Au sujet du gluten, y a de quoi s’engluer ! Par Bruno Mairet

En nutrition, le gluten est sans doute aujourd’hui l’ennemi publics N° 1.  Or, nous allons montrer qu’il y a parfois association de malfaiteurs (!) et que l’accusation suivie de l’exclusion systématique du gluten peut être une solution un peu (trop) facile. Mais avant d’aller plus loin, précisons certaines choses. D’un point de vue biochimique, il faut déjà préciser que ce que l’on appelle communément le gluten, n’est pas une unique substance, mais un ensemble de molécules : il s’agit précisément de deux familles de protéines. Il faut savoir que plusieurs dizaines de résidus protéiques ont été identifiés comme toxiques ! Cette précision pour dire d’emblée que le sujet du jour (le gluten) est plus complexe qu’il n’y parait. Complexité qui apparaît aussi dans les 3 types de problèmes de santé que peut générer le gluten. Il est important de les distinguer. On peut être allergique aux protéines du gluten (avec asthme, rhinite, eczéma, vomissement…) comme on peut être allergique aux protéines de lait . On peut développer avec le gluten, la maladie auto-immune appelée maladie cœliaque. Et on peut être hypersensible au gluten.  C’est de ce dernier problème, dit hypersensibilité non cœliaque au gluten, dont nous allons parler dans cet article.

Gluten free : j’y vais ou j’y vais pas ?

La description de l’hypersensibilité au gluten date de 1978, mais c’est seulement à partir de 2010 que l’intérêt d’un nombre important de scientifiques pour cette maladie se manifeste définissant les années suivantes ses caractéristiques (1). Vous avez des douleurs abdominales, des ballonnements, des diarrhées/constipations, des prurits, de la fatigue chronique, des douleurs musculaires et articulaires, et des migraines. Vous avez lu ou on vous a dit qu’il s’agissait peut être d’une série de problèmes liés au gluten… et vous avez aussi lu ou entendu qu’en supprimant le gluten de votre alimentation vous alliez retrouver la santé ! La proposition est tentante, mais vous êtes encore prudent parce que vous avez le sentiment aussi que le gluten-free est une vaste mode et/ou un problème de santé… de riche. Bref, vous hésitez à franchir le pas vers un régime contraignant pour vous et votre famille (et coûteux), sans avoir la certitude que c’est bien le gluten la clef de votre problème.  Est-ce réellement la  bonne chose à faire ? On (encore lui !!) vous a dit qu’il existait un test pour savoir si l’on était hypersensible au gluten. C’est un test de recherche des IgG anti gluten, comme il y a des tests pour la recherche d’IgG anti caséine (protéine de lait), IgG anti ovalbumine (protéine de l’œuf)… etc… Il existe des centaines de recherches d’IgG anti protéines alimentaires… Ce test vous parait la solution pour que vous soyez confirmé (ou pas) dans votre gluten-free transition !  Mais vous avez dorénavant une nouvelle question.

Le test IgG anti gluten est-il fiable ?

On retrouve les IgG anti gliadine (une des protéines du gluten) dans 56% des cas de personnes hypersensible au gluten, soit environ 1 cas sur 2. Autant dire que c’est un test peu fiable. Vous pouvez avoir des faux négatifs, c’est à dire que vous pouvez avoir une hypersensibilité au gluten (non cœliaque) sans avoir de réponses positives aux IgG anti gliadine. Il existe aussi des faux positifs : vous pouvez retrouver les IgG anti gluten élevées sans avoir de troubles fonctionnels (2). Peut-on conclure pour autant qu’il ne sert à rien de faire ce test ?! Je ne serai pas si radical. Je dirai plutôt que ce test doit être entrepris dans un cadre plus vaste d’exploration du microbiote et de la muqueuse intestinale.

Hypersensibilité au gluten et leaky gut

Savez-vous que dans des conditions de santé, la muqueuse de notre intestin doit être semi-perméable, c’est-à-dire perméable très essentiellement à des petites molécules alimentaires (acides aminés, glucose, acides gras, vitamines…), mais imperméable à des moyennes ou grosses molécules (protéines ou polypeptides notamment) et à des micro organismes comme des bactéries. Notre muqueuse intestinale a donc une double fonction. La plus connue c’est sa fonction d’absorption des nutriments. Moins connue, mais non moins fondamentale, la muqueuse possède aussi une fonction de barrière. Elle s’oppose à la pénétration des éléments protéiques non digérés qui sont dangereux pour notre corps car antigéniques. Lorsqu’une protéine de lait de vache traverse la barrière intestinale, notre corps pense qu’il est envahi par les vaches !!  Image caricaturale mais cependant bien réelle car le corps va traiter cette protéine de vache comme un élément étranger et déclencher la guerre : l’inflammation ! Ainsi, si cette fonction de barrière est altérée de nombreux antigènes passent dans notre corps et une inflammation se déclenche. C’est ce qui se passe dans le cas de l’hypersensibilité au gluten. Il a été en effet montré que la gliadine (une des protéines du gluten) provoque une altération de la fonction de barrière chez les gens hypersensibles au gluten (3). On appelle cela un leaky gut : un intestin poreux, ou intestin hyper perméable. Ce concept de leaky gut est très important pour comprendre de nombreuses souffrances  intestinales et aussi de nombreux problèmes chroniques. Le gluten donc altère la barrière intestinale. Mais c’est un cercle vicieux car l’altération de la barrière intestinale augmente le passage des protéines du gluten à travers la muqueuse. Qui est la poule, qui est l’œuf ? Est-ce le gluten qui provoque le leaky gut ? Ou le leaky gut qui provoque le passage du gluten et donc l’hypersensibilité ? Il est fort probable que les deux mécanismes s’auto-alimentent.

Cette conclusion a des conséquences importantes. Si on se contente de supprimer le gluten mais qu’il existe un leaky gut ayant une autre cause que le gluten (ou ayant plusieurs causes dont le gluten !), que va t-il se passer ? Certes, il est fort probable que les problèmes intestinaux s’estompent grandement. Mais il est aussi probable que le leagy gut perdure. Or, un leaky gut est une source d’inflammation chronique bien problématique : hyperinsulinisme, surpoids, risques cardiovasculaires, problèmes neurologiques, articulaires… Bref, on peut en supprimant le gluten se débarrasser de nombreux symptômes mais laisser perdurer un état de leaky gut néfaste pour la santé sur bien des aspects. C’est ainsi que le gluten devient l’arbre qui cache la forêt. On s’occupe du gluten, on ne voit que lui, mais on oublie le reste qui est sans doute tout aussi important et notamment ce fameux leaky gut.

Soigner le leaky gut

Pour en revenir à notre test IgG anti gluten. Il est intéressant dans la mesure où on l’associe à une évaluation de l’ensemble du microbiote et de la barrière intestinale. Parmi les principaux tests citons:

  • Test de l’évaluation de l’activité métabolique du microbiote : DMI (Dysbiose Mycose Intestinale) ou MOU (Métabolite Organique Urinaire) suivant le laboratoire.  Ce test permet en premier lieu d’objectiver la présence d’une dysbiose. Si cette dernière est présente, il permet de qualifier la dite dysbiose. Est-on en présence d’une prolifération fongique (candidose précisément) ? Ou s’agit-il plutôt d’une dysbiose de fermentation ? D’une dysbiose de putréfaction ? Cette qualification orientera grandement la prise en charge.
  • Test de la Zonuline,  une protéine synthétisée par les cellules de la muqueuse ( et par l’hépatocyte également). Cette protéine régule la fonction de barrière intestinale. Une augmentation de la Zonuline est liée à une perte de cette fonction, à des « fuites » d’antigènes alimentaires et de pathogènes, associées à des risques accrues de maladies inflammatoires chroniques.
  • Test de la LBP.  Sans doute, un des marqueurs les plus spécifiques. Un intestin poreux conduit à un passage de bactéries dites gram négatif dans la circulation sanguine. Cette catégorie de bactéries présente à sa surface une molécule complexe (un lipopolysaccharide), le LPS. Pour neutraliser ce type de pathogènes le foie produit une protéine  inflammatoire, appelé LBP, dirigée contre le LPS. Ce qui est important pour nous en micronutrition c’est que cette protéine inflammatoire est un très bon marqueur révélant la présence de passage de bactéries intestinales dans le sang … et donc mettant en évidence la perméabilité intestinale.

Ainsi vous l’avez compris, en micronutrition on va chercher à obtenir une image précise de la fonction barrière pour pouvoir la soigner dans son ensemble. Au lieux d’une exclusion totale du gluten (qui pourra cependant peut-être s’imposer parfois !) on pourra proposer plusieurs choses dans une démarche globale de rééducation en micronutrition. Savez-vous déjà que manger stressé et ne pas mastiquer est une source importante d’inflammation et donc de leaky gut ? Il est donc bien possible qu’en mastiquant mieux  et en diminuant les quantités de gluten on puisse éviter une exclusion totale ! Tout simplement. Mais aussi on peut proposer une restauration de la barrière intestinale: il existe des nutriments spécifiques pour cela. Enfin une pourra corriger une éventuelle dysbiose grâce à une alimentation adaptée. Bref, il faut s’occuper de la forêt et pas uniquement de l’arbre gluten qui est devant !  Ceci est une vraie démarche de santé intégrative.

Bruno Mairet, Consultant et formateur en Santé Fonctionnelle et cofondateur de DFM Formations

Pour aller plus loin :

Ma dysbiose est génétique, mais je me soigne par Bruno Mairet

La dysbiose

Voici un terme que vous avez sans doute déjà lu ou entendu si vous vous intéressez à la santé intestinale. L’usage de ce mot a été largement développé avec les récentes découvertes sur le microbiote. En effet, la dysbiose est définie comme un déséquilibre quantitatif ou qualitatif du microbiote. Pour simplifier à l’extrême une situation très complexe (il y a plus de 400 espèces bactériennes dans un équilibre très subtil dans notre intestin) disons que la dysbiose peut se manifester notamment par une  perte de diversité bactérienne, une disparition de « bonnes » bactéries  ou une augmentation d’une flore pathogène. Ces déséquilibres sont  associés à des conséquences très néfastes pour la santé. Le terme dysbiose s’oppose à celui moins connu, d’eubiose, qualifiant un microbiote intestinal « sain ». Les causes de la dysbiose sont multiples et bien connues. Stress, alimentations inadaptées, prise de certaines classes de médicaments (notamment antibiotiques, inhibiteurs de sécrétion gastrique, IPP ), dysfonctions gastriques, biliaires, ménopause, alcools, sports intensifs, toxines, polluants… Savez-vous que des facteurs génétiques peuvent être aussi impliqués ? J’entends déjà certains se demander : « mais pourquoi consacrer un article à cela ? » À quoi bon savoir que nos douleurs intestinales, nos problèmes de constipations récurrentes, nos lourdeurs digestives chroniques sont génétiques ? » Certains diront même que c’est contre-productif, puisque c’est une fatalité contre laquelle nous ne pouvons rien. Cela peut même dangereusement conduire à une déresponsabilisation, à ce que l’on pourrait appeler de « bons prétextes génétiques »: « je n’y peux rien c’est génétique, pourquoi changer mon mode de vie?! ». Alors ne vaut-il mieux pas ne pas s’occuper de génétique, et agir sur les facteurs qui sont à notre portée, c’est-à-dire une bonne partie de ceux que nous avons évoqué quelques lignes plus haut ? Cela parait évident et plein de bons sens. Mais ce n’est plus vrai au XXIe siècle. Voyons cela de plus près.

Polymorphisme génétique

Je tiens à préciser que je laisse ici de côté l’épigénétique. J’ouvre d’ailleurs une petite parenthèse sur ce sujet qui est certes passionnant, très médiatisé, responsabilisant aussi (je peux changer malgré mes gènes !), mais aussi malheureusement trop vite récupéré par des laboratoires irresponsables. Dans un récent congrès de naturopathie, une communication proposait de « tester notre épigénome » à partir de nos cheveux ! Soyons sérieux, l’épigénétique est une science  très complexe, pratiquée dans des laboratoires de pointe et très loin d’être accessible à la routine d’une pratique de naturopathie/micronutrition ! Au mieux peut-on aujourd’hui proposer des produits qui facilitent un processus biochimique appelé méthylation dont on sait qu’il joue un rôle clef dans l’épigénétique. Mais là encore les laboratoires qui vendent ces produits en clamant leur « action épigénétique », sont essentiellement dans du marketing, en surfant sur un terme très tendance. Fermons la parenthèse « épigénétique » et ouvrons en une plus accessible à la pratique : le polymorphisme génétique.

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Autant le terme « épigénétique » est maintenant assez connu, autant celui de « polymorphisme » est rarement évoqué. Et pourtant il s’agit de quelque chose de très important à connaitre avec des conséquences potentielles sur la prise en charge. De quoi s’agit-il ? Il s’agit le plus souvent de variations génétiques mineures touchant un seul nucléotide dans un gène (soit une lettre changée sur en moyenne 30.000 lettres pour un gène !!). Une grande partie de ces variations (dites « SNPs » pour Single Nucleotid Polymorphism) sont sans conséquences. Ainsi, une faute de frappe dans la recette d’un livre de cuisine ne vous empêchera pas dans la plupart des cas de réaliser la recette correctement. En revanche, pour continuer l’analogie, si au lieu de 6 œufs il est indiqué dans la recette 3 œufs (faute de frappe ! variation d’un seul caractère) il se peut que le produit final soit légèrement modifié !! C’est ce qui se passe parfois avec les SNPs. Tous les gènes et donc toutes les protéines présentent des polymorphismes et donc une variabilité fonctionnelle. Donnons un exemple pour être concrets. La toxicité au mercure. De petites variations génétiques sur une protéine sanguine, appelée apolipoprotéine (APO) rendent plus vulnérable aux fameuses intoxications au mercure, car une des fonctions de cette protéine (la chélation ou séquestration du mercure) est perdue. Deux petites lettres, grosses conséquences et une adaptation de mode de vie qui doit être entreprise en conséquence.

Le gène FUT2 dans la dysbiose

Revenons petit à petit au sujet de la dysbiose. Vous avez sans doute déjà entendu parler du mucus intestinal. Il s’agit d’une substance gélatineuse produite par la muqueuse intestinale dont on découvre chaque jour davantage l’implication dans l’équilibre du microbiote. Entre autres, et pour faire simple, disons qu’il sert d’ancrage et offre un support nutritif à certaines bactéries du microbiote. Or, il s’avère que ce mucus est constitué de protéines riches en groupements glucidiques. Pour bien comprendre, plongeons un instant au cœur de la cellule intestinale (précisément la cellule de Goblet qui synthétise le mucus). Suivez le guide-biochimiste !!

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Nous rentrons dans un petit compartiment de la cellule appelé appareil de Golgi et là nous voyons une enzyme à l’œuvre (l’enzyme FUT2 ou Fucosyltransferase 2- qui est concentrée à l’intérieur de la cellule dans la zone en vert foncé sur le schéma) qui greffe un sucre (Fucosyl) sur un disaccharide (lactose) pour obtenir du 2 fucosyl lactose, substance essentielle pour un mucus intestinal de qualité. Mais il s’avère que chez 20% d’entre nous cette enzyme FUT2 est sujette à un polymorphisme (que l’on appelle mutation stop gain) la rendant absente.

Il y a une ou plusieurs mutations sur le gène FUT2. En conséquence, le mucus n’a pas sa glycosylation finale (l’ajout de sucre) et donc c’est un « mauvais mucus ». Il a été montré que ce polymorphisme FUT2, avec son mauvais mucus, est responsable d’un changement du microbiote. Il est d’autre part associé à un risque accru de candidose chronique, de maladie de Crohn, de maladie cœliaque, de diabète de type 1, d’infection du tractus urinaire… Mais ce qu’il faut retenir surtout pour cet article c’est que cette mutation a un effet « bifidoprive », en d’autres termes cette mutation diminue la richesse du microbiote en bifidobactéries qui sont comme chacun le sait des « bonnes bactéries ». Résumons-nous : mutation du gène FUT2  = concerne 20% d’entre nous = induis la production d’un mauvais mucus = générateur de dysbioses liée à un facteur génétique. Certains laboratoires d’analyses spécialisés ont mis en place la recherche de la mutation du gène FUT2 (aux USA notamment on peut pratiquer des recherches très exhaustives de polymorphismes incluant le FUT2 pour un cout inférieur à 100 euros). Il est donc  possible de savoir si l’on présente un polymorphisme sur ce gène (savoir si l’on fait partie des 20%).  

Des produits bifidogènes qui compensent le polymorphisme FUT2

À partir de là, il faut savoir que le 2′ fucosyllactose manquant peut être apporté sous forme de complément alimentaire commercialisé par plusieurs laboratoires en France (cet article n’est évidemment pas une pub, je ne cite donc pas de marque). Ce complément va venir compenser l’absence de l’activité enzymatique d’un patient présentant le polymorphisme FUT2. Le produit ne va pas permettre de rétablir la fonction enzymatique (c’est impossible- seule la thérapie génique permettrait cela ! Or, cette dernière concerne uniquement des protocoles très lourds dans des pathologies graves: thalassémie- hémophilie …). Le 2′ fucosyllactose va permettre de retrouver une bonne population bactérienne intestinale de bifidobactéries : on peut parler d’activité bifidogène. Très bien ! Mais peut-on savoir si ce produit est intéressant même sans avoir fait le test FUT2 ?  Plusieurs indices peuvent  donner envie de le tester.

En premier lieu la présence d’une dysbiose (plutôt sévère).

Cette dysbiose n’est pas épisodique, mais à tendance chronique. Elle est présente depuis longtemps et réfractaire.

D’autre part, cette dysbiose est plutôt très résistante aux probiotiques, c’est-à-dire que malgré une complémentation correctement conduite, les probiotiques n’ont aucun effet sur vous. C’est sans doute un des signes principaux. En d’autres termes, vous êtes non répondeurs aux probiotiques. Pourquoi ? On peut dire que votre mucus « ne retient pas » les bonnes bactéries apportées par les probiotiques. Vous n’êtes donc pas sensibles aux tentatives pour réensemencer votre intestin avec de bonnes bactéries, ce qui, normalement, dans des protocoles bien conduits corrige la dysbiose.

Enfin vous êtes concernés par les pathologies évoquées comme étant à risque (voir quelques lignes plus haut).

La morale de ce texte ? Si vous entendez quelqu’un dire « c’est génétique je n’y peux rien », vous pourrez lui répondre que non seulement il peut corriger les autres facteurs de risques de son problème (se prendre en charge en somme), mais dans certaines situations il peut aussi « soigner » son problème génétique! Elle n’est pas belle la science ?!

Bruno Mairet, Consultant et formateur en Santé Fonctionnelle et co fondateur de DFM Formations

Pour aller plus loin :

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Les polymorphismes en Santé Fonctionnelle

Candida où es-tu ? Que fais-tu ? par Guénaëlle Abéguilé – Partie 2

Cet article est la suite de l’article : connaitre l’ennemi c’est mieux le combattre « Candida pas si Candide

Maintenant que vous me connaissez mieux, MOI, Candida Albicans, vous savez que je peux être responsable de différents troubles : Est-ce moi qui justifie votre fatigue, votre déprime, votre faiblesse immunitaire ? Suis- je le responsable de vos troubles digestifs, de vos mycoses récidivantes ? Est-ce que sans moi vous seriez plus motivé, plus concentré ? Votre libido serait-elle amplifiée ?

Sachez que Je ne choisis pas ma proie au hasard. Je suis peu compatible avec une bonne flore intestinale (microbiote eubiotique). Vos bactéries eubiotiques sont mes pires ennemis ! Lorsque vous préservez votre microbiote, vos bactéries me laissent peu de place pour me développer, de plus elles favorisent la fabrication d’un tapis protecteur pour l’intestin appelé mucines (mucosités protectrice de l’intestin). Les mucines de qualité représentent une formidable niche écologique favorisant le développement de vos bactéries eubiotiques et défavorisant le mien.

Je sommeille donc tranquillement dans votre intestin afin d’attendre le moment opportun pour me développer. Le moment où vos bactéries intestinales sont au plus faibles et vos mucines sont altérées. Si vous souhaitez comprendre comment je me développe, je dois vous livrer encore quelques petits secrets.

J’ai un pécher mignon :

LE SUCRE !!!!! J’adore le sucre ! En revanche, je suis un vrai flémard : j’aime le sucre facilement disponible ! J’ai l’habitude de me faire servir sur un plateau d’argent : bonbons, gâteaux, sucre de table, confiture, yaourts industriels, soda, miel, mais aussi : pain blancs, riz blanc et pâtes blanches et autres céréales raffinées. Plus l’aliment est transformé, raffiné, plus son index glycémique est rapide, et plus je me régale !! Quand tu en manges, je suis au paradis, rien de tel pour me donner un gros coup de fouet et me multiplier. J’utilise cela contre toi, en te donnant des envies irrépressibles de sucre. Mon meilleur ami est l’industrie agroalimentaire ! D’ailleurs je me réjouis d’avance du remaniement ministériel ! Avec l’entrée de mon amie Emmanuelle Wargon, ex lobbyiste en chef de Danone au gouvernement, je sais que j’ai un bel avenir devant moi !

J’élirai plus difficilement domicile chez vous qui consommez beaucoup de fibres alimentaires (fruits, légumes, céréales complètes, légumineuses). Je n’aime pas ça moi, les fibres ! Elles me donnent beaucoup trop de travail pour récupérer les sucres qu’elles contiennent ! En plus elles boostent la croissance de mes pires ennemies : tes meilleures amies : tes bactéries eubiotiques!

Mon 2ème meilleur ami est l’industrie pharmaceutique ! Ils ont découvert plusieurs molécules, parfois utiles, mais souvent utilisées à tord, qui ont fait de moi le maître de ton intestin !

Sur la première marche du podium de ces molécules fantastiques je nommerai : les antibiotiques ! Comme vous le savez, ce sont des antibactériens. Ils n’éliminent pas que vos mauvaises bactéries, les bactéries de votre microbiote sont également très vulnérables à ces molécules. En diminuant votre diversité microbienne intestinale, c’est pour moi le moment propice de coloniser votre intestin ! C’est pour cela que vous faites des mycoses vaginales ou péniennes à chaque traitement antibiotique. Vous pouvez toujours appliquer une crème antifongique sur vos parties intimes, mais je reviendrai, car je suis dans votre intestin !

D’autres molécules interfèrent également négativement avec votre microbiote :

Si vous consommez des AINS (anti inflammatoire non stéroïdien) vous altérez vos mucines, ainsi vos bactéries eubiotiques sont plus fragiles ce qui me donne l’avantage.

Si vous prenez des inhibiteurs de la pompe à proton (anti- acides pour l’estomac), vous modifiez le PH du contenu intestinal et vous altérez la digestion de vos protéines alimentaires: ceci altère la flore intestinale. Vous me voyez venir ??? Encore une fois, c’est moi qui en profite ! Je vous vois réagir : Les IPP sont souvent donnés pour éviter les brûlures gastriques qui accompagnent la prise d’anti inflammatoires !!!! Et là, pour moi, c’est le kiffe total !

La pilule contraceptive n’est pas en reste. Elle n’a pas permis de libérer que la femme ! En diminuant la diversité microbienne de votre intestin, je suis le premier à crier « LIBERTE » !!!

Par ailleurs, Je vous ai parlé du rôle de vos mucines dans l’équilibre de votre flore. La qualité des mucines est très liée à la qualité du microbiote, mais pas uniquement. Sachez que vous avez besoin d’un outil biochimique (une enzyme) qui permet d’attacher un sucre spécifique à ce tapis protecteur. Si vous faites partie des 20% de la population ayant cet outil non fonctionnel (d’origine génétique : FUT 2 non sécréteurs), votre flore sera plus vulnérable, et vous aurez un mal fou à vous débarrasser de moi !

Votre flore sera également altérée si vous ne mastiquez pas ou que vous êtes stressé. Dans ces conditions, vous faites entrer dans votre intestin des aliments non digérés, ceci alimente une flore dysbiotique (désequilibrée), altère vos mucines, ce qui me laisse, encore une fois de plus, de la place pour me développer.

Maintenant que je me suis un peu plus livré, vous comprenez ce qu’il faut faire ou ne pas faire pour éviter ma prolifération ! Entre nous : qui peut prétendre manger suffisamment de fibres, pas trop de sucre ou d’aliments à charges glycémiques élevées? Manger sans stress, bien mâcher. Ne pas prendre de médicament ni de pilule contraceptive ? Je suis un produit de l’évolution, j’ai su profiter de l’inadaptation entre votre microbiote et votre comportement! Et tout ça avec un minimum d’effort !

Vous avez bien compris, si vous ne voulez pas de moi : respectez votre microbiote intestinal qui est l’un des piliers fondamentaux pour la santé !

Je pensais vous livrer tous mes secrets en 2 articles , mais je suis un grand bavard et je ne suis pas encore prêt pour vous présenter mon talon d’Achille. Je vous livrerai donc cela dans un troisième article ! Ceci me laisse encore quelques jours pour me servir de vous !

Naturellement Votre !

Guénaëlle Abéguilé, Consultante et formatrice en santé fonctionnelle – Cofondatrice de DFM Formations