/ml. On serait tenté de dire : « Ici, c’est clair, il y a un fort déséquilibre œstroprogestatif en faveur des œstrogènes ! ». On imagine alors une femme avec de belles courbes féminines, mais souffrant de syndrome prémenstruel avec mastodynie, rétention d’eau, maux de tête, irritabilité, etc…

Je poursuis ma lecture, je vois la LH à 35 UI/L et la FSH à 10. Lorsque le rapport LH/FSH est supérieur à 1, il y a risque d’excès d’androgènes. En effet, la LH pousse les ovaires à produire de la testostérone tandis que la FSH favorise l’expression de l’enzyme qui les convertit en œstradiol. Ainsi, lorsque le rapport LH/FSH est élevé, le rapport testostérone/œstradiol devrait également l’être. On imagine alors cette femme également très androgénique qui pourrait souffrir de chute de cheveux, d’acné et de pilosité excessive. Elle doit être insulinorésistante, car l’insuline augmente la LH ! BINGO, en regardant l’analyse, je sais tout sur cette femme qui me tend l’analyse biologique : elle doit avoir un ventre gras (insulinorésistante), des seins volumineux (hyperœstrogéniques) et poilus, être chauve et pleine de boutons (hyperandrogénique)… Je regarde alors la personne au bout de ce bras qui me tend cette biologie… et découvre une jeune femme qui ne correspond pas du tout à ce que me dit sa biologie.

Que dois-je penser ?
  • Elle porte une culotte ultra gainante, à subit une réduction mammaire et possède un super fond de teint ultra couvrant, tout en restant ultra naturel ?
  • Je n’ai pas tout compris aux analyses biologiques ?

Pour interpréter une analyse biologique, de nombreux renseignements au sujet du patient ainsi qu’une bonne connaissance de la physiologie sont indispensables ! En aucun cas, il n’est possible d’interpréter une analyse sans ces informations capitales !

Je prends alors un peu de recul et lui pose la question :

À quel moment du cycle avez-vous fait cette analyse biologique ?

En effet, l’équilibre œstroprogestatif n’est interprétable que 7 jours après l’ovulation, lorsque la progestérone est à son maximum !

Elle me répond avoir fait son analyse 21 jours après le 1er jour des règles.

J’ai appris que la femme ovule à J14.  L’analyse étant faite à J21, elle a donc bien ovulé 7 jours avant.

BINGO ! L’analyse est bien interprétable, mes hypothèses sont bonnes !

Je peux lui dire qu’elle souffre d’un déséquilibre œstroprogestatif et certainement d’une hyperandrogénie. Je lui demande alors la marque de son fond de teint !

Pour ne pas en rester là, je lui propose des stratégies de prise en charge. Pour son déséquilibre œstroprogestatif, je lui donne des conseils pour abaisser sa production d’œstrogènes et je lui recommande également des plantes progestatives à prendre en deuxième parti du cycle.

Pour son rapport LH/FSH augmenté responsable de son hyperandrogénie bien camouflée, je suspecte la responsabilité de l’insuline, je lui conseille alors de réduire ses charges glycémiques.

Fière de moi, je me dis qu’elle a eu de la chance de croiser mon chemin… Je poursuis également le mien, la tête haute direction Séphora.

Pourquoi ce fond de teint n’aura pas l’effet escompté ?

En rentrant de chez Séphora, j’applique ce fond de teint, qui chez moi n’a pas du tout le même effet.

Je me dis :

  • Cette femme doit faire de la rétention d’informations, elle ne veut pas partager ses secrets de beauté.
  • J’accepte l’idée de ne pas maîtriser totalement le sujet et je me remets en question.

Je prends mon téléphone et l’interroge davantage sur son cycle. Ses cycles sont réguliers, mais de 35 jours. Je comprends alors qu’elle n’avait pas encore ovulé lors de son analyse biologique ! Elle a fait l’analyse en période préovulatoire ! L’interprétation est alors complètement différente ! L’ovulation nécessite un pic de LH, qui lui-même nécessite un pic d’œstradiol. Les valeurs d’œstradiol et de LH élevées indiquaient simplement que cette femme était en train de préparer son ovulation ! Ceci explique aussi alors que sa progestérone était basse. Je comprends que, lorsqu’elle m’a demandé mon avis, j’aurai dû lui répondre « je n’en sais rien » ! Je lui aurai évité d’acheter des compléments inefficaces, voire contre-productifs, et je n’aurai pas acheté ce fond de teint !

Avec mes conseils pour abaisser sa production d’œstrogène, je risque alors de la mettre en hypoœstrogénie et d’altérer davantage son cycle !

Que dois-je alors retenir de cette expérience ?
  • Cette femme n’est pas normale, car elle ovule à J21-22
  • On m’a appris n’importe quoi à l’université : une femme n’est pas un robot qui pond à J14

OK, je commence à comprendre la nécessité d’interpréter les analyses biologiques en fonction de la période du cycle.

Malgré la preuve de mon incompétence, elle n’est pas rancunière, et souhaite toujours avoir mon avis sur sa biologie.

Afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs, je m’intéresse davantage à elle et l’interroge sur ses signes cliniques. Elle souffre en effet de syndrome prémenstruel (SPM). Avant chaque menstruation, elle a mal aux seins et prend 2 kg d’eau. Je sais que ces signes cliniques traduisent un déséquilibre œstroprogestatif. Je lui conseille alors de refaire un dosage d’œstradiol et progestérone, non pas à J21, mais 7 jours après son ovulation. Je lui explique comment reconnaître son ovulation.

(Pour en savoir plus sur l’observation du cycle, je vous invite à regarder cette vidéo, et à lire cet article.)

Quelque temps plus tard, elle revient avec sa biologie. Elle a bien perçu son ovulation et a effectué son analyse 7 jours plus tard.

Avec ses signes cliniques, j’imagine son dosage œstradiol au plafond.  Surprise : il n’est qu’à 150 pg/ml !

J’avais anticipé cela. En effet, nous savons qu’une hormone ne peut jamais être considérée seule ! Elle est toujours à interpréter en fonction des autres hormones avec lesquelles elle interagit. En l’occurrence, la progestérone contrebalance les effets des œstrogènes. Ainsi, un syndrome prémenstruel (SPM) est lié au déséquilibre œstroprogestatif qui provient soit d’un excès d’œstrogènes, soit d’un déficit de progestérone. Ici, les œstrogènes sont normaux bas, j’imagine alors que son SPM est lié à un défaut de production de progestérone.

Nouvelle surprise, la progestérone est excellente à 20 ng/ml : digne d’une ovulation de compet’ !

L’analyse biologique ne va donc pas du tout dans le sens que j’avais imaginé ! Il n’y a clairement pas de déséquilibre œstroprogestatif  !

Que vous dites-vous :

  • Son SPM : c’est clairement dans sa tête !!!
  • Je ne maîtrise visiblement pas tout… Je cherche à comprendre ce qui pourrait expliquer que cette femme souffre de SPM malgré cette biologie.
Qu’est-ce qui pourrait alors expliquer cette discordance clinique/biologique ?

Nous savons maintenant qu’il existe des discordances entre le statut biologique hormonal et l’impact des hormones sur nos tissus. Nous parlerons alors de la notion d’imprégnation hormonale. Celle-ci est le reflet de l’effet de nos hormones sur les tissus cibles. L’imprégnation hormonale est bien sûr dépendante de la quantité d’hormone, mais pas que. La quantité d’hormone n’est qu’un facteur favorisant l’imprégnation hormonale parmi de nombreux autres ! Ainsi, toute discordance entre la clinique et la biologie doit nous interroger sur ces autres facteurs.

L’imprégnation hormonale est une notion beaucoup plus fonctionnelle, plus globale, plus réaliste que la simple notion de quantité identifiable à la biologie.

Revenons à notre cas clinique : quels sont les paramètres pouvant augmenter l’imprégnation en œstrogène ?

Outre le déficit de progestérone, déjà éliminé, les autres facteurs influençant l’imprégnation œstrogénique sont :

  • Les transporteurs hormonaux :

Le dosage d’œstradiol correspond au taux total d’œstradiol : c’est-à-dire à la quantité d’hormones liées à leurs transporteurs additionnée des hormones libres, non transportées.  Seule la fraction hormonale libre est active !  Il est alors intéressant de vérifier si le taux de transporteur n’est pas abaissé, ce qui expliquerait que la fraction libre active soit augmentée et pourrait donc être responsable de cette forte imprégnation œstrogénique.

Le dosage SHBG est ici de 70 nmol/L, ce qui est tout à fait optimal. L’hypothèse pour cette femme est rejetée.

  • La sensibilité des récepteurs :

Vous savez que nous ne réagissons pas tous de la même manière à l’insuline ? Certains patients doivent produire 3 fois plus d’insuline que d’autres pour normaliser leur glycémie !

Pour les autres hormones, c’est pareil !

Nous sommes tous plus ou moins sensibles à chaque hormone. Concernant les œstrogènes, les raisons sont multiples, parmi lesquels : les polymorphismes génétiques, l’inflammation, le statut en iode, en progestérone…

En poussant l’enquête, nous découvrons que cette femme à un très fort déficit en iode ! Sa iodurie indique 20 ug/L ! Ceci explique une hypersensibilité aux œstrogènes !

BINGO !!! En normalisant le statut en iode, nous la rendrons moins sensible aux œstrogènes ! Ainsi même si sa production hormonale reste identique, sa clinique peut être considérablement améliorée !

Le raisonnement commence à être plus satisfaisant, nous commençons à percevoir la différence entre le taux d’hormones produites et la notion d’imprégnation hormonale. Après avoir repéré une discordance entre la clinique et la biologie, mais nous avons trouvé une explication. La carence en iode, serait-elle la seule responsable ?

Lorsque nous repérons un responsable, nous faisons souvent l’erreur de penser que cette dernière explique l’ensemble des dysfonctions. Sauf exception, les dysfonctions sont toujours plurifactorielles. Rares sont les cas où un paramètre est dans le rouge et l’ensemble des autres dans le vert. La plupart du temps, nous aurons quelques paramètres verts, quelques autres rouges, mais la grande majorité dans l’orange. Il est alors judicieux d’évaluer l’ensemble des critères pouvant être responsables de la dysfonction repérée. Poursuivons alors notre enquête.

Quels autres facteurs peuvent augmenter l’imprégnation œstrogénique ?

  • Évaluation des autres ligands des récepteurs aux œstrogènes :

Les œstrogènes ne sont pas les seules molécules à se fixer sur leurs récepteurs. En effet, les perturbateurs endocriniens oestrogénomimétiques tels que les bisphénols, les phtalates, les pesticides ont également la capacité à activer ces récepteurs. L’analyse biologique ne reflète absolument pas ce paramètre ! Seule l’enquête du mode de vie pourra valider cette hypothèse.

Les œstrogènes de synthèse de la pilule contraceptive ne sont pas en reste. L’éthinylestradiol de la pilule se fixe en effet sur les récepteurs aux œstrogènes et les active bien plus fortement que nos propres œstrogènes. Pourtant, la biologie de votre patiente sous pilule contraceptive indiquera un taux d’œstradiol très bas. Rappelons que la femme sous pilule contraceptive est exposée à un puissant perturbateur endocrinien oestrogénomimétique, cancérogène de 1re catégorie (pour le cancer du sein, utérus, foie/VB). Voici encore un bel exemple de la nécessité d’interpréter les analyses avec beaucoup de recul !

D’autres types de ligands peuvent à l’inverse moduler les récepteurs aux œstrogènes, il s’agit des phytoœstrogènes contenus dans les végétaux. Leurs modes d’action sont complexes, ils sont phytoœstrogènes dépendants, aliments dépendants, statut hormonal dépendant, microbiote dépendant.

La patiente ne prend pas de pilule, fait attention aux perturbateurs endocriniens, mange bio. En revanche, elle consomme peu de végétaux riches en phytoœstrogènes modulateurs, je lui conseille alors d’en consommer davantage.

  • La détoxication des œstrogènes :

Enfin, suivant notre bagage génétique, épigénétique, notre exposition aux polluants, notre statut micronutritionnel, notre fonction thyroïdienne, nous ne détoxiquons pas nos œstrogènes de la même manière. La détoxication hépatique se fait en 2 phases.

Au niveau de la première phase de détoxication, certaines femmes fabriquent beaucoup de molécules intermédiaires, très œstrogéniques (les 16 OH œstrones), d’autres parviennent difficilement à les conjuguer au niveau de la 2e phase. Enfin, certaines gèrent très bien ces 2 phases, mais possèdent un microbiote qui favorise la recapture des œstrogènes qui étaient sur la voie de l’élimination.

Notre enquête clinique, complétée de certaines investigations biologiques, peut parfaitement compléter le bilan. Dans ce cas clinique, la phase 2 ainsi que la phase d’élimination se passaient bien. En revanche, lors de la phase 1, la patiente synthétise beaucoup de 16 OH œstrones. En effet, son rapport 2/16 OH est abaissé. Je lui administre alors une phytothérapie adaptée favorisant la voie du 2OH œstrones (molécules intermédiaires protectrices peu œstrogéniques).

Pour résumer ce cas clinique 

Cette femme souffrait de déséquilibre œstroprogestatif. Son analyse hormonale postovulatoire indiquait que les responsables n’étaient ni un excès d’œstrogènes ni un déficit de progestérone. Cette discordance clinique/biologie nous invite alors à explorer les autres facteurs augmentant l’imprégnation œstrogénique. Parmi ceux-ci, nous avons repéré chez la patiente un défaut de modulation des œstrogènes par insuffisance de consommation de phytoœstrogènes, une hypersensibilité des récepteurs aux œstrogènes par déficit d’iode, et un trouble de la détoxication conduisant à la synthèse de molécules intermédiaires hyperœstrogéniques. On comprend donc que les recommandations effectuées n’auront rien à voir avec ce que nous avions fait en première intention suite à l’interprétation biaisée de la 1re analyse ! Seule la prise en charge causale sera efficace. Elle permettra alors de faire disparaître le syndrome prémenstruel de cette femme. Elle bénéficiera également d’effets secondaires collatéraux : optimisation de la fonction thyroïdienne, protection hépatique, et même prévention de l’apparition d’un cancer hormonodépendant.

Ce cas clinique illustre bien la vision globale à développer lors de l’investigation fonctionnelle d’une analyse biologique.

Lorsque le praticien répond « je n’en sais rien » à une personne qui lui demande d’interpréter sa biologie en dehors d’une consultation, ce n’est en aucun cas de la rétention d’informations ! Cette réponse fait preuve au contraire de compétence. Les mécanismes qui sous-tendent l’équilibre hormonal sont tellement complexes, qu’ils ne peuvent en aucun cas être identifiables à l’analyse biologique seule.

Si vous ne souhaitez pas un praticien qui pense que vous cachiez vos boutons derrière un fond de teint, n’acceptez pas un praticien qui vous fait croire qu’il a la solution à vos problèmes après avoir jeté un œil à votre biologie.

Guénaëlle Abéguilé, Consultante et formatrice en santé fonctionnelle – Cofondatrice de DFM Formations

 

Evènement à ne pas manquer !

Une légende indienne pour comprendre l’immunité et la santé fonctionnelle… Par Bruno Mairet

Héritage pasteurien oblige, nous avons une vision de la lutte contre les maladies infectieuses très manichéenne, dualiste : le bien contre le mal, une guerre acharnée entre les microorganismes (virus, bactérie) d’un côté et le système immunitaire de l’autre. Cette conception très simpliste qui date du 19e siècle s’est bien ancrée dans nos croyances au 20e avec les stratégies vaccinales. Inutile de démonter combien elle perdure aujourd’hui dans les stratégies médicales mainstream. Or, la science, la vraie (pas celle que l’on agite dans les médias pour faire passer certaines pilules… enfin pas vraiment la pilule si vous voyez ce que je veux dire) depuis près de deux décennies, a littéralement révolutionné notre vision de l’immunité. Une fois n’est pas coutume, pour expliquer ce concept moderne de l’immunité, je vais parler comme un vieux sage ! 

Connaissez-vous la légende indienne « Les 6 aveugles et l’éléphant » que l’on retrouve déjà dans un texte bouddhique datant de 500 ans av. J.-C. ? Vous pourrez en trouver une version complète ici.  Comme je suis un sage un peu moderne et surtout pressé (!), je vais vous en donner une version « post » !

C’est l’histoire de 6 hommes aveugles, mais très instruits et curieux qui décident pour la première fois de rencontrer un éléphant. Lors de cette rencontre, chaque homme touche une partie différente de l’éléphant et arrive à une conclusion concernant sa nature. Le premier qui touche le flanc décrète qu’un éléphant est comme un mur. Le second qui touche une défense est certain qu’un éléphant est comme un sabre. Le troisième qui saisit la trompe l’identifie avec un serpent. Pour le quatrième qui s’empare de l’oreille, nul doute un éléphant est comme une grande feuille. Pour le sixième qui prend à bras le corps une jambe, un éléphant ressemble à un arbre. Enfin, pour que le sixième qui attrape la queue, la réalité d’un éléphant est proche d’une corde. Des discussions vives s’en suivent alors et l’apaisement entre les 6 hommes ne sera dû qu’à l’arrivée d’un sage qui confirmera à chacun la véracité de sa découverte, et les encouragera à une mise en commun de leur savoir pour une juste vision de la nature d’un éléphant.   

Transposons cette fable à notre sujet de l’immunité ! Depuis 20 ans, les sciences biologiques ont complètement révolutionné la vision de l’être humain et au passage ont questionné la nature de l’immunité. Qu’est-ce donc que cette capacité biologique d’une complexité inimaginable* ? Nous avons, six aveugles, médecins ou scientifiques, qui s’approchent de l’immunité et en touche une partie.

Le premier aveugle est immunologiste et fort du fait que ce sujet est sa discipline, il décline son savoir énorme sur les cellules de l’immunité et leurs très complexes interactions, ainsi que les dizaines de substances, appelées cytokines qui participe de la communication de ce système. Il pourrait d’ailleurs avoir écrit ce livre qui traduit bien la complexité de ce système.

Le deuxième est gastroentérologue, il est convaincu que l’immunité se forge au cœur de l’intestin dans un système complexe qu’il appelle l’écosystème intestinal.

Le troisième est endocrinologue, il argumente sur le fait que lorsque ses patients sont en hypothyroïdie ou très stressés (cortisol très élevé) ils montent des faiblesses immunitaires.

Le quatrième est chercheur-généticien. Pour lui, une grande partie de nos capacités immunitaires (forces et faiblesses) se retrouvent dans les gènes à travers ce que l’on appelle des polymorphismes fonctionnels.

Le cinquième est psychiatre. Comme le troisième, « il palpe, il capte l’immunité » à travers son expérience clinique. Si mes patients sont déprimés, explique-t-il aux cinq autres aveugles, ils sont beaucoup plus vulnérables aux infections.

Le sixième est un chercheur-gériatre, spécialisé dans la dénutrition et la sarcopénie. Pour lui, l’immunité est affaire de muscles. Cela ne fait aucun doute, un sénior sans muscles est un sénior à l’immunité faible.

Contrairement aux hommes de la légende indienne, ces différents aveugles, scientifiques ou médecins, pourraient se comprendre et s’entendre s’ils se retrouvaient et s’ils prenaient le temps de s’intéresser au savoir des autres. Car leurs savoirs sont universels (publiés) et ils peuvent se comprendre mutuellement.

Mais bizarrement personne, aucun sage, ou presque, « ne les encourage à une mise en commun de leur savoir pour une juste vision de la nature de l’éléphant (immunité) » !

Dans la société d’aujourd’hui confrontée à une épidémie, seul le point de vue de l’aveugle immunologiste est considéré !! (Et encore, son savoir très complexe est ultra-simplifié pour être utilisé commercialement). Qu’en est-il du savoir des autres aveugles pour nous donner une juste vision de l’immunité.**

En médecine ou santé fonctionnelle, nous essayons face aux pathologies que nous abordons d’être ce sage qui invite à intégrer un savoir global, systémique : une vision de l’éléphant avec les différents points de vue des aveugles !

Ainsi par exemple, une dépression est approchée et considérée avec le point de vue :

  • De l’aveugle-gastroentérologue : lien intestin cerveau 
  • Mais aussi avec le point de vue de l’aveugle-endocrinologue : une bonne fonction thyroïdienne – encore elle – est importante pour de bonnes fonctions psychiques
  • De certains autres aveugles : comme un gynécologue qui nous apprend que la progestérone est un psychotrope naturel de la femme
  • De l’aveugle-généticien : des polymorphismes génétiques – MTHFR par exemple – jouent un rôle causal dans la dépression

Sans oublier bien sûr celui de l’aveugle spécialiste, le psychiatre… etc. …

C’est tout l’art de la médecine ou santé fonctionnelle d’essayer d’approcher cette complexité grâce à différents outils dont nous avons parlé dans un précédent article.  C’est la compréhension et l’utilisation de ces outils que nous apprenons dans les formations de DFM pour devenir ces « sages » qui « encourage à une mise en commun du  savoir pour une juste vision de la nature d’un éléphant » !!

Bruno Mairet, Consultant et formateur en santé fonctionnelle – Cofondateur de DFM Formations

 

*J’emploie souvent ce terme pour parler des fonctions biologiques. On me l’a fait remarquer ! Ce n’est pas qu’une façon de parler. La pensée humaine n’est pas capable (inimaginable) de comprendre les systèmes biologiques. Leur complexité est telle qu’une nouvelle science, la biologie systémique, approche la description des systèmes biologiques grâce aux mathématiques et à des modélisations numériques très poussées. Grâce à ces outils, elle peut au mieux actuellement, effleurer cette complexité du vivant ! Alors quand on entend affirmer que tout est sous contrôle avec des processus de thérapies expérimentales, que l’on sait exactement ce que l’on fait, de deux choses l’une : soit c’est de l’ignorance, soit des mensonges impardonnables…

** j’ai essayé d’intégrer les points de vue des 6 aveugles dans mon livre « Défendez-vous, contre les infections, taillez-vous une immunité sur mesure »

 

 

Pour vous former en ce sens :

 13 jours de formation sur 10 mois. Avec Guénaëlle Abéguilé et Bruno Mairet. Pour voir les dates sur Rennes et Paris, cliquez sur le lien ci-dessous.

54 vidéos pour un tarif de 2150 € (soit une remise de 190€). Des quizz pour chaque vidéo + support de formation PDF téléchargeable. L’achat d’un module vous donne accès un groupe Facebook privé.

Glaire cervicale : témoin de l’équilibre hormonal féminin – Intérêt de cet outil d’observation du cycle en santé fonctionnelle par Guénaëlle Abéguilé

La glaire cervicale (encore appelée mucus cervical) est produite au niveau du col de l’utérus.

Ça ne vous évoque rien ?

Mais si, c’est ce qui est régulièrement appelé… « pertes blanches ». J’en vois certaines d’ici faire la grimace… En effet dans l’inconscient collectif, ces sécrétions, on ne peut plus physiologiques, sont perçues comme quelque chose de sale, de honteux… Le mythe est largement entretenu par le tabou autour de nos fluides corporels et par les vendeurs de protège-slips !!!!

Je m’engage dans cet article, à faire de vous des femmes fières de votre mucus cervical ! Vous rentrerez alors dans le gang des « décomplexées de la glaire ».

L’observation de la glaire est un outil extrêmement précieux, que j’intègre au quotidien dans mes consultations d’hormono et de fertilité en santé fonctionnelle. Elle nous donne de précieuses indications sur l’imprégnation hormonale de la patiente.

Glaire cervicale : quelques précisions s’imposent

Les œstrogènes fluidifient la glaire tandis que la progestérone l’assèche.

Ainsi, l’observation du mucus cervical nous donnera de précieuses informations sur le statut hormonal de la femme.

Les hormones évoluent en fonction du cycle. La glaire subira alors en permanence leur influence. Ceci entraînera des modifications de sensation à la vulve perceptibles par la femme. Nous utiliserons l’observation de la glaire comme témoin de l’équilibre hormonal de la femme.

Contrairement aux analyses biologiques qui permettent d’évaluer la situation à l’instant T, la femme qui sait s’observer pourra nous renseigner sur son statut hormonal jour après jour, cycle après cycle. Cet outil lui permettra alors d’évaluer sa période de fertilité, et donc d’optimiser ses chances de concevoir ou au contraire, d’éviter une grossesse. Une femme qui s’observe, pourra également identifier les événements perturbant son ovulation : stress, activité physique, médication, alimentation, fatigue, perturbation des biorythmes, infections, inflammation… Ce feedback en temps réel permettra à la femme d’adapter son mode de vie en fonction de ses sensibilités et/ou des périodes de son cycle.

Savoir identifier son ovulation permet à la femme de savoir dans quelle phase du cycle elle est : phase folliculaire avant l’ovulation, phase lutéale après l’ovulation. Ces différentes phases sont caractérisées par des imprégnations hormonales différentes. Elle comprendra alors l’influence que ses hormones ont sur son humeur, son comportement, sa forme physique, son équilibre psychique, ses compétences sportives… Ainsi, elle pourra optimiser ses performances physiques et psychiques en programmant ses activités en fonction des phases du cycle. Pour exemple, elle favorisera ses entraînements à forte intensité en période péri-ovulatoire et les entraînements plus endurants pendant la phase lutéale. Elle fera naître ses projets créatifs en fin de phase folliculaire et les concrétisera en phase lutéale… Comprendre et vivre avec son cycle au lieu de lutter contre celui-ci permet à la femme de mieux se comprendre, d’être plus tolérante envers elle-même, de renouer avec sa personnalité et de vivre pleinement sa vie de femme.

La plupart des femmes ont une vision altérée de leur cycle, en effet, elle l’assimile bien souvent à la période péri-menstruelle. Cette phase n’est pas toujours agréable pour la femme : apparition de syndrome prémenstruel (douleurs aux seins, irritabilité, troubles digestifs, fatigue, rétention d’eau…), règles douloureuses, abondantes… La femme aura alors tendance à tenir ses hormones responsables de ces désagréments. Ainsi, elle sera tentée de faire taire ses cycles à l’aide d’une pilule contraceptive.

Remettons le responsable à sa juste place : ce ne sont pas les hormones qui sont en cause de ces désagréments, mais le déséquilibre hormonal. Cette nuance à une importance capitale. En effet, ces signes cliniques sont la partie émergée de l’iceberg. Ils nous informent de la présence d’une dysfonction. À nous, praticien en santé fonctionnelle, d’utiliser ces symptômes comme signe d’alerte et de remonter au(x) coupable(s). La prise en charge causale permettra de faire disparaître ces troubles tout en respectant la physiologie de la femme. Ainsi, elle profitera pleinement de ses formidables hormones naturelles le plus longtemps possible !

Pour en savoir plus sur l’intérêt du cycle physiologique et le rôle des hormones féminines sur la santé, je vous invite à lire mon article : « J’ovule donc je suis. »

Quels genres d’informations la femme observant sa glaire peut-elle nous apporter lors des consultations en santé fonctionnelle ?

La femme qui s’observe avec des outils tels que la glaire cervicale pourra nous alerter en cas de troubles hormonaux. Ses observations nous apporteront de précieux indices sur les responsables de ses troubles : hyper ou hypo-œstrogénie ? dysovulation ? Insuffisance de progestérone ? Type de saignement ? ….

La recherche de la cause des troubles constitue l’objectif numéro 1 de notre investigation en santé fonctionnelle. Ainsi, cet outil d’observation des cycles vient s’ajouter à nos outils d’investigation cliniques et biologiques. La patiente devient alors une véritable actrice de cette mission.

Ce n’est pas tout. La patiente qui se prête au jeu sera en mesure de reconnaître son ovulation, elle pourra alors réaliser les analyses biologiques au bon moment du cycle et prendre ses compléments alimentaires, plantes ou hormones bioidentiques au moment le plus physiologique. Gage de réussite dans nos prises en charge.

Que se passe-t-il pendant la phase folliculaire ?

Lors de la phase folliculaire, les œstrogènes montent progressivement. Ceux-ci offrent à la femme une belle énergie, de la motivation, des envies, des projets, de l’assurance, une bonne libido, une belle puissance physique et intellectuelle. Cette âme de guerrière, c’est l’effet œstrogène ! Ces hormones sont à leur maximum autour de l’ovulation. Ovulation power !!! Comment ne pas vouloir la conserver !

Au fur et à mesure de la montée des œstrogènes, la femme ressentira une glaire de plus en plus présente. Ses sensations à la vulve vont évoluer jusqu’au jour sommet (encore appelé jour pic) : le jour où la glaire est la plus fluide/glissante/abondante (ces caractéristiques dépendent des méthodes utilisées). Son jour sommet sera alors identifié le lendemain de celui-ci, par l’apparition d’une glaire moins présente voir absente à la vulve.

70 % des femmes ovulent le jour pic (ou sommet) et 30% la veille ou le lendemain de celui-ci. Cette observation est alors un outil précieux pour que la femme puisse identifier son ovulation.

Que se passe-t-il pendant la phase lutéale ?

Après l’ovulation, la femme rentre dans la phase lutéale. Le follicule devient un corps jaune sécrétant de la progestérone.

Cette hormone est une puissante régulatrice hormonale. Elle module l’action des œstrogènes, des androgènes, module la synthèse de prolactine et favorise la conversion des hormones thyroïdiennes inactives en hormones actives. Grâce à la progestérone, donc à l’ovulation, tous les excès sont tamponnés. Elle favorise également l’apaisement en activant la synthèse de sérotonine et les récepteurs GABA. La femme qui produit suffisamment de progestérone est alors zen, sereine, organisée.

Pendant cette phase du cycle, sous l’effet de la progestérone, la glaire cervicale s’asséchera par 2 mécanismes : elle épaissit la glaire ce qui obstrue le col de l’utérus et elle active les poches de Shaw à l’entrée du vagin qui aspirent la glaire. Ainsi, à la vulve, la femme se sentira sèche pendant cette période du cycle.

Pourquoi identifier ces différentes phases ?

Contrairement à ce que l’on apprend dans les livres ou même dans les cursus universitaires, la femme n’ovule pas forcément à J14 !

Connaitre la période ovulatoire permet tout d’abord d’optimiser ses chances de conception ou au contraire d’éviter une grossesse. Attention, cet article n’a pas pour prétention de remplacer les formations proposées par les instructrices des méthodes d’observation du cycle ! En effet, pour que ces méthodes soient efficaces en tant que méthode contraceptive, il est indispensable de se former !

Dans ma pratique de praticien en santé fonctionnelle, cet outil me permet de repérer des dysfonctions ovulatoires ainsi que les troubles et déséquilibres hormonaux. Ces méthodes permettent à la femme d’effectuer les analyses hormonales au bon moment du cycle et d’optimiser la prise en charge en utilisant les plantes à visée hormonale pendant la phase adéquate.

Intérêt de l’observation du cycle dans l’évaluation de l’équilibre hormonal féminin

En consultation, nous sommes amenés à recommander des analyses 7 jours après l’ovulation. Seules les femmes sachant « s’observer » sont en mesure de les effectuer au bon moment du cycle. Nous sommes alors en possession d’analyses hormonales très pertinentes.

Classiquement, les analyses biologiques hormonales post-ovulatoires sont demandées à J21. Ceci est lié au fait qu’on estime que le cycle dure 28 jours et que la femme ovule à J14. Les dosages de progestérone et d’œstradiol post-ovulatoire sont pertinents lorsqu’ils sont à leur maximum, c’est-à-dire 7 jours après l’ovulation. Cependant, seuls 30% des femmes ovulent à J14. Les 70 % restantes auront alors effectué leurs analyses un peu ou beaucoup trop tôt ou trop tard.

Imaginons une femme vous consulte pour un syndrome prémenstruel. Elle se plaint de tensions mammaires et de rétention d’eau avant les règles. Vous savez que le responsable de ce type de trouble est le déséquilibre oestroprogestatif. En revanche, ces signes cliniques ne vous disent pas si ce déséquilibre provient d’un excès d’œstrogènes ou d’un déficit de progestérone. L’analyse biologique post-ovulatoire vous apportera des informations complémentaires.

Vous lui conseillez alors un dosage de ces 2 hormones à J21. Le résultat vous indique une progestérone à 4 ng/ml. Vous vous dites : « Bingo ! Elle manque de progestérone, d’où son déséquilibre oestroprogestatif. » Vous lui proposez alors des plantes progestatives ou de la progestérone bioidentique. Ce qui vous échappe, c’est que cette femme a ovulé à J9 ! Son dosage de progestérone effectué à J 21, soit 12 jours après l’ovulation ne pouvait être que bas !!! Vous auriez fait l’analyse à J16 (7 jours après son ovulation), vous auriez peut-être trouvé une progestérone parfaite à 22 ng/ml, mais des œstrogènes explosés !!!! Donc oui, il y a bien un déséquilibre oestroprogestatif, mais vous le saviez déjà avec la clinique… En revanche, le responsable n’est absolument pas le manque de progestérone, mais c’est l’excès d’œstrogènes !!! On comprend que la prise en charge ne sera pas la même ! Pour faire disparaître les symptômes de la patiente, vous devez, non pas augmenter la progestérone qui est parfaite, mais moduler les œstrogènes ! Sans cette considération, votre prise en charge sera un échec.

C’est le même type de scénario pour les femmes qui ovulent plus tardivement. Si elle ovule à J22 et que vous faites le dosage à J21, vous trouverez des œstrogènes explosés (ce qui peut être tout à fait physiologique, car elle prépare son ovulation.), et une progestérone effondrée (puisqu’elle n’a pas encore ovulé). Cette femme aura pourtant peut-être une ovulation de compet’ qui ne nécessitera aucune intervention, mais celle-ci serait uniquement objectivable à l’analyse effectuée à J29 !

Intérêt des outils d’observation du cycle dans nos prises en charge en santé fonctionnelle

Pour corriger les troubles hormonaux chez la femme en période d’activité génitale (de la ménarche à la ménopause), nous sommes amenés à proposer des compléments alimentaires et/ou de la phytothérapie et/ou des hormones bioidentiques (pour les médecins) à certaines périodes du cycle. La femme se basant sur le calendrier prendra les plantes conseillées pour la période préovulatoire de J1 à J14 et pour la période post-ovulatoire de J15 à J28. Dans le cas où cette femme ovulerait à J9, elle prendrait alors des plantes prévues pour la phase folliculaire alors qu’elle est déjà dans la phase lutéale entre J9 à J14 ! De la même manière, si elle ovule à J19, elle prendra ses plantes ou traitements conseillés pour la phase lutéale alors qu’elle sera toujours en phase folliculaire. La prise en charge a alors peu de chance d’être efficace, pire encore, elle pourrait altérer son ovulation ou même l’empêcher, ce qui est susceptible d’aggraver ses troubles.

En conclusion

L’observation de la glaire par la femme constitue un outil à part entière dans nos investigations en santé fonctionnelle. La femme qui pratique une méthode d’observation du cycle devient actrice à part entière dans notre enquête à la recherche des causes maîtresses de ses troubles. Elle nous apportera de précieuses informations nous permettant d’identifier et de quantifier les troubles. Elle nous fournira également de nombreux indices nous conduisant à l’identification des coupables. La femme pourra effectuer ses analyses hormonales et prendra ses compléments, phyto et/ou hormones bioidentiques aux moments du cycle les plus pertinents, dans le respect de la physiologie. La prise en charge sera alors optimale. Ses observations lui permettront également d’avoir un feed-back direct sur l’efficacité de la prise en charge.

En dehors de ceci, les méthodes d’observation du cycle permettent de mieux se connaitre en tant que femme, de se reconnecter avec son corps et de percevoir toute la magie que nos hormones nous apportent.

Pour les décomplexées de la glaire convaincues qui souhaiteraient en savoir plus, je vous invite à vous procurer le livre de Marion Vallet et Dr Sophie Saab-Tsnobiladzé : « cycle féminin au naturel »

Guénaëlle Abéguilé, Consultante et formatrice en santé fonctionnelle – Cofondatrice de DFM Formations

Pour aller plus loin :

Un outil d’évaluation clinique de la qualité de l’ovulation et de prise en charge thérapeutique

Pratik Fonctionnelle en Hormono Médicale

Les outils d’investigation du praticien en santé fonctionnelle (1re partie) Par Bruno Mairet

Vous êtes praticien de santé intéressé par l’état d’esprit de la santé fonctionnelle, mais vous connaissez finalement assez mal ce qu’elle promet.

Ou bien vous êtes patient et vous avez entendu parler de la santé fonctionnelle, mais vous n’avez que peu d’idées de ce que va vous proposer le praticien que vous envisagez de consulter.  De quoi s’agit-il ? Santé fonctionnelle, est-ce un autre nom pour la naturopathie ? Est-ce uniquement basé sur de la nutrition ? Va-t-on essentiellement rechercher vos carences et vous proposer des vitamines et des minéraux (des micronutriments) ?

Qu’est-ce que la santé fonctionnelle ? Découvrir ses outils à travers cet article va vous permettre de mieux comprendre cette démarche. Mais il me faut avant cela vous dire quelques mots sur ses objectifs. C’est en effet une approche fonctionnelle de la maladie. Définissons donc d’abord ce mot « fonctionnel ». 

La médecine traditionnelle aborde le corps humain (et donc le patient) à travers un découpage d’organe. Ainsi, suivant l’organe touché par le ou les symptômes vous aurez rendez-vous avec le cardiologue, le neurologue,  l’urologue, le dermatologue…   En santé fonctionnelle, nous approchons le corps humain (et donc le patient) à travers un découpage fonctionnel. De quoi s’agit-il ? Pour être en bonne santé, le corps humain doit accomplir de grandes fonctions physiologiques et biochimiques (suivant les praticiens, ces grandes fonctions sont appelées piliers ou axes fonctionnels) : fonctions digestives, fonctions de détoxification, fonctions immuno- inflammatoires, fonctions métaboliques, fonctions neuropsychiques, fonctions hormonales. Or ce qui est essentiel à comprendre c’est que la réalisation d’une fonction par notre organisme n’est pas limitée (cantonnée) à un organe. La fonction digestive par exemple, ne concerne pas (loin de là !) que les organes digestifs ! Peuvent être impliqués dans une santé digestive : les fonctions neuropsychiques (qui n’a pas expérimenté l’impact de ses émotions, de son anxiété sur son estomac et son intestin !) ; les fonctions hormonales (par exemple, il y a un fort impact des hormones thyroïdiennes, des œstrogènes, du cortisol sur les fonctions digestives), les fonctions immuno-inflammatoires (un terrain inflammé va potentiellement exacerber certaines dysbioses intestinales)… Le praticien en santé fonctionnelle ne traite pas des pathologies d’organes (c’est le travail du médecin qui peut être indispensable dans certaines situations), mais il apprend à comprendre, à investiguer et à réharmoniser des fonctions. C’est un véritable métier, très spécifique, pour lequel il faut maitriser des outils « fonctionnels ». Découvrons-les maintenant.

Les outils d’investigations fonctionnelles

Bien évidemment avant d’envisager la prise en charge d‘un patient  (en lui proposant des « actions thérapeutiques » avec des outils d’intervention, qui répondent à sa plainte) il faut en tout premier lieu réaliser un bilan sur sa situation et son « identité fonctionnelle » en recueillant de nombreuses informations. En santé fonctionnelle, nous appelons cela une investigation car il s’agit véritablement d’une démarche logique, méticuleuse et scientifique. Une enquête à la recherche de preuves, d’indices, et de « témoignages » que l’on recoupe entre eux pour, au final, mettre le doigt sur une ou plusieurs dysfonctions, « coupable(s) » de la souffrance du patient !

  • Outil n°1 : le bilan clinique fonctionnel

L’investigation clinique en santé fonctionnelle est très structurée. C’est notre outil de base. Il s’agit d’investiguer avec un interrogatoire clinique détaillé les différentes fonctions évoquées ci-dessus. Quel que soit le motif de consultation, le praticien investiguera toujours l’ensemble des grands piliers fonctionnels. Prenons le cas d’un patient avec de gros troubles digestifs (dyspepsie, constipation, douleurs chroniques…). Nous évaluerons la fonction digestive (axe ou pilier digestif) avec de nombreuses questions spécifiques à la digestion, au transit, aux douleurs, aux spasmes intestinaux… Puis nous investiguerons toutes les autres fonctions avec systématiquement les mêmes séries de questions. C’est une étape de « découpage fonctionnel » indispensable (une analyse fonction par fonction). À la fin de ce bilan clinique vient une étape de synthèse fonctionnelle réalisée par le praticien. Il s’agit de faire des liens entre les différentes dysfonctions repérées. Dans notre cas patient, l’investigation de la fonction hormonale aura révélé une dysfonction thyroïdienne (fatigue, frilosité, perte de cheveux…). Le praticien la mettra en lien avec les altérations de la fonction digestive (une hypothyroïdie ralentit la sécrétion des sucs digestifs). Il y aura peut-être beaucoup d’autres liens fonctionnels…  Le tableau d’enquête ci-dessus est une bonne illustration de ce à quoi le praticien devrait arriver à l’issue de son bilan fonctionnel : des hypothèses, des suspects, des liens compromettants… Partant de là, il va pouvoir utiliser (si besoin) son 2e outil pour valider son raisonnement, préciser les degrés d’influence, appeler à la barre certains témoins, etc…

  • Outil n°2 : les analyses biologiques fonctionnelles

Le laboratoire, c’est l’outil des « experts » de la santé fonctionnelle ! Nous parlons ici d’analyses biologiques (sang, urine, salive, selle…) qui sont pour la plupart peu connues des médecins s’ils ne sont pas spécifiquement formés (elles ne leur sont pas enseignées pendant leurs études de médecine). Ces analyses, réalisées souvent en laboratoire spécialisé, sont recommandées par le praticien à la suite du bilan clinique, pour investiguer plus avant telle ou telle fonction. Il faut savoir que pour chacune des grandes fonctions il existe plusieurs dizaines d’analyses possibles. C’est un répertoire que le praticien doit bien connaitre. Il doit savoir quelle analyse utiliser, dans telle ou telle situation, pour valider ses hypothèses,  retrouver une pièce à conviction, prouver une complicité… Reprenons notre cas patient. Étant donné le motif de consultation intestinal, on peut s’attendre (et le patient en premier lieu) à ce que notre praticien investigue l’intestin avec des analyses spécifiques à cette fonction. Mais il surprendra peut-être son patient en investiguant plutôt les hormones thyroïdiennes, les micronutriments nécessaires à la fonction thyroïdienne (fer, sélénium, zinc, iode, vitamine A…), le cortisol et certaines analyses spécifiques du terrain inflammatoire…  À l’issue de ces analyses peut-être désignera-t-il des carences profondes en fer, iode et zinc (bingo le patient est végan !) à l’origine d’une hypothyroïdie, elle-même à l’origine d’une dysfonction digestive multiforme ! 

  • Outil n°3 : la génétique fonctionnelle

C’est un outil « d’expert » qui bien souvent ne sera pas utilisé au tout début de l’investigation. Le praticien pourra cependant y faire appel pour expliquer des « faits » qui restent non résolus malgré son enquête méticuleuse (avec les deux premiers outils). Grâce à des analyses très simples à réaliser (prélèvement salivaire), on part à la recherche de caractéristiques génétiques spécifiques sur certains gènes  (on parle de polymorphisme) qui vont altérer certaines fonctions (ce sont des tests très connus et pratiqués aux USA). Il ne s’agit pas de rechercher une maladie génétique (mutation à l’origine d’une hémochromatose, mutation à l’origine de mucoviscidose, mutation à l’origine de déficit de coagulation – facteur V de Leiden –  etc…), car ceci est un domaine très spécifique qui est du ressort de la médecine. On reste dans le domaine de la santé fonctionnelle, en investiguant les gènes d’un point de vue… fonctionnel ! Il s’agit d’une démarche de génétique fonctionnelle. Reprenons notre cas patient. Malgré un soin tout particulier apporté à la thyroïde par le praticien, une des hormones thyroïdiennes du  patient (la T3) reste toujours plutôt basse faisant persister des symptômes. La mise en évidence d’une dysfonction d’un gène (appelé polymorphisme de l’enzyme DIO2 dans ce cas) va permettre d’expliquer cette anomalie de « synthèse » de l’hormone T3. Bien sûr, on ne pourra pas dans cette situation modifier ce gène  (une caractéristique génétique c’est pour la vie,  sauf thérapie génique réservée à des protocoles encore – et peut-être pour toujours – expérimentaux), mais on aura malgré tout des réponses thérapeutiques adaptées à cette découverte (on ne fait aucune investigation qui n’a pas comme finalité l’amélioration clinique du patient).

On constate combien il aura fallu ainsi investiguer en profondeur pour pointer du doigt cette dysfonction. On est loin ici du coupable tout désigné initialement : l’intestin ! Avec cette conclusion que je vous présente, vous n’échapperez  pas sans doute à la tentation de penser que les outils d’analyses (biologiques et génétiques) sont les clefs principales du praticien en santé fonctionnelle. Aussi il n’est pas inutile de bien remarquer combien toute cette technicité (outil n°2 et n°3) s’appuie en fait sur un parfait bilan clinique initial (outil n°1). Dans notre cas patient, si le praticien passe à côté de la dysfonction thyroïdienne dans son investigation clinique initiale, toute « l’enquête » peut prendre une direction différente avec le risque de mauvaises inculpations (avec en conséquence probable, un patient non guéri) !! L’investigation clinique reste donc la pierre angulaire du praticien en santé fonctionnelle, même s’il dispose également d’outils de pointe !

  • Outil n° 4 : l’observation du cycle féminin

C’est un outil qui peut être très puissant pour investiguer et comprendre des dysfonctions hormonales féminines. C’est aussi un outil très particulier puisque dans ce cas c’est la patiente qui va faire les observations à la demande du praticien (pas de laboratoire dans ce cas !). Suivant la méthode utilisée, la patiente sera amenée à évaluer la qualité de sa glaire cervicale, et/ou à relever sa température corporelle : ainsi c’est elle qui réalise « l’analyse » même si c’est le praticien qui l’interprètera. Une des idées maitresses de cette observation est d’apprendre à la patiente à repérer son ovulation, moment clef dans le cycle féminin. C’est autour de ce point pivot fonctionnel que tout s’articule. Nous aurons alors des informations précieuses sur la durée, mais aussi la qualité de la phase folliculaire, sur la durée et la qualité de la phase lutéale, sur la qualité ovulatoire et sur l’équilibre oestroprogestatif. Grâce à cet outil, le praticien peut mieux prendre en charge les dysfonctions ovulatoires et les troubles associés (SOPK, endométriose, syndrome prémenstruel…). Mais en tant qu’outil fonctionnel, il permet plus généralement d’investiguer la sphère hormonale féminine si importante dans les consultations de santé fonctionnelle. Il permettra notamment au praticien de faire réaliser des dosages d’hormones sexuelles et/ou de proposer les compléments, plantes ou hormones bioidentiques au bon moment du cycle.

Reprenons notre cas patient… ou plutôt patiente. Au bilan clinique (investigation de la fonction hormonale), le praticien avait suspecté un déséquilibre oestroprogestatif. L’analyse biologique réalisée au bon moment du cycle (grâce à l’outil d’observation) permet de confirmer et de quantifier ce déséquilibre qui avait peut-être été suspecté par l’observation du cycle. Or, ce déséquilibre oestroprogestatif peut affecter les hormones thyroïdiennes ! Ceci explique pourquoi les symptômes de cette patiente se manifestaient davantage avant ces menstruations (phase du cycle où ce déséquilibre oestroprogestatif est le plus patent ! Cet outil de gynécologie fonctionnelle  a ainsi servi à mieux cerner le trouble digestif initial !  À nouveau cette démarche nous montre combien la recherche des causes fonctionnelles nous éloigne parfois beaucoup des organes sur lesquels se manifestent les effets.

Et cerise sur le gâteau : avec la santé fonctionnelle il y aura beaucoup de bénéfices collatéraux qui vont se manifester lors de la prise en charge de la cause (contrairement aux médicaments qui provoquent souvent des dégâts collatéraux !). Car si la plainte initiale de notre patiente était l’intestin, les bénéfices d’un réglage hormonal thyroïdien et oestroprogestatif seront énormes pour sa santé globale !

Comme vous l’avez compris, tous ces outils d’investigations font l’objet d’une expertise très pointue qui nécessite des formations spécifiques. DFM formations à l’ambition de former des praticiens en santé maitrisant ces 4 outils.

La deuxième partie de cet article présentera les outils d’interventions de la santé fonctionnelle.

Bruno Mairet, Consultant et formateur en santé fonctionnelle – Cofondateur de DFM Formations

Pour aller plus loin :

Une formation diplômante de 13 jours répartis en 6 modules. Avec Guénaëlle Abéguilé et Bruno Mairet. Disponible en, présentiel à Paris ou Rennes, en E-Learning ou Classe virtuelle.

Un outil d’évaluation clinique de la qualité de l’ovulation et de prise en charge thérapeutique

Intolérant à tout, tolérant à rien, le point de vue de la santé fonctionnelle : Et si c’était les surrénales ? par Guénaëlle Abéguilé

En tant que praticien en micronutrition, j’imagine que vous rencontrez souvent des patients qui ne tolèrent plus rien ! « Je ne sais plus que manger, tout me rend malade ». Nausées, ballonnements, diarrhées, constipations, vomissements, maux de tête, fatigue, peu importe ce qu’ils ingèrent, plus rien ne passe, tout provoque souffrance et désespoir.

Ils cumulent alors tout type de régime d’éviction. Ils commenceront souvent par éliminer le gluten, ils ressentiront un soulagement, mais les troubles digestifs ne tarderont pas à revenir. Et si c’était le lactose ? Et c’est au tour de l’éviction des produits laitiers ! De la même façon après une période de répit, les troubles reviendront. Ils seront certainement de plus en plus fréquents et de plus en plus invalidants.  Surfant sur le net à la recherche de solutions, à la lecture des différents témoignages, ils chercheront L’aliment ou LE composant de l’aliment dont l’éviction fait des miracles. Et si c’était l’histamine ? Les lectines ? Les FODMAPs ? C’est ainsi que ces patients parviendront à éliminer un peu près tout de leur alimentation…

S’en suit de la fatigue liée aux carences provoquées par ces régimes toujours plus restrictifs, des dysfonctions métaboliques, endocriniennes, neuropsychiques, dysimmunitaires…

Ces patients en mode survie recherchent désespérément des solutions à leurs problèmes. En errance médicale, ils font partie des incompris de la médecine. C’est dans ce cadre qu’ils parviennent dans votre cabinet.

Que lui proposerez-vous pour le soulager ? Ne serait-il pas mieux sans oxalates ? Sans sulfites ? Allez-vous de nouveau leur proposer un énième régime d’éviction ? Des compléments alimentaires ? Vous remarquerez d’ailleurs que ces patients tolèrent généralement très peu de compléments.

Et si l’aliment n’était pas en cause ?

Avez-vous pensé à explorer les surrénales ?

Les surrénales sont des glandes endocrines qui sécrètent différentes hormones dont le fameux cortisol. Cette hormone couramment appelée « hormone du stress », car sécrétée en réponse au stress, est souvent perçue comme une hormone délétère.

Et pourtant le cortisol est l’hormone nous permettant de faire face au stress ! Il nous permet d’affronter toutes les situations la tête haute ! Ainsi, en cas de déficit de cortisol, nous ne sommes plus aptes à réagir face au stress, nous n’avons plus les ressources nécessaires pour le faire !  Cette situation se rencontre en cas de fatigue des glandes surrénales.

S’en suit une fatigue intense, des sensations d’épuisement, de confusion, un brouillard mental, une hypotension. Ces patients à bout de force ne parviennent plus à affronter les événements de la vie quotidienne. Le moindre imprévu, la moindre contrariété prend des proportions inimaginables, tout leur paraît insurmontable. « Je ne suis plus capable de…. ».

Fatigue surrénalienne – baisse de cortisol : Quel rapport avec les intolérances ?

J’y arrive ! Et vous verrez que les liens sont nombreux !!!!

Tout d’abord, en tant qu’anti-inflammatoire naturel, on comprend que lorsque le cortisol vient à manquer, le patient sera bien plus vulnérable aux inflammations. Ceci peut notamment contribuer à l’inflammation digestive.

De nombreux autres liens existent entre perte de tolérance digestive et fatigue surrénalienne. Une partie des explications se trouvent dans les mécanismes adaptatifs de régulation du cortisol.

Cortisol bas – tentative de régulation centrale :

Par principe homéostasique, lorsque les surrénales fatiguent et diminuent leur production de cortisol, l’organisme va tout faire pour réguler la situation.

Les surrénales s’endorment, le cerveau va tenter de les réveiller, de les booster afin qu’elles relancent leur production hormonale !

En langage plus physiologique : l’axe hypothalamo-hypophysaire, tour de contrôle du système endocrinien, va stimuler davantage les surrénales afin de leur donner l’ordre de remonter le cortisol. Pour ce faire, l’hypothalamus (qui contrôle l’hypophyse) va produire une forte quantité de CRH (Cortisol Releasing Hormone), qui à son tour stimulera la production d’ACTH au niveau de l’hypophyse (qui contrôle les glandes périphériques, dont les surrénales). L’ACTH pourra alors à son tour stimuler les surrénales. Mais…. C’est peine perdue… Les surrénales sont à plat… L’hypophyse a beau crier, les surrénales ne réagissent pas. Les réserves sont vides, le cortisol ne remonte pas : c’est la fatigue surrénalienne.

On se retrouve alors avec une CRH élevée et un cortisol qui reste bas.

Nous avons déjà vu qu’un taux de cortisol bas entraînait de nombreuses dysfonctions, mais à cela s’ajoute les désagréments provoqués par la montée de la CRH.

Quelles sont les dysfonctions entraînées par la hausse de la CRH ?

À haute dose, la CRH stimule la synthèse d’une hormone appelée somatostatine (ou GHIH pour Growth Hormone-Inhibiting Hormone). Cette hormone est connue pour inhiber l’hormone de croissance. Son action ne se limite pas à cela, la somatostatine est une hormone inhibitrice à large spectre.

Lorsqu’elle est en excès, elle va inhiber la TSH, l’hormone qui stimule la thyroïde. La TSH s’abaisse, la thyroïde est alors mise au repos, elle diminue sa production d’hormones thyroïdiennes. Le patient a donc une TSH basse malgré des hormones thyroïdiennes basses : c’est l’hypothyroïdie centrale. Le médecin qui persiste dans la croyance que la TSH est un bon marqueur du fonctionnement thyroïdien passera complètement à côté…. Cela dit, vous l’aurez compris, l’hypothyroïdie est ici une conséquence de la dysfonction maitresse : la dysfonction surrénalienne !

Les hormones thyroïdiennes étant essentielles à la digestion (notamment via la synthèse d’acide chlorhydrique gastrique ou bien encore via l’activation du péristaltisme intestinal), on comprend alors que ces patients se plaindront d’un défaut de vidange gastrique, de constipation, de lenteur digestive. À cela s’ajouteront bien entendu de nombreux autres signes cliniques caractéristiques de l’hypothyroïdie.

Ceci illustre parfaitement un des nombreux liens existants entre thyroïde et surrénales.

Pour comprendre davantage le fonctionnement thyroïdien, je vous invite à lire mon article intitulé « Hypothyroïdie, le point de vue de la santé fonctionnelle »

Et ce n’est pas tout, la somatostatine va mettre la pagaille au niveau de toutes les fonctions digestives :

Elle va inhiber les hormones produites au niveau du duodénum (1re partie de l’intestin grêle). Vous avez probablement entendu parlé de ces hormones : cholécystokinine (CCK), sécrétine et même la motiline. De doux noms pour de formidables hormones !

La sécrétine et la CCK, agissent en synergie pour permettre la synthèse et l’excrétion dans les voies digestives, de la bile et des sucs pancréatiques. Ainsi en cas de fatigue surrénalienne, les fonctions digestives biliaires et pancréatiques peuvent être grandement impactées.

Avec une insuffisance biliaire, impossible de digérer et d’absorber les graisses. Dès qu’il en consommera, le patient sera écœuré, barbouillé, ses selles deviendront collantes, salissantes.

Les sucs pancréatiques quant à eux digèrent absolument tout : glucides, lipides et protéines ! Ainsi les capacités digestives du patient seront très rapidement dépassées. Le patient diminuera ses rations et aura l’impression de digérer de moins en moins.

La motiline, quant à elle, permet entre autres d’activer le complexe moteur migrant (CMM). Ce dernier s’active à distance des repas, et permet de chasser les résidus alimentaires de l’intestin grêle. Ainsi les aliments ne stagnent pas, ils poursuivent leur chemin vers le colon. Ceci permet d’éviter un développement excessif des bactéries et donc de fermentation dans cette partie de l’intestin.

En cas de fatigue surrénalienne, il est donc probable que le patient se plaigne de ballonnements intenses et souvent douloureux rapidement après le repas. En effet, tous les facteurs sont réunis pour que les bactéries fermentent dans le grêle ! Pourquoi poursuivraient-elles leur chemin jusqu’au colon si les conditions sont optimales à leur développement en amont : pas de sécrétion biliaire corrosive, pas d’acide chlorhydrique déversé et plein d’aliments servis sur un plateau d’argent alors que dans le côlon elles devraient se satisfaire des « restes ». Vous l’avez reconnu : ceci fait alors le lit du… SIBO. Votre patient se sentira soulagé par les régimes sans FODMAPs, en revanche en aucun cas celui-ci ne résoudra la fatigue surrénalienne qui est ici la cause maitresse de tous ses problèmes.

Loin de moi de dire que tous les SIBO sont liés à des insuffisances surrénaliennes ! Cependant lorsque le tableau clinique est évocateur, il me semble essentiel de pousser l’investigation.

Pour clôturer cet article, terminons par expliquer un dernier lien, et pas des moindres, entre fatigue surrénalienne et troubles digestifs : l’histaminose

Le cortisol n’est pas qu’un anti-inflammatoire, c’est également une molécule antiallergique. Un des mécanismes d’action lui conférant cette propriété est sa fonction de « modulateur mastocytaire ». Les mastocytes sont les cellules immunitaires sécrétrices d’histamine. Cette dernière est libérée lorsque le mastocyte est activé. Cette activation peut être déclenchée par des antigènes alimentaires, des virus, les lectines, l’alcool, des médicaments comme la pilule contraceptive, les AINS, des myorelaxants… L’histamine libérée en quantité provoque alors différents types de symptômes caractéristiques des allergies tels que des démangeaisons, le nez qui coule, des rougeurs, les yeux et lèvres qui gonflent. L’histamine en excès peut également entraîner des signes neuropsychiques tels que de l’anxiété, des insomnies, de l’hyperexcitabilité ou bien encore des signes digestifs tels que des diarrhées, du reflux, des nausées, voire des vomissements.

Par ailleurs, en abaissant le seuil d’excitabilité neuronal, l’histamine en excès entraîne une hypersensibilité viscérale. Ainsi un stimuli censé ne pas déclencher de douleur peut être perçu comme douloureux pour les personnes ayant trop d’histamine. S’en suivent des douleurs abdominales, des spasmes.

Le cortisol permet de moduler l’activation des mastocytes et donc de diminuer leur sécrétion d’histamine. Ainsi, lorsque le cortisol vient à manquer, les mastocytes s’excitent pour un rien ! Ainsi le moindre stress, l’alcool, les lectines, le gluten ou autres antigènes alimentaires, vont entraîner un relargage excessif d’histamine. Bourré d’histamine, le patient remarquera alors que lorsqu’il suit un régime pauvre en histamine et en aliments activateurs des mastocytes, il se sentira soulagé. Il éliminera de nouveau de nombreux aliments de son assiette.

N’ayant pas traité l’origine de l’activation mastocytaire, ce répit ne sera que de courte durée. La cause maitresse étant, encore une fois, dans ce cas de figure, l’insuffisance surrénalienne. Tant qu’elle ne sera pas prise en charge, le cortisol restera bas et entraînera de nombreuses autres dysfonctions.

En résumé :

Nombreux sont nos patients en errance médicale qui souffrent de troubles non compris et surtout, non considérés. À la recherche de solutions, certains pratiquent des évictions alimentaires mettant en danger leur santé pour des résultats non satisfaisants.

En entraînant de multiples dysfonctions, telles que de l’inflammation, une hypothyroïdie, une histaminose, une altération de la synthèse et de l’excrétion des enzymes digestives,  l’insuffisance surrénalienne peut expliquer la perte de tolérance digestive de bon nombre de nos patients.

Seule, la mise en évidence clinique et biologique de la cause maitresse et sa prise en charge sera efficace. Elle permettra au patient de retrouver ses capacités digestives de manière pérenne.

Guénaëlle Abéguilé, Consultante et formatrice en santé fonctionnelle – Cofondatrice de DFM Formations

Pour allez plus loin :

Pilule contraceptive : Le point de vue de la santé fonctionnelle par Guénaëlle Abéguilé

Symbole de l’émancipation de la femme dans les années 60, perçue comme une évolution par les mouvements féministes, la pilule contraceptive respecte-t-elle véritablement la femme ?

Dans cet article, je vous expose mon point de vue de praticien en santé fonctionnelle.

Qu’est-ce qu’une pilule contraceptive ?

Pour faire simple, une pilule contraceptive est un médicament contenant des hormones de synthèse ayant pour but d’empêcher la conception.

Le type de pilule le plus couramment prescrit est la pilule oestroprogestative.

Comme son nom l’indique, elle contient un œstrogène de synthèse ainsi qu’un progestatif. Ces hormones de synthèse contenues dans la pilule ne sont pas les mêmes que les hormones que nous produisons naturellement au cours du cycle ovulatoire. Leurs structures biochimiques diffèrent sensiblement de leurs homologues naturelles. C’est la structure d’une molécule qui lui confère sa fonction. Nous comprenons alors que les fonctions des hormones de synthèse diffèrent de celles des hormones naturelles que notre organisme a apprivoisé depuis la nuit des temps.

En effet, l’éthinylestradiol, œstrogène de synthèse contenu dans la pilule contraceptive, ne peut pas se vanter de mimer les bienfaits santé des œstrogènes naturels ! De la même manière, les progestatifs (progestérone de synthèse) ne peuvent pas égaler notre formidable, notre bien-aimée, notre meilleure amie pour la vie, je nomme : la progestérone !

Par ailleurs, la pilule contraceptive inhibe l’axe hypothalamo hypophysaire, tour de contrôle du système hormonal, ce qui empêche la synthèse ovarienne de ces formidables hormones sexuelles naturelles. Je vous invite à lire mon article intitulé : « J’ovule donc je suis », pour mieux comprendre l’intérêt des hormones du cycle sur la santé.

Vous l’aurez compris, en bloquant le cycle ovulatoire, la pilule contraceptive prive la femme des effets santé des hormones sexuelles.

Pour quels motifs, la pilule contraceptive est-elle prescrite ?

Initialement prescrite pour la femme souhaitant éviter une grossesse, la pilule contraceptive est aujourd’hui prescrite pour toutes les indications possibles et imaginables :

  1. Régulariser les cycles
  2.  Arrêter les règles douloureuses
  3. Diminuer les règles abondantes
  4. Prévenir le syndrome prémenstruel
  5.  Anticiper (voire modifier) le jour des règles
  6. Arrêter les règles
  7. Corriger une anémie
  8. Traiter l’acné
  9. Détendre monsieur
  10. Rassurer la belle-mère….
Et alors, la pilule fonctionne-t-elle pour toutes ces indications ?

Avant de répondre à cette question, interrogeons-nous : Que signifie « fonctionner » ?

Est-ce que faire taire un symptôme est satisfaisant ? La femme qui a des règles douloureuses, abondantes ou un syndrome prémenstruel se verra très certainement soulagée par la pilule. Mais cette solution permet-elle de corriger les causes de ses troubles ? Et si ce n’est pas le cas, quelles en sont les conséquences ?

Les désagréments prémenstruels et les règles douloureuses et/ou abondantes proviennent généralement d’un déséquilibre oestroprogestatif (la femme est plus fortement imprégnée d’œstrogènes que de progestérone). En prenant une pilule, la femme va empêcher la sécrétion endogène des 2 hormones œstrogènes et progestérone. Il n’y a alors plus de sécrétion d’œstrogènes ni de progestérone, on se retrouve ainsi avec l’équation suivante : 0/0= 0. Il n’y a donc plus de déséquilibre oestroprogestatif !!

Les connaisseurs pardonneront cette vulgarisation approximative, car d’une part, toutes les pilules ne réduisent pas à zéro la production ovarienne d’œstrogènes et progestérone et d’autre part les ovaires ne sont pas les seules glandes à produire ces hormones….

Cependant, je suis ici bien plus dans le vrai que ceux qui disent que la pilule régularise les cycles !!!

Comment pourrait-elle régulariser quelque chose qu’elle fait ….. disparaitre !!!????

En privant la femme de ses hormones sexuelles, la pilule contraceptive ne traite pas l’origine des problèmes et fait le lit de nombreuses autres dysfonctions potentielles.

Donc faudrait-il laisser la femme souffrir ?

Bien sûr que non ! Les souffrances liées au cycle nous informent que quelque chose ne va pas !!! C’est un super message qui se doit d’être écouté et d’être considéré !

Prenons l’exemple des règles douloureuses. Celles-ci doivent nous interroger sur l’existence d’un déséquilibre oestroprogestatif. Nous devons alors investiguer ces différentes hypothèses :

  •  Y a-t-il ou non un déséquilibre oestroprogestatif en faveur des œstrogènes ?
  • Est-il lié à un excès d’œstrogènes et/ou à un déficit de progestérone ?
  • Quelles sont les causes de ce déficit ou de cet excès ?

Le traitement fonctionnel consistera à traiter l’origine du problème. En retrouvant l’équilibre entre œstrogènes et progestérone, les règles douloureuses vont disparaître et la femme pourra alors jouir des bienfaits des hormones du cycle !

Outre des règles douloureuses, ce déséquilibre peut également être responsable de syndrome prémenstruel, de règles abondantes et augmenter le risque de cancer hormono dépendant comme le cancer du sein, de l’utérus ou des ovaires.

Mais la pilule traite aussi les règles douloureuses !!!??

Il serait plus juste de dire que la pilule arrête les règles. Donc pas de règles = pas de douleurs !

Les saignements qu’a la femme au cours de la pause mensuelle de la pilule ne sont pas des règles, car il n’y a pas eu d’ovulation.

Quoi qu’il en soit, grâce à la pilule, la femme saigne sans avoir mal, mais la pilule ne traite en aucun cas les causes du déséquilibre oestroprogestatif.

Nous venons d’évoquer que les femmes souffrant de ce déséquilibre sont plus à risque de cancer hormono dépendant. Sachez que le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer) reconnait la pilule oestroprogestative comme cancérogène de 1re catégorie (plus haut niveau de preuve) pour les cancers du sein, utérus et foie/vésicule biliaire.

La solution proposée à ces femmes à risque est donc une véritable bombe à retardement !!

Libre à la femme de choisir la solution pilule, mais pas sans l’informer sur les conséquences de ce choix et sur les alternatives possibles pour traiter ses troubles !

Je vous invite à lire mon article intitulé : « règles douloureuses, que faire » pour mieux comprendre les règles douloureuses et les solutions physiologiques.

Et pour les autres motifs de prescriptions, la pilule ça marche ?

Reprenons les motifs un à un :

  • Contraception : oui ça marche, mais ce n’est pas très fiable en utilisation courante comme l’indique l’indice de PEARL.
  • Régulariser les cycles : Non ça ne régularise pas les cycles mais ça les fait disparaitre ! À l’arrêt de la pilule, les causes des cycles irréguliers sont toujours présentes et même souvent accentuées par les effets de la pilule !  Ça ne traite donc en aucun cas l’origine du problème.
  • Arrêter les règles douloureuses et les règles abondantes : Non, ça les fait disparaitre et n’en traite pas les causes.
  • Prévenir le syndrome prémenstruel : Pas de menstruation = pas de syndrome prémenstruel à proprement parler. En revanche lors de la pause mensuelle de la pilule, il y aura une chute d’hormones artificielles, pouvant reproduire les symptômes du syndrome prémenstruel : c’est ballot…
  • Anticiper (voire modifier) le jour d’arrivée des règles : Non, car elle fait disparaitre les règles… Mais anticiper ou modifier l’arrivée des saignements oui, c’est possible avec la pilule. Cela ne veut pas dire que la solution pilule est sans conséquences !
  • Corriger une anémie : Oui ça peut fonctionner, car on saigne moins abondamment. Il y a donc moins de perte en fer, mais des solutions physiologiques existent !!!!
  • Traiter l’acné : Suivant le type de progestatif utilisé dans la pilule, oui, ça peut marcher. En revanche, ces pilules dites « anti androgéniques », risquent de diminuer la libido et à l’arrêt d’accentuer l’acné. Cette solution risque aussi de masquer voire d’aggraver un trouble endocrinien appelé SOPK (Syndrome des ovaires polykystiques). Des solutions physiologiques existent également.
  • Détendre monsieur : S’il a besoin de ça pour se détendre…
  • Rassurer la belle-mère : Oui suivant la belle-mère ça peut marcher…. Vous pouvez aussi lui faire croire que vous la prenez ou lui envoyer cet article !
  • ….
Quelles sont les plaintes fréquentes des femmes sous pilule ?

Les plaintes les plus fréquentes sont la prise de poids et la baisse de libido. Mais de nombreux autres troubles peuvent être induits par la pilule tels que la fatigue, la déprime, l’anxiété, les migraines, les infections vaginales et urinaires. La pilule augmente également les risques de cancer du sein, de l’utérus et les troubles thromboemboliques…

Quels sont les déficits micronutritionnels induits par la pilule ?

La femme prenant la pilule sera sujette à des carences micronutritionnelles.

En effet, afin d’éliminer les hormones de synthèse, l’organisme surutilise le magnésium, les vitamines du groupe B (notamment B1, B2, B3, B6, B9, B12). Ces micronutriments sont indispensables à la synthèse énergétique, mais aussi à la synthèse des neurotransmetteurs responsables du bien-être. S’en suit alors de la fatigue, une plus grande vulnérabilité au stress, mais aussi des tensions musculaires, des réveils nocturnes….

Ces déficits induits limitent la capacité de détoxication hépatique. La patiente se retrouve alors à prendre une pilule dont elle ne pourra pas éliminer correctement les hormones. L’éthinylestradiol, œstrogène de synthèse ultra puissant contenu dans la pilule, va alors s’accumuler, favorisant le développement des cellules cancéreuses oestrogéno-dépendantes.

Les statuts en zinc, en sélénium, en coQ10, en glutathion, en vitamine E et C sont également diminués chez la consommatrice de pilule oestroprogestative. Ces micronutriments participent tous à limiter le stress oxydatif. La femme sous pilule est donc plus à risque de stress oxydatif, mécanisme co-responsable du vieillissement et de catabolisme accéléré, de défaut de cicatrisation, de pathologies neurodégénératives, cardiovasculaires et de cancer. Ceci est encore plus évident lorsque l’on sait que les statuts en cuivre explosent chez ces femmes. Le cuivre en excès est pro-oxydant, ce qui va aggraver le phénomène.

Un déficit de zinc et un excès de cuivre entrainent un déséquilibre Zinc / Cuivre en faveur du cuivre. Ce déséquilibre favorise les troubles neuropsychiques et les risques de démence.

Quels sont les effets de la pilule sur le système endocrinien ?

La pilule contraceptive a été créée dans le but de perturber le fonctionnement ovarien. En signalant au cerveau qu’il y a une certaine quantité d’œstrogènes et de progestérone de synthèse, l’axe hypothalamo-hypophysaire bloque le cycle. Il abaisse alors la sécrétion des hormones stimulant les ovaires (appelées FSH et LH), les ovaires sont ainsi au repos.

C’est l’effet recherché. Recherché, ne veut pas dire sans conséquences, car, vous l’aurez compris, les hormones ovariennes sont très bénéfiques pour notre santé physique et psychique, et les hormones de synthèse ne miment pas ces effets ! (article “J’ovule donc je suis”).

L’effet perturbateur endocrinien de la pilule (appelons un chat un chat), ne se limite pas au système ovarien. Le fonctionnement hormonal est une machinerie incroyablement complexe où toutes les hormones sont en interactions permanentes. Il est donc illusoire de croire que l’on peut bloquer l’ovulation sans conséquences plus globales.

La pilule contraceptive est un perturbateur endocrinien à large spectre !!

L’éthinylestradiol contenu dans la pilule entraine une augmentation de la synthèse hépatique de SHBG (Sexe Hormone Binding Globuline). Cette SHBG est le transporteur des œstrogènes, il n’est donc pas étonnant que l’apport d’œstrogènes méga puissants entraîne une augmentation de son transporteur ! En revanche la SHBG ne transporte pas que les œstrogènes ! Elle transporte également nos hormones masculines, notamment la testostérone ! La fraction d’une hormone transportée n’est pas active. Ainsi, plus il y a de transporteurs, moins nous sommes imprégnées de l’hormone. La pilule contraceptive entraine donc une baisse de la testostérone active, la forme libre, non transportée. Là vous allez vous dire : chouette ! Je suis une femme, pas besoin de testostérone ! C’est bien mal vous connaitre ! Car la testo, mesdames, nous rend plus confiantes, plus sûre de soi, favorise la prise de décision, les projets et elle améliore grandement la libido ! Elle a également des intérêts métaboliques, osseux, cardio-vasculaires. Il n’y a donc pas que les hormones féminines qui ont de supers pouvoirs ! On comprend alors que la femme sous pilule peut voir sa libido diminuée, voir disparaitre, mais aussi perdre en confiance, en assurance, etc…

Bien que la pilule soit censée impacter uniquement le fonctionnement ovarien, ses actions ne s’arrêtent pas là. À l’image du nuage de Tchernobyl, la pilule contraceptive n’a pas de frontière. Elle ne perturbe pas que les hormones sexuelles. Elle possède également le pouvoir de perturber le fonctionnement thyroïdien et surrénalien !!

En effet, la prise de pilule contraceptive va également entraîner une augmentation de la synthèse des autres transporteurs hormonaux : Le TBG (transporteurs des hormones thyroïdiennes) et le CBG (transporteur des d’hormones surrénaliennes).

Plus de transporteurs = Moins d’hormones libres actives.

Il y aura donc moins d’hormones thyroïdiennes libres, ce qui peut conduire à une hypothyroïdie par excès de transporteurs. Rappelons aussi que la synthèse des hormones thyroïdiennes nécessite du sélénium, du zinc, du coQ10, du magnésium et que ces micronutriments sont tous déplétés par la pilule ! Enfin, la pilule favorise la synthèse de T3 reverse, hormone s’opposant à l’action des hormones thyroïdiennes.

En résumant l’impact de la pilule sur le fonctionnement thyroïdien, on retrouve :

  • Défaut de synthèse d’hormones thyroïdiennes (à cause des déficits de Sélénium, CoQ10, Zinc et magnésium induits)
  • Baisse de la fraction libre active (liée à l’augmentation du TBG)
  • Excès d’hormone parasite T3R (lié au défaut de conversion des hormones thyroïdiennes)…

Autant vous dire que la thyroïde est mise à rude épreuve et que l’hypothyroïdie est extrêmement courante sous pilule !

Ceci peut expliquer les prises de poids et les fatigues si fréquentes sous pilules et contribue également à la baisse de libido, les dysbioses, ou les baisses de moral également souvent rencontrés.

Pour mieux comprendre le fonctionnement thyroïdien, je vous invite à lire mon article intitulé « Hypothyroïdie : le point de vue de la santé fonctionnelle »

De la même façon, le transporteur CBG (transporteur du cortisol) étant également augmenté, la pilule contraceptive peut entrainer une baisse du cortisol libre pouvant aggraver à peu près tous les signes cliniques et toutes les dysfonctions endocriniennes évoquées…

Alors, pilule or not pilule ?

Vous et vous seule pouvez faire votre choix. En revanche, avoir accès à l’information est nécessaire pour éclairer votre choix.

Cancérogène de 1re catégorie, perturbateur endocrinien à large spectre, médicament responsable de nombreuses carences micronutritionnelles, contraception pas si efficace et médicament ne respectant pas ses promesses pour traiter les troubles du cycle….

Avez-vous été informée de ceci lorsque l’on vous a proposé la pilule ? Cette information aurait-elle pu modifier votre choix ?

Vous souhaitez contribuer à la diffusion de ces informations capitales ? N’hésitez pas à partager cet article !!

Et surtout, parlez-en à votre belle-mère !

Guénaëlle Abéguilé, Consultante et formatrice en santé fonctionnelle, cofondatrice de DFM formation

Hypothyroïdie : Le point de vue de la santé fonctionnelle par Guénaëlle Abéguilé

Les hormones thyroïdiennes régulent à elles seules la quasi-totalité de nos fonctions : fonctions digestives, microbiotales, métaboliques, thermorégulation, reproduction, immunoinflammatoires, neuropsychiques… Elles permettent même la régulation de l’équilibre hormonal dans sa globalité.

Les troubles de la fonction thyroïdienne vont alors altérer la santé du patient dans son ensemble et peuvent être responsables de très nombreux signes cliniques diverses et variés.

L’hypothyroïdie est pourtant largement sous-estimée dans notre population.

Pour cause, son évaluation repose essentiellement sur le dosage de la TSH. Pourtant de nombreuses situations expliquent une absence de relation entre le taux de la TSH et le taux d’hormones thyroïdiennes.

Ces patients hypothyroïdiens à TSH normale ne vivent pas à leur plein potentiel.

De par la diversité des actions des hormones thyroïdiennes, l’hypothyroïdie peut prendre de nombreux visages différents, ce qui ne facilite pas le diagnostic.

 Quand évaluer la fonction thyroïdienne?

De par la fréquence des troubles thyroïdiens et leur impact sur l’ensemble des fonctions de l’organisme, il me semble nécessaire de procéder à une évaluation clinique de la thyroïde pour tous nos patients. Celle-ci sera complétée d’une investigation biologique que si la clinique est évocatrice.

Quels sont les signes cliniques à rechercher ?

Les signes cliniques qui doivent nos orienter vers une hypothyroïdie sont diverses et variés. Nous pouvons retrouver :

  • Une prise de poids ou une difficulté à la perte de poids
  • Une frilosité, des extrémités froides, voire un syndrome de Raynaud
  • Une fatigue, souvent plus importante le matin. Une sensation d’être au « ralenti »
  • Une perte de cheveux diffuse, parfois une perte de la queue du sourcil
  • Une constipation, des reflux, une lenteur digestive, des ballonnements
  • Une peau sèche (tout particulièrement au niveau des tibias)
  • Une baisse de libido, de l’hypofertilité, des fausses couches
  • Des œdèmes autour des yeux, des doigts et des pieds (plus présents le matin)
  • Une coloration jaune-orangée de la paume des mains, plante des pieds ou du voile du palais

Nous pourrions ajouter de nombreux signes cliniques, mais plus nous en ajoutons, plus nous perdons en spécificité.

La spécificité, là est le problème! Vous pouvez constater qu’aucun signe clinique n’est pathognomonique de l’hypothyroïdie. En effet, les causes de prise de poids, de troubles digestifs ou de fatigue sont nombreuses… Il est donc nécessaire d’aborder le patient avec un certain recul, dans sa globalité et de s’interroger  pour  savoir si ce signe peut être révélateur d’une autre dysfonction.

C’est tout l’art de la démarche fonctionnelle en micronutrition.

Lorsque la clinique est évocatrice, elle doit être complétée d’une investigation biologique. Bien que l’investigation clinique prime sur la biologie, cette dernière s’avère indispensable pour quantifier l’importance de l’hypothyroïdie, pour permettre d’objectiver l’impact de la prise en charge et surtout pour identifier les causes biologiques de l’hypothyroïdie, celle qui nous permettront d’élaborer la prise en charge fonctionnelle.

Comment évaluer la fonction thyroïdienne par la biologie ?

Faire doser la TSH ?

Face à toute suspicion d’hypothyroïdie, la haute autorité de santé recommande de faire le dosage de la TSH.

La TSH n’est pas une hormone thyroïdienne mais une hormone produite par le cerveau, au niveau de l’hypophyse. On évalue alors la fonction thyroïdienne de manière indirecte.

La TSH à pour but de stimuler la production d’hormone thyroïdienne par la thyroïde elle-même lorsque ces hormones viennent à manquer. On comprend alors la logique : Les hormones thyroïdiennes baissent, le cerveau reçoit l’information, en retour l’hypophyse augmente sa production de TSH pour normaliser la situation. S’en suit alors une augmentation de la production d’hormone thyroïdienne et donc une régulation de la TSH… Donc, en partant de ces constats, lorsque les hormones thyroïdiennes sont basses  (hypothyroïdie) la TSH monte et lorsque les hormones thyroïdiennes sont hautes (hyperthyroïdie) la TSH baisse.

Jusque-là tout va bien.

Mais en réalité, il existe de nombreuses situations où la TSH ne reflète pas le statut en hormones thyroïdiennes !

Dans quelle situation peut-il avoir discordance entre TSH et hormones thyroïdiennes ?

 Ces tableaux sont loin d’être rares. Citons :

  • L’hypothyroïdie centrale : dans cette situation, l’hypophyse n’est plus en mesure de synthétiser de la TSH. La TSH baisse et la thyroïde n’est plus stimulée, les hormones thyroïdiennes viennent alors à manquer…On aura alors une hypothyroïdie à TSH basse !
  • La normalisation de la TSH par des hormones thyroïdiennes non actives : Nous verrons plus loin que seule l’hormone thyroïdienne T3 est active. Cependant elle n’est pas la seule à normaliser la TSH. La T4, pré-hormone, non active exerce également le rétrocontrôle sur la TSH. On peut donc avoir une TSH normale avec un taux de T4 « inactive » normale et un déficit de T3 active. Il y a encore hypothyroïdie (par déficit de T3) à TSH normale.
  • Cette même situation se retrouve avec un excès de T3 reverse, qui exerce également un rétrocontrôle sur la TSH. Nous en reparlerons plus loin.
  • La résistance à la TSH : les récepteurs à la TSH répondent plus difficilement à la présence de l’hormone, ainsi pour normaliser la synthèse d’hormones thyroïdiennes, l’hypophyse synthétise plus de TSH. Dans cette situation, on peut alors avoir un patient normothyroïdien à TSH haute.

On comprend alors que la TSH n’est pas un bon marqueur du fonctionnement thyroïdien.

Ce bilan doit être complété à minima par le dosage des hormones thyroïdiennes.

Quelles sont les hormones thyroïdiennes ?

La thyroïde fabrique de la T4 en quantité et un peu de T3. La T4 est une hormone très peu active, pour être fonctionnelle, elle nécessite d’être convertie en T3 par les tissus périphériques (notamment foie et rein).

De quoi avons-nous besoin pour convertir la T4 en T3 ?

En plus d’avoir des organes périphériques fonctionnels (foie, rein…), il faut avoir des enzymes de conversion fonctionnelles dans un environnement optimal.

Je m’explique :

Les enzymes qui interviennent dans la conversion de T4 en T3 sont appelées les désiodases. La principale intéressée est la 5’desiodase  de type D2. Elle se charge d’enlever un atome d’iode à la T4 (4 atomes d’iode) pour en faire de la T3 (3 atomes d’iode).

Il existe de grandes variations au niveau de la fonctionnalité de ces enzymes. Une des causes de ces variations d’activité est génétique. Certains de nos patients ont hérité d’une mauvaise version du gène par un ou deux de leurs parents, ainsi ils ont une enzyme plus ou moins fonctionnelle, et une aptitude à convertir la T4 en hormone active plus ou moins importante.

Ce n’est pas tout, comme pour toute opération biochimique, ces enzymes doivent être dans un environnement optimal.

Un environnement optimal nécessite notamment que ces enzymes aient à leur disposition tous les micronutriments nécessaires à leurs fonctionnements. Il en faut de nombreux, mais les principaux concernés sont le sélénium et le zinc. Ces micronutriments sont alors pertinents à faire doser en cas de défaut de conversion de T4 en T3.

Un environnement optimal c’est aussi l’absence d’éléments perturbateurs pour le fonctionnement de l’enzyme en question. Citons par exemple l’importance de la gestion du stress, de l’absence des métaux lourds, tout particulièrement le mercure, le plomb et le cadmium ou encore l’absence de déficit énergétique.

Mais alors la T4 ne sert à rien ?

La T4 est une hormone considérée comme non active (bien que ce concept ne soit pas tout à fait juste), mais son dosage est nécessaire. En effet, en tant que « pré-hormone » de la T3, il faut s’assurer que la synthèse de la T4 soit suffisante pour permettre une bonne réserve de précurseur de l’hormone active. En cas d’hypothyroïdie par manque de T3, le dosage de T4 permettra de savoir si l’optimisation de la conversion T4 en T3 suffira à normaliser la T3 ou s’il semble également nécessaire d’optimiser le réservoir.

De quoi avons-nous besoin pour fabriquer de la T4 ?

 La T4 est fabriquée à partir de la tyrosine, un acide aminé. Il faut donc des apports journaliers protéiques suffisant pour assurer les besoins. 4 atomes d’iode sont nécessaires à la synthèse de la T4. Une évaluation de l’iode dans les urines (iodurie de 24 h ou du matin si le patient n’urine pas la nuit) permettra d’évaluer le statut et d’individualiser les apports au besoin. Les carences d’iode sont encore aujourd’hui extrêmement fréquentes même chez les mangeurs de poissons et crustacés. Croyez mon expérience de praticien Bretonne, avec des patients ostréiculteurs….

Une T3 « normale » me permet d’exclure une hypothyroïdie ?

Et bien non plus…

Ouvrons tout d’abord le sujet de la « normalité ». Est-ce qu’être dans la norme est satisfaisant ? Ne faisons pas durer le suspense, la réponse est clairement non ! Les normes présentées par le labo ne sont en aucun cas des normes santé. Ce sont des normes statistiques qui reprennent les valeurs regroupant 95% des données biologiques des patients du laboratoire.

Pour reprendre les propos de Dr Stéphane Résimont, médecin fonctionnel spécialisé dans les troubles hormonaux : « ne prendre en charge que les patients qui sortent des normes des labos, reviendrait à ne mettre des lunettes qu’aux patients qui sont presqu’aveugles et de dire aux autres : circulez ». J’oserai ajouter : « y’a rien à voir » !

Donc : non, une T3 dans la norme ne veut pas dire que tout va bien, il faut plutôt s’assurer que le patient soit autour de la norme santé, c’est-à-dire autour de 5 pmol/L. Mais encore une fois de plus, c’est la clinique qui prime, si un patient n’a pas de symptômes à 4,5 pmol/L, ne cherchons pas de problèmes là où il n’y en a pas.

Donc une T3 optimale autour de 5 pmol/L me permet d’exclure une hypothyroïdie ?

Et bien, non, toujours pas….

Plusieurs situations expliquent que la T3 ne puisse exercer « son job ».

Parmi ces situations citons :

  • L’excès de T3 reverse : hormone obtenue à partir de T4 lorsque que nous sommes en présence de métaux lourds, de déficit en sélénium ou zinc, lorsque nous sommes stressés ou lorsqu’il y a un déséquilibre œstroprogestatif. La T3 reverse bloque l’action de la T3 en prenant sa place sur les récepteurs.
  • Le déficit de Vitamine A et de magnésium tous deux indispensables au fonctionnement du récepteur.
  • Le déficit de cortisol qui accélère le catabolisme de la T3
  • La dysbiose associée à une porosité intestinale. Dans cette situation, des molécules, appelées Lipopolysaccharides, franchiront la barrière intestinale et prendront la place des hormones thyroïdiennes sur les récepteurs, ainsi la T3 ne pourra plus s’y fixer.
  • L’inflammation qui peut altérer le fonctionnement des récepteurs, rendant le patient résistant aux hormones thyroïdiennes.
  • Les polymorphismes génétiques concernant les récepteurs aux hormones thyroïdiennes

Face à la complexité du fonctionnement thyroïdien, il semble évident que son évaluation à partir du dosage de la TSH seule est plus qu’approximatif et laisse de nombreux patients hypothyroïdiens sur le banc de touche.

L’investigation fonctionnelle de la thyroïde doit faire appel avant tout à la clinique. Un patient présentant des signes cliniques d’hypothyroïdie avec une biologie « normale » ne fonctionne pas à son optimum.

Les conséquences sont multiples et touchent les fonctions reproductives, digestives, immuno-inflammatoires, métaboliques, neuropsychiques et endocriniennes.

Le rôle de praticien en santé fonctionnelle est de rechercher pourquoi il y a une discordance entre la clinique et la biologie et de prendre en charge de manière très spécifiques les dysfonctions causales.

Guénaëlle Abéguilé, Consultante et formatrice en santé fonctionnelle, cofondatrice de DFM formation

Le cursus Duo Pratik

DFM formations c’est tout d’abord son cursus de formation en micronutrition : le cursus « Duo Pratik » par Guénaëlle Abéguilé et Bruno Mairet. Il est la véritable colonne vertébrale de notre organisme de formation.

54 vidéos pour un tarif de 2100 € (soit une remise de 175€). Des quizz pour chaque vidéo + support de formation PDF téléchargeable. L’achat d’un module vous donne accès un groupe Facebook privé.

 13 jours de formation sur 10 mois. Avec Guénaëlle Abéguilé et Bruno Mairet. Pour voir les dates sur Rennes et Paris, cliquez sur le lien ci-dessous.

Règles douloureuses : Que faire ? par Guénaëlle Abéguilé

  • C’est normal d’avoir mal au ventre quand t’as tes règles !

  • Moi je vais quand même au travail !

  • Quelle chochotte !

  • C’est comme ça, prend un médicament et arrête de te plaindre.

Vous ne supportez plus ces réflexions de la part personnes incapables de considérer que chaque femme vit son cycle de manière très différente ? Des personnes qui ne comprennent pas que ces douleurs ne sont pas dans votre tête et qu’elle peuvent s’accompagner d’autres signes cliniques comme des troubles du transit, des ballonnements,  de la congestion mammaire ou des maux de tête.

Ce que ces personnes malveillantes ignorent également, c’est que vos règles douloureuses peuvent  éventuellement s’accompagner d’autres signes tels que de l’irritabilité ou de l’agressivité qui les exposent à un risque de strangulation à  chaque réflexion non appropriées. Maintenant, elles sont prévenues !

Mais alors, si ce n’est pas du domaine de la chochotterie pourquoi avez-vous mal pdt vos règles alors que vos copines sont épargnées ? Pourquoi est-ce qu’un médicament antalgique, anti inflammatoire,  antispasmodique ou une pilule contraceptive vous soulage mais ne sont pas la solution? Pourquoi est-ce important de prendre en charge l’origine de vos troubles et ne pas se satisfaire de la prise en charge du symptôme ? Nous verrons en effet que les règles douloureuses doivent nous alerter.

 Je vous apporte des éléments de réponse dans cet article.

Pourquoi pouvons-nous avoir mal pendant nos règles ?

Il n’y a pas une seule et unique cause aux règles douloureuses.  En effet ce symptôme est la partie émergée de l’iceberg qui peut provenir de différentes dysfonctions. Seule l’identification et la prise en charge des dysfonctions qui vous sont propres seront alors efficaces.

De quelles dysfonctions peut-il s’agir ?

Les règles douloureuses peuvent trouver leur origine dans un déséquilibre en acide gras, dans un déséquilibre ionique  ou bien encore dans un déséquilibre hormonal.  Ces dysfonctions peuvent se combiner.

J’ai choisi, dans cet article de parler uniquement du déséquilibre hormonal.

Celui-ci est très souvent présent chez les femmes ayant des règles douloureuses et sa prise en charge est primordiale.

 En effet en plus d’entrainer des règles douloureuses pouvant être très invalidantes pour la femme, ce déséquilibre hormonal exposera la femme non prise en charge à  une augmentation des risques de développer un cancer hormono dépendant.

Lorsque je parle ici de prise en charge, je ne fais bien sûr pas allusion aux anti-inflammatoires, aux  anti-spasmodiques,  aux antalgiques ni à la pilule contraceptive.

En effet ces médicaments ne solutionnent absolument pas l’origine du problème. On comprend facilement qu’ils améliorent le symptôme mais ne corrige pas le déséquilibre hormonal à son origine. Ainsi  ils ne diminuent pas le risque de développer un cancer hormono dépendant et masquent le symptôme qui devrait nous alerter.

Pire la pilule contraceptive peut  augmenter ce risque. En effet la pilule oestro-progestative est reconnue par le Centre International de Recherche sur le Cancer comme cancérogène avéré, plaçant ce produit dans la catégorie 1 des substances cancérogènes, catégorie ayant le plus fort niveau de preuve.

Ce discours peut être difficile à recevoir pour une femme qui, grâce à ces molécules, retrouve un semblant de vie normale.  Je ne dis pas que les antalgiques, les anti-inflammatoires et les antispasmodiques ne doivent pas être consommés, je dis simplement que nous ne devons pas nous en satisfaire.

Il me semble nécessaire, indispensable, de proposer  une prise en charge fonctionnelle à toute patiente ayant des règles douloureuses. Cette prise en charge consiste à rechercher l’origine du problème et à la prendre en charge. Ainsi, les douleurs disparaitront et ces médicaments ne seront plus nécessaires. Cerise sur le gâteau, si l’élément causal était le déséquilibre hormonal, sa prise en charge permettra par ailleurs de minimiser les risques de développer un cancer hormono dépendant !

Mais alors, qu’est-ce que ce déséquilibre hormonal  et pourquoi augmente-t-il les risques de cancer hormono-dépendants ?

Il s’agit du déséquilibre oestro-progestatif. Ceci fait référence à un déséquilibre entre 2 hormones sexuelles, les œstrogènes et la progestérone en faveur des premiers.

Il peut donc être la conséquence d’un excès d’œstrogène, d’un déficit de progestérone ou bien d’un excès d’œstrogène relatif, c’est-à-dire par rapport à la progestérone.

L’implication des œstrogènes dans les cancers hormono dépendants n’est plus à démontrer. En effet, par leur effet prolifératif sur les cellules oestrogéno-dépendantes, ils augmentent les risques de cancer du sein, de l’utérus et des ovaires chez la femme.

Et quels peuvent être les causes de ces troubles ?

Quelle que soit l’origine de ce déséquilibre oestroprogestatif, cela aboutit à une augmentation  de ce qu’on appelle l’imprégnation œstrogénique. Il existe alors un excès de stimulation des récepteurs aux œstrogènes. Ces récepteurs peuvent être stimulés par les œstrogènes, mais pas que, il existe en effet d’autre molécules qui stimulent ces récepteurs. Par ailleurs cette imprégnation œstrogénique doit être contrebalancée par la progestérone.

Quels sont les facteurs augmentant l’imprégnation oestrogénique ?

L’imprégnation œstrogénique est dépendante de la synthèse et de la détoxication des œstrogènes mais également de la présence des perturbateurs endocriniens. Evoquons ces différents paramètres :

  • Tout d’abord, la synthèse des œstrogènes. Nous savons que la quantité d’œstrogènes est variable en fonction de la période du cycle, de notre âge, de notre génétique. Ce qui est moins connu, c’est que la synthèse des œstrogènes est augmentée par le stress, le surpoids, la consommation d’alcool et de viande et de sucre. Ces facteurs sont donc à prendre en considération.
  • Par ailleurs, l’imprégnation œstrogénique est très dépendante de la façon dont sont détoxifiés nos œstrogènes. La grand maitre de la détox, c’est le foie. Au cours de ce processus, qui se déroule en 2 phases, les œstrogènes pourront emprunter différentes voies plus ou moins favorables.

En effet, suivant notre génétique mais également et surtout suivant notre environnement micronutritionnel, nos œstrogènes deviendront des métabolites plus ou moins oestrogéniques et génotoxiques avant d’être éliminés. 

Ils pourront alors soit diminuer notre imprégnation oestrogénique et donc nos risques de cancers hormono dépendants  soit les augmenter.  

Pour favoriser la bonne voie, nous pouvons par exemple recommander la consommation de crucifères crus ou peu cuits.

Dans la deuxième phase de détoxication, indispensable à leur élimination, ces métabolites doivent être conjugués à différentes molécules qui nécessitent des grandes quantités de micronutriments tels que du Magnésium, la vitamine B6, B9, B12, le zinc. En cas de déficit de ces micronutriments, notre imprégnation œstrogénique va alors augmenter.

Par ailleurs en cas de déséquilibre du microbiote intestinal, les œstrogènes seront recaptés dans le tube digestif, ce qui augmentera le pool d’œstrogène circulant.

  • Enfin, la présence de perturbateurs endocriniens oestrogéno-mimétiques comme les phtalates, les bisphénols, les dioxines ou les pesticides présents dans les aliments, dans les plastifiants, dans la chair des animaux que nous consommons participent grandement à l’activation des récepteurs aux œstrogènes. Ceci nécessite d’assainir notre environnement.
Y a-t-il à l’inverse des facteurs diminuant l’imprégnation œstrogénique ?

Tout à fait,  l’effet des œstrogènes est modulé par les phyto œstrogènes et contrebalancé par la progestérone. Ces facteurs sont donc protecteurs.

  • Parlons tout d’abord des phyto œstrogènes.

Ces molécules sont présentes dans les végétaux comme le soja, le lin ou autres légumineuses. Contrairement à leur réputation, les phyto œstrogènes sont des modulateurs œstrogéniques très protecteurs. Ils sont d’autant plus bénéfiques que le taux d’œstrogène est élevé. Ces aliments doivent donc régner en maitre à votre table !

Pour profiter de cet effet modulateur ils doivent subir une modification par notre microbiote. Le microbiote intestinal a donc encore son rôle à jouer. Il semble nécessaire de l‘optimiser.

Toutefois, certains phyto œstrogènes comme ceux présents dans le houblon, sont fortement œstrogéniques. Ils ne sont donc pas à recommander dans ces indications.

  • Le deuxième facteur modulant diminuant l’imprégnation œstrogénique est la progestérone !

Cette hormone est produite par le corps jaune après l’ovulation, elle contrebalance les effets des œstrogènes. Ainsi, lorsque la progestérone est basse, l’imprégnation œstrogénique augmente. Tous les facteurs diminuant la synthèse de progestérone sont alors à prendre en considération.

Parmi ces facteurs nous pouvons évoquer l’absence d’ovulation ou les ovulations  peu qualitatives. Celles-ci peuvent être influencées par l’état micronutritionnel et émotionnel de la femme. Par ailleurs les périodes de transition hormonales tels que la ménarche chez la jeune fille ou la préménopause chez la femme plus mature sont également des périodes où la synthèse de progestérone est basse. Nous pouvons alors recommander dans ces situations des plantes à activité progestative, mais nous avons compris qu’il est encore plus intéressant de s’interroger sur une éventuelle dysovulation à l’origine du déficit de progestérone et de la prendre en charge.

Il est primordial de comprendre que les règles douloureuses et les autres signes du syndrome prémenstruel ne sont pas les seules conséquences de l’excès d’imprégnation œstrogénique.

En effet, ces femmes ont également des risques majorés de développer un cancer hormono dépendant.

Sachant cela il est donc inconcevable de continuer à maltraiter ces femmes à coup de traitements symptomatiques.

Je conçois que ces traitements puissent trouver une place dans l’arsenal thérapeutique mais ne doivent pas se suffire à eux seuls.

Nous devons objectiver et prendre en charge les facteurs influençants l’imprégnation œstrogénique. Dans notre arsenal thérapeutique nous disposons de solutions pour moduler la synthèse des œstrogènes, pour favoriser leur détoxication, pour diminuer leur recapture dans l’intestin, pour moduler leur activité sur les récepteurs, nous devons également limiter l’exposition aux perturbateurs endocriniens, et optimiser la synthèse de progestérone.

La prévention commence là : Ecouter et prendre en considération les symptômes, les remettre à leur juste place, celle du CRITERE d’ALERTE.

Ce sujet vous intéresse ? Vous êtes déjà formé en micronutrition et vous souhaiteriez développer vos connaissances en hormonologie ? Découvrez la nouvelle formation « HORMONO PRATIK » chez DFM formations ! Disponible en présentiel et bientôt en E-learning .

Présentation de la formation :

Les dysfonctions hormonales sont de plus en plus fréquentes aujourd’hui. Pour cause, le vieillissement de la population, mais aussi et surtout notre mode de vie ! Stress, junkfood, sédentarité, altération des rythmes biologiques, médicaments, pilule contraceptive, perturbateurs endocriniens contribuent largement aux troubles hormonaux.

Défaut ou excès de synthèse, surutilisation, défaut de communication ou déséquilibre hormonaux : Comment repérer ces troubles ainsi que leurs causes par l’investigation de la clinique et des analyses biologiques fonctionnelles?

Altération de l’humeur, dépression, fatigue, prise de poids, trouble de sommeil, perte de libido, vieillissement accéléré, hypofertilité, fausses couches, baisse de performance sportive ou intellectuelle, augmentation des risques de cancer hormonaux dépendants, hypertrophie bénigne de la prostate, troubles du climatère, endométriose, SOPK….Comment et pourquoi les troubles hormonaux perturbent l’ensemble des fonctions indispensables à la santé physique et psychique du patient ?

 Au cours de ces 4 jours de formation, nous nous immergerons aux cœurs de nos hormones afin de mieux comprendre leur fonctionnement ainsi que les causes et conséquences de leur dysfonction. Nous apprendrons à mener une consultation de micronutrition spécialisée en hormonologie. Nous élaborerons un bilan permettant de repérer les dysfonctions à partir des signes cliniques puis de repérer les causes de ces dysfonctions.  L’acquisition de cette démarche fonctionnelle vous permettra alors d’établir un plan de prise en charge causale, fonctionnelle permettant au patient de retrouver son état de santé optimal.

Guénaëlle Abéguilé, Consultante et formatrice en santé fonctionnelle – Cofondatrice de DFM Formations

Pour en savoir plus ou vous inscrire :
Découvrez nos formations en présentiel ou en E learning :

Personnaliser, individualiser une prise en charge : pourquoi et comment ? Exemple de l’immunité. Par Bruno Mairet

Vous n’entendrez jamais un praticien dire qu’il ne cherche pas à individualiser la prise en charge de ses patients, et qu’il fait pareil pour tout le monde ! C’est presque inavouable !  Et pourtant, lorsque l’on regarde bien, il y a souvent peu de sur-mesure dans l’approche de la maladie aujourd’hui. Pour s’en convaincre, prenons un sujet d’actualité : l’immunité.

On pense qu’avoir une bonne immunité c’est l’affaire du système immunitaire. Qu’il suffit d’en prendre soin, de le booster et que le tour est joué !  

Or, ce point de vue, issu d’une vision du corps humain divisé, segmenté en parties, en systèmes, qui ont chacun leurs fonctions spécifiques (le système immunitaire s’occupe de l’immunité, le système digestif s’occupe du digestif, le système musculaire du mouvement …) est révolu. 

Les progrès des sciences biologiques depuis ces 20 dernières années, ont révolutionné la vision de notre organisme. Une bonne immunité implique le système digestif, le système musculaire, le système hormonal, le système endocrinien, le système vasculaire, le tissu adipeux, le système nerveux… De là découle un concept fondamental : celui de l’immunité totale

Pour bien s’occuper de l’immunité d’une personne, il faut avoir une vision d’ensemble de sa physiologie et de sa biochimie et corriger ce qui est essentiel, voire causal. C’est ainsi qu’on peut personnaliser, faire du sur-mesure dans la prise en charge d’un patient. Or, ce qui est vrai pour l’immunité est vrai pour tous les problèmes de santé. L’art et la dynamique d’une nouvelle approche de la santé, consiste à savoir faire des liens entre les différents systèmes. De là, la possibilité de remonter à la cause. J’ai un problème de digestion, et si cela venait de la thyroïde ? J’ai un problème d’inflammation et si cela venait de mon surpoids (tissu adipeux) ?  J’ai un problème de dépression récurrente et si cela venait de mon intestin ? Etc…

La conférence qui suit illustre ce concept clef à travers le sujet de l’immunité. Elle nous fait toucher du doigt la notion de sur-mesure et l’importance de la démarche fonctionnelle.

Bruno Mairet, Consultant et formateur en Santé Fonctionnelle et cofondateur de DFM Formations

 

Livre  “Défendez-vous ! – Contre les infections,taillez-vous une immunité sur mesure” de Bruno Mairet aux éditions Solar

Paru le 16 septembre 2021 en librairie.
 

Savez-vous qu’un bon microbiote est votre première barrière anti-infectieuse ? que les aliments gras ou sucrés vous exposent au risque de faire des inflammations sévères ? que plus de 30 vitamines, minéraux et micronutriments peuvent vous servir à renforcer vos défenses immunitaires ?

Avec la pandémie mondiale, le sujet de l’immunité revient brusquement sur le devant de la scène. Aujourd’hui, nous prenons conscience du rôle clé d’une immunité forte –; notre premier rempart –; dans la réponse au défi infectieux.
Car oui, nous pouvons nous défendre contre les infections. Pendant les vingt dernières années, notre compréhension du corps humain a fait des avancées gigantesques. Les révolutions scientifiques ont révélé une vision intégrative et holistique de notre corps, nous ouvrant des perspectives inédites. Exit l’immunité circonscrite au système immunitaire, à ses organes, à ses cellules, et place à l’immunité totale : c’est notre être tout entier qui est engagé dans ce combat.
Biologiste et micronutritionniste, Bruno Mairet nous livre dans cet ouvrage toutes les clés pour se construire une immunité forte et sur mesure. En mettant en pratique des programmes englobant nutrition, micronutrition et mode de vie, nous pouvons reprendre les commandes de notre santé. Grâce à la réalisation d’analyses biologiques modernes permettant de mesurer les forces et les faiblesses de notre immunité (microbiote, risque inflammatoire, micronutriments…), nous avons également les moyens de personnaliser la manière de renforcer nos défenses immunitaires, et de devenir autonomes !

Que la force de votre immunité soit avec vous !

Découvrez les nouveautés DFM pour la saison 2022 !

DFM Formations propose un cursus de formation en micronutrition original qui aborde la micronutrition à la fois sous l’angle clinique et sous l’angle biologique : le Cursus Duo Pratik.

Cette formation se compose de 6 modules disponibles en présentiel ou en E-learning.  Ce cursus est très complet et pratique. Mais face à votre volonté de continuer de vous former toujours plus et à notre envie de transmettre notre passion, nous ne voulons pas en rester là !

DFM Formations vous prépare 3 nouveaux modules de formation pour la saison 2021-2022 :

  1. Module : « Mise à niveau Pratik » chimie, biochimie, biologie, physiologie, appliquée à la consultation de micronutrition

Un module de mise à niveau proposé par Bruno Mairet dispensé en présentiel le 25 – 26 juin 2022 à Paris et disponible e-learning.

Inscrivez-vous dès à présent au présentiel en suivant ce lien.

    • Votre constat : Vous manquez de base en chimie, biochimie, biologie, physiologie, et avez peur de ne pas pouvoir comprendre et intégrer les concepts des cursus de micronutrition et notamment du cursus Duopratik
    • Votre volonté : vous voulez combler ces lacunes, mais vous ne voulez pas plancher 300 heures sur des concepts inutiles et abstraits!
    • Notre réponse : vous apporter un enseignement de base dans ces disciplines, nécessaire et suffisant, pour la consultation de micronutrition.
    • Notre engagement concret: à chaque concept appris, une ou plusieurs illustrations pratiques de consultation.
    • Public et prérequis : professionnel de santé souhaitant mettre à niveau son savoir de base pour s’investir dans un cursus de micronutrition, notamment le cursus Duo Pratik
  1. Module :  « Hormono Pratik »
 

Un module de formation de prise en charge fonctionnelle des troubles hormonaux présenté par Guénaëlle Abéguilé. Disponible en présentiel à Paris et en E Learning dans le courant du mois de juillet 2022.

  • Votre constat : Vous observez beaucoup de perturbations hormonales au cours de vos consultations. vous vous sentez démunis face aux solutions thérapeutiques à apporter.
  • Votre volonté :
    • Mieux appréhender la complexité des perturbations hormonales.
    • Vous sentir apte et légitime pour apporter des solutions thérapeutiques individualisées.
  • Les objectifs de la formation :
    • Comprendre la physiologie et la physiopathologie des fonctions endocriniennes dans leur ensemble.
    • Comprendre l’impact de ces troubles sur l’ensemble des fonctions physiques et psychiques de votre patient : digestive, microbiotale, détoxication, immuno inflammatoire, neuropsychique, métabolique, sexuelle et reproductive
    • Etre capable d’évaluer les fonctions hormonales par la clinique et la biologie.
    • Savoir individualiser une prise en charge fonctionnelle.
  • Public- prérequis :
    • Avoir déjà suivi le cursus Duo Pratik
    • Ou une autre formation très complète de micronutrition
  1. Module : « Pratik expert »

Un module complémentaire au cursus Duo Pratik présenté par Bruno Mairet et Guénaëlle Abéguilé. Disponible en E learning et Présentiel au printemps.

  • Votre constat :
    • Vous avez développé votre démarche fonctionnelle dans vos consultations grâce au Cursus Duo Pratik
    • Vous souhaitez continuez à vous perfectionner et à gagner en assurance.
  • Votre volonté :
    • Gagner en aisance lors de vos consultations.
    • Etre plus efficace, mieux structurer les consultation
    • Toujours mieux associer clinique et biologie
    • Développer des réflexes et faire du lien entre les différentes dysfonctions
  • Notre réponse : Nous plongerons au cœur des consultations en appliquant la Démarche Fonctionnelle en Micronutrition telle que vous la pratiquez dorénavant. Nous présenterons de nombreux cas patient, sous l’aspect clinique et biologie, nous vous ferons raisonner, échanger et partager vos idées.
    • Notre engagement concret : Ce module fera de vous des experts de la démarche fonctionnelle et vous permettra de maitriser parfaitement vos consultations.
    • Public et prérequis : Avoir suivi l’ensemble du cursus Duo Pratik

Pour toutes questions ou pour être informé de la sortie des différents modules , n’hésitez pas à nous contacter via notre page contact !

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Envie de sucre : Que faire ? 2 ème partie par Guénaëlle Abéguilé

Dans le précédant article, nous avons parlé des différentes causes responsables des envies de sucre de votre patient. Nous avons mis en évidence l’aspect multicausal de ce trouble et l’importance d’évaluer la dysfonction propre à votre patient. Cette évaluation est une étape indispensable à l’élaboration d’un protocole efficace, précis, adapté et individualisé. Ainsi si vous n’avez pas lu cet article, je vous invite à le faire avant de poursuivre sur celui-ci.

Nous allons maintenant donner les grands axes de prise en charge pour chacune des dysfonctions évoquées précédemment.

  1. Prise en charge des envies de sucres d’origine sérotoninergique

En cas de manque de sérotonine, au niveau nutritionnel, nous conseillerons au patient de prendre un gouter contenant des aliments à charges glycémiques basses accompagnés de gras végétal. Ainsi, un fruit et une poignée d’oléagineux permettront de favoriser la synthèse de sérotonine jusqu’à la fin de journée. Le dîner devra être végétarien voir végétalien, en effet les protéines animales limiteront la synthèse cérébrale de sérotonine.

Au niveau micronutrition, il faudra s’assurer que le patient ne manque pas de micronutriments indispensables à la synthèse du neurotransmetteur. Notamment les vitamines B6 et B9 et surtout le magnésium (qui est presque toujours déficitaire) !

Nous pourrons lui proposer en complément alimentaire, la prise de tryptophane, précurseur de la sérotonine,  vers 17h. Celui-ci ne sera en revanche pas efficace en cas de dysbiose ou d’inflammation. Le griffonia contenant un précurseur plus direct sera alors souvent plus efficace.

L’administration de lithium à faible dose (rien à voir avec les prescriptions psychiatrique) peut également avoir son intérêt, il favorisera le détachement du tryptophane de son transporteur, ce qui favorisera son passage dans le cerveau et donc, la synthèse de sérotonine.

  1. Prise en charge des envies de sucre d’origine dopaminergique

En cas de manque de dopamine, nous insisterons très lourdement sur l’importance du petit déjeuner protéiné et peu glucidique ! Œufs, jambon de qualité, volaille, poisson, tofu, graines de courge, de chanvre, oléagineux, fromages figureront au menu quotidien !

Entre nous, le passage au petit déjeuner protéiné est, je pense, le conseil alimentaire qui a le meilleur rapport bénéfices/contraintes.  Parole d’une ancienne addict au sucre.

Si ces changements ne suffisent pas, on peut recommander au patient la prise de 1g de tyrosine, précurseur de la dopamine, 20 min avant le petit déjeuner. Si toutefois le patient maintient son petit déjeuner sucré, cette recommandation sera vouée à l’échec !  Nous veillerons également à ce que le patient ait un statut optimal en Fer, B6, B9 et Zinc, indispensables à la synthèse de dopamine.

  1. Prise en charge des envies de sucre liées à la candidose intestinale

En cas de candidose, nous devrons….. sucrer les sucres !!!! Ce qui sera très difficile car tant que la candidose est présente, les envies de sucres persisteront ! Il faut donc traiter la candidose ! Cette mission est impossible en cas d’alimentation à charge glycémique élevée !

En parallèle de ces reformes alimentaires, nous administrerons des plantes ou huiles essentielles anti fongiques sur une durée déterminée suivie généralement de l’administration de probiotiques spécifiques.

Ce traitement peut être long et les changements alimentaires doivent être plus ou moins maintenus à vie. Mais bonne nouvelle, lorsque la candidose aura disparu, les envies de sucres feront partie d’un vague souvenir, les goûts de vos patients changeront littéralement !

  1. Prise en charge des envies de sucre liées à l’hypoglycémie réactionnelle

En cas d’hypoglycémie réactionnelle, le meilleur conseil à donner est de favoriser une alimentation à charge glycémique basse ! Gardons pour l’occasion les biscuits gâteaux et autres sucreries et tronquons les céréales raffinées par des céréales complètes cuites al dente (riz complet ou semi complet, sarrasin, millet…) ou par des légumineuses (lentilles, pois chiches, quinoa…). Par ailleurs nous n’avons nul besoin de manger de grandes quantités de féculents, l’assiette doit être composée d’une forte majorité de légumes.

Nous conseillerons au patient d’augmenter sa consommation de graisses. En effet, le gras permettra, d’une part de substituer avantageusement les apports alimentaires diminués et d’autre part de diminuer la charge glycémique des repas.  Nous lui recommanderons alors d’ajouter une cuillère à soupe d’huile végétale dans toutes ses assiettes (colza- lin- olive par ex) et de favoriser les bons gras tel que les olives, avocats, oléagineux, petits poissons gras etc…

Au niveau micronutrition, nous pouvons proposer d’ajuster le statut biologique de Zinc, de Vit D et d’administrer du chrome. Ces 3 micronutriments sont indispensables à la fonctionnalité du récepteur à l’insuline.

  1. Prise en charge des envies de sucre liées à la fatigue surrénalienne

En cas de déficit de cortisol, nous devrons prescrire au patient de la zen-attitude ! Yoga, sophro, méditation, cohérence cardiaque, chacun trouvera chaussure à son pied.

Par ailleurs impossible de remonter une carence en cortisol si nous ne donnons pas de la régularité, de l’ampleur et du contraste à nos biorythmes ! Adieux la grasse mat du week-end, qui fait plonger notre patient encore plus bas ! Se lever à heure fixe semaine et week-end. Réserver l’obscurité, le calme, le silence, l’inactivité, le sommeil à la nuit ainsi que la lumière, le bruit, l’activité, le mouvement à la journée ! Faites les sortir à la lumière dès le réveil ou conseillez leur de s’exposer devant une lumière de luminothérapie pendant leur petit déjeuner. A l’inverse le soir ils abaisseront leurs lumières pour préparer le cerveau à la synthèse de la mélatonine, notre hormone du sommeil ! 

Au niveau micronutrition, pour limiter la vulnérabilité au stress, responsable de l’épuisement du cortisol, nous proposerons une forte dose d’un magnésium de grande qualité (glycérophosphate, bisglycinate ou citrate) ainsi que des plantes adaptogènes comme la rhodiole ou l’ashwagandha. Nous pouvons en parallèle proposer des plantes pour booster la synthèse du cortisol comme la réglisse (contre indiquée en cas d’hypertension artérielle) ou la gemmothérapie de cassis.

Vous l’aurez compris, il n’existe pas et il n’existera jamais de remède universel contre l’envie de sucre. Nous chercherons alors à évaluer ce qui se cache derrière le trouble alimentaire de notre patient. Ceci nécessite de réaliser une petite enquête pour déterminer  la ou les dysfonctions présentes, ainsi que leurs causes. Seule cette démarche nous permettra de proposer une prise en charge individualisée adaptée et précise. Ceci est certes, plus complexe que de prescrire la pilule « StopOsucre », mais tellement plus efficace et satisfaisant !

Guénaëlle Abéguilé, Consultante et formatrice en santé fonctionnelle – Cofondatrice de DFM Formations