Porosité intestinale : késako et cause, mise en évidence biologique et prise en charge par Bruno Mairet

Quand la muqueuse intestinale souffre de perméabilité…

La recherche nous amène tous les jours à en devenir toujours plus conscients :  le microbiote intestinal a une influence sur des organes précis (axe intestin-cerveau, axe intestin-poumon, … ) mais en réalité son déséquilibre peut avoir un impact sur le corps entier. En effet, toutes les dysbioses, ou désordres intestinaux, peuvent provoquer ce que l’on appelle une « perméabilité intestinale ». Lorsque l’écosystème intestinal est « en bonne santé », la muqueuse de nos intestins est imperméable aux bactéries et aux fragments alimentaires non digérés. Seuls les nutriments digérés peuvent passer cette barrière (schéma ci-dessous). En cas de dysbiose, la muqueuse intestinale peut devenir poreuse  : elle présente de véritables trous, qui laissent passer des éléments étrangers dans notre corps.

Cette fuite intestinale (les Anglo-Saxons parlent de leaky gut, ou « intestin qui fuit ») est à l’origine d’une inflammation, car notre système immunitaire réagit alors contre  les antigènes bactériens et contre les fragments d’aliments non digérés qui traversent notre intestin, devenu une passoire ! Des molécules de l’inflammation vont alors diffuser dans tout notre corps et avoir des impacts multiples. Les désordres intestinaux permanents peuvent ainsi conduire à une inflammation chronique de tout notre organisme.

Les conséquences de la perméabilité intestinale

Nous savons depuis quelques années déjà que cet état inflammatoire a des conséquences majeures sur notre santé  : surpoids, obésité, maladies cardio-vasculaires, auto-immunité, cancers, dépressions, maladies dégénératives… Cette inflammation chronique semble aussi avoir des conséquences sur les risques de complications inflammatoires dans les cas de maladie infectieuse, comme la Covid-19. Nous savons d’instinct que tout feu peut s’embraser plus vite sur des braises. Il en est de même pour les feux inflammatoires de notre corps. Si vous avez en permanence un petit feu dans votre sang, alors un gros départ de feu lié à un virus mal contrôlé (comme le SARS-CoV-2) peut conduire à un incendie mortel ! C’est une des raisons pour lesquelles les personnes en surpoids ou obèses risquent plus de faire une forme grave de Covid  : ils sont toujours en état inflammatoire chronique (lié en partie à leur intestin, mais également à leurs tissus gras, qui génèrent aussi de l’inflammation). Ainsi, plus qu’on ne l’avait jamais imaginé, prendre soin de son intestin est vraiment vital et doit devenir une stratégie de prévention anti-infectieuse.

Identifier les causes de la porosité intestinale

Vous le savez, les dysbioses s’accompagnent souvent d’un intestin hyperperméable, mais elles ne sont pas la seule cause de cette affection. Beaucoup de maux imputables à la consommation de gluten (la protéine du blé et d’autres céréales, comme l’avoine, l’orge, le seigle ou l’épeautre) sont liés à cette porosité intestinale. En effet, par une action directe sur notre muqueuse intestinale, le gluten peut amener notre intestin à devenir une véritable passoire. Il n’est pas le seul à avoir ce pouvoir nocif ! La liste est longue  : de l’hypersensibilité alimentaire à des médicaments bien connus en passant par le stress et à la pratique intensive du sport…

  • Les « allergies » alimentaires : il n’est pas question ici des allergies alimentaires vraies (allergies induisant la production d’une catégorie d’anticorps appelés IgE), celles qui donnent des symptômes aigus et violents avec de petites quantités d’aliments (crustacés, arachide, soja…), mais des « allergies alimentaires » à IgG, qui provoquent une inflammation chronique de l’intestin (pour éviter la confusion avec les allergies vraies, on parle, pour être précis, d’hypersensibilité alimentaire ou d’allergie alimentaire de type III). Ces hypersensibilités peuvent être la cause et la conséquence d’une porosité intestinale. Outre le gluten, on retrouve souvent des hypersensibilités à la caséine (protéine du lait), à l’ovalbumine ou à d’autres protéines de l’œuf (très fréquent), ou encore aux oléagineux. En réalité, tous les aliments peuvent potentiellement conduire à une hypersensibilité. Il existe des tests pour les rechercher. Une fois qu’ils sont identifiés, on procède à une éviction du ou des aliments incriminés pendant une période plus ou moins longue, pour permettre de calmer l’inflammation et de réparer la muqueuse.
  • Les antibiotiques sont encore trop souvent automatiques ! Ce sont de véritables bombes pour notre microbiote et notre écosystème intestinal. Certes, grâce à leur usage, on tue des bactéries pathogènes, mais les dégâts collatéraux sont parfois considérables. Les traitements antibiotiques récurrents chez les enfants ou chez les personnes âgées fragiles sont une catastrophe pour le microbiote et la muqueuse intestinale. On devrait toujours s’occuper de sa muqueuse intestinale après une antibiothérapie.
  • Les antiacides (IPP) sont prescrits en cas de reflux gastro-œsophagien, mais les usages abusifs et trop prolongés sont fréquents. En diminuant l’acidité de l’estomac, ils réduisent celle de l’intestin grêle, or le climat légèrement acide de ce dernier empêche certaines bactéries d’y proliférer. Les IPP peuvent ainsi être responsables du développement d’un SIBO, qui est, rappelons-le, une dysbiose de prolifération de bactéries dans le grêle. Il a été montré également que la prise d’IPP augmente le risque d’infection à la Covid-19. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens altèrent la production du mucus intestinal, élément protecteur de la muqueuse. Il est à noter que ces produits, comme leur nom l’indique, vont certes calmer les états inflammatoires dans notre corps, mais ils vont d’un autre côté, par le biais de la porosité intestinale qu’ils induisent, provoquer un état d’inflammation chronique, et donc augmenter les problèmes initiaux. Il faut donc essayer de faire appel à d’autres stratégies anti-inflammatoires.
  • Les chimiothérapies : les désordres intestinaux importants font partie des effets secondaires fréquents des chimiothérapies. On devrait toujours s’occuper de la muqueuse intestinale après une chimiothérapie. En effet, celle-ci a pour objet de freiner le développement des cellules à division rapide, dont font partie les cellules cancéreuses. Les cellules de la muqueuse intestinale étant aussi des cellules à division rapide (50 milliards de cellules intestinales sont produites par jour pour régénérer la muqueuse), la chimiothérapie les affecte considérablement. C’est la raison pour laquelle les principaux effets secondaires des chimiothérapies touchent l’intestin.
  • Beaucoup d’autres médicaments ont des effets néfastes sur le microbiote. On comprendra, en voyant cette liste (notamment antibiotiques, antiacides, anti-inflammatoires), pourquoi nos seniors ont tant de désordres au niveau de leur écosystème intestinal et présentent tant de risques de porosité inflammatoire. Le vieillissement en lui-même fragilise d’ailleurs la muqueuse intestinale. C’est une des explications, parmi bien d’autres, de la vulnérabilité de nos seniors face à la Covid-19.
  • Les pesticides : on sait que ce sont des produits mutagènes, des perturbateurs endocriniens, mais on sait moins combien ils perturbent nos intestins de manière insidieuse. Une raison de plus de se tourner vers les produits d’origine biologique certifiés sans pesticides. Les additifs alimentaires  : le dioxyde de titane (ou E171) par exemple, que l’on trouve dans de nombreux produits alimentaires, provoque une inflammation intestinale à l’origine de la porosité. La solution est simple, il faut manger des aliments primaires, non transformés.
  • L’alcool : la porosité intestinale induite par une consommation chronique et excessive d’alcool est sans doute une des raisons des désordres hépatiques. Les fonctions du foie sont perturbées dès que l’on a un peu d’inflammation dans notre corps (l’activité de détox naturelle, entre autres, est ralentie).
  • Le stress : il provoque également une fragilité de notre muqueuse intestinale (notamment de la muqueuse gastrique). Les solutions sont nombreuses pour y remédier (cohérence cardiaque, méditation, stimulation nerf vague …)
  • Le jeûne prolongé  : eh oui, prudence avec les jeûnes prolongés (plus de 7 jours) car, par différents mécanismes, ils peuvent conduire à une fragilité de l’intestin… Mais ce n’est pas le cas des jeûnes brefs (de un à trois jours), où les intestins sont mis au repos.
  • Le sport intensif : il génère lui aussi une hyperperméabilité intestinale. Pour quelle raison ? Pendant l’effort intensif, le flux sanguin va être majoritairement dirigé vers les muscles, le cœur, les poumons. L’intestin, non essentiel à la réussite de l’effort sportif, va être hypoperfusé en sang (le flux sanguin diminue au niveau de l’intestin). Lors d’un marathon, par exemple, l’intestin ne va recevoir que 10 % de la quantité de sang qu’il reçoit habituellement ! Cette hypoperfusion va induire un manque d’oxygène au niveau de l’intestin (une ischémie), qui va alors fragiliser la muqueuse en créant un stress oxydatif. Lorsque l’effort cesse, le sang revient brusquement dans l’intestin (reperfusion). Ce flot de sang peut lui aussi fragiliser la muqueuse. Ces deux processus, ischémie et reperfusion, peuvent conduire à un intestin poreux. Le sportif doit donc prendre grand soin de ses intestins.

Mise en évidence : Comment savoir si mon intestin est poreux ?

  • La clinique

Si vous avez en permanence des troubles intestinaux (ballonnement, diarrhée, constipation, douleurs…), la probabilité que vous ayez un intestin poreux est grande. Et c’est la même chose si vous prenez régulièrement certains des médicaments évoqués ou si vous présentez des facteurs de risque (stress, repas rapide, sport intensif, alcool…). Il y a aussi des symptômes extradigestifs qui sont évocateurs : fatigue, maux de tête (pour les femmes, en particulier avant les règles), eczéma, douleurs articulaires, brouillard mental. Pour lever le doute sur la présence d’une porosité intestinale, et donc un surrisque inflammatoire, vous pouvez demander à un professionnel de santé formé en santé fonctionnelle un dosage de marqueurs de porosité. Il en existe deux principaux.

  • Les marques de porosité
    • Le dosage de la zonuline (qu’on rechercha plutôt dans les selles) permet de mettre en évidence une porosité de la muqueuse de l’intestin grêle. On fera plutôt ce test en cas de suspicion de SIBO, de candidose, de prise d’antiacides (IPP), de stress, d’allergies alimentaires ou d’intolérance au lactose…
    • Le dosage des LBP (lipopolysaccharides binding protein) dans le sang permet de rechercher une porosité de la muqueuse du côlon. On fera plutôt ce test en cas d’absence de mastication, de prise chronique d’antibiotiques, de sport intensif, de dysbiose de fermentation ou de putréfaction suspectée, de prise d’alimentation industrielle, d’inflammation chronique.
  • Autres biologies nutritionnelles

Zonuline et LBP sont des marqueurs spécifiques pour rechercher une porosité intestinale, mais en réalité de nombreuses biologies nutritionnelles peuvent nous donner une idée sur une fragilité de la barrière : le zinc, la vitamine D, la vitamine B12, la vitamine A, la CRPus.

Ci-dessous biologie d’un patient avec une forte suspicion de fragilité de barrière : B12, zinc et vitamine D effondrée… (et CRPus élevée mais à ce taux-là se cache une autre cause !!)

Comment soigner un intestin poreux et inflammatoire ?

En premier lieu, on doit déjà considérer la cause du problème, en éliminant ou en modérant les facteurs déclenchants évoqués dans la liste ci-dessus. Nous ferons également appel à certaines substances qui vont avoir un rôle cicatrisant sur la muqueuse intestinale. Il y a des trous dans la muqueuse intestinale, il faut les réparer, les aider à cicatriser, de la même manière qu’on aide à cicatriser une blessure cutanée. Parmi ces compléments, certains nous sont déjà connus pour leur action sur l’immunité. Ils permettront de faire d’une pierre deux coups… La glutamine est un carburant essentiel pour toutes les cellules qui ont un taux de multiplication rapide, or la muqueuse intestinale de l’intestin grêle se régénère toutes les 36 heures. Si elle est trop exposée à des agressions, elle n’arrive pas à se réparer. La glutamine est le premier cicatrisant intestinal à privilégier. On le prendra à la dose de 3 g par jour, le temps de la disparition des symptômes. Les cellules de la muqueuse du côlon, elles, ont besoin d’un acide gras spécifique comme carburant, le butyrate. Lorsqu’il y a une perméabilité du côlon, qui est à l’origine d’une inflammation, on pourra apporter du butyrate sous forme de complément alimentaire, à raison de 500 mg par jour jusqu’à la disparition des symptômes. Le zinc est un micronutriment que l’on connaît bien. Pour se multiplier rapidement, les cellules intestinales sont dépendantes d’un bon taux de zinc. Si le vôtre est bas, c’est un facteur de risque supplémentaire pour la fragilisation de votre muqueuse intestinale. Voilà une raison supplémentaire pour demander à un professionnel de santé formé à la micronutrition de le doser par des analyses

Les vitamines A et D sont aussi essentielles à la muqueuse intestinale. Enfin, on pourra associer des plantes ou des épices qui ont une action antivirale et anti-inflammatoire, comme le boswellia (de 300 à 400 mg par jour) ou le curcuma (200 mg par jour), ou encore la quercétine (500 mg par jour), le temps de la disparition des symptômes.

Ce texte est un extrait du livre de Bruno Mairet « Défendez-vous – Contre les infections, taillez-vous une immunité sur mesure »

Formations

Une légende indienne pour comprendre l’immunité et la santé fonctionnelle… Par Bruno Mairet

Héritage pasteurien oblige, nous avons une vision de la lutte contre les maladies infectieuses très manichéenne, dualiste : le bien contre le mal, une guerre acharnée entre les microorganismes (virus, bactérie) d’un côté et le système immunitaire de l’autre. Cette conception très simpliste qui date du 19e siècle s’est bien ancrée dans nos croyances au 20e avec les stratégies vaccinales. Inutile de démonter combien elle perdure aujourd’hui dans les stratégies médicales mainstream. Or, la science, la vraie (pas celle que l’on agite dans les médias pour faire passer certaines pilules… enfin pas vraiment la pilule si vous voyez ce que je veux dire) depuis près de deux décennies, a littéralement révolutionné notre vision de l’immunité. Une fois n’est pas coutume, pour expliquer ce concept moderne de l’immunité, je vais parler comme un vieux sage ! 

Connaissez-vous la légende indienne « Les 6 aveugles et l’éléphant » que l’on retrouve déjà dans un texte bouddhique datant de 500 ans av. J.-C. ? Vous pourrez en trouver une version complète ici.  Comme je suis un sage un peu moderne et surtout pressé (!), je vais vous en donner une version « post » !

C’est l’histoire de 6 hommes aveugles, mais très instruits et curieux qui décident pour la première fois de rencontrer un éléphant. Lors de cette rencontre, chaque homme touche une partie différente de l’éléphant et arrive à une conclusion concernant sa nature. Le premier qui touche le flanc décrète qu’un éléphant est comme un mur. Le second qui touche une défense est certain qu’un éléphant est comme un sabre. Le troisième qui saisit la trompe l’identifie avec un serpent. Pour le quatrième qui s’empare de l’oreille, nul doute un éléphant est comme une grande feuille. Pour le sixième qui prend à bras le corps une jambe, un éléphant ressemble à un arbre. Enfin, pour que le sixième qui attrape la queue, la réalité d’un éléphant est proche d’une corde. Des discussions vives s’en suivent alors et l’apaisement entre les 6 hommes ne sera dû qu’à l’arrivée d’un sage qui confirmera à chacun la véracité de sa découverte, et les encouragera à une mise en commun de leur savoir pour une juste vision de la nature d’un éléphant.   

Transposons cette fable à notre sujet de l’immunité ! Depuis 20 ans, les sciences biologiques ont complètement révolutionné la vision de l’être humain et au passage ont questionné la nature de l’immunité. Qu’est-ce donc que cette capacité biologique d’une complexité inimaginable* ? Nous avons, six aveugles, médecins ou scientifiques, qui s’approchent de l’immunité et en touche une partie.

Le premier aveugle est immunologiste et fort du fait que ce sujet est sa discipline, il décline son savoir énorme sur les cellules de l’immunité et leurs très complexes interactions, ainsi que les dizaines de substances, appelées cytokines qui participe de la communication de ce système. Il pourrait d’ailleurs avoir écrit ce livre qui traduit bien la complexité de ce système.

Le deuxième est gastroentérologue, il est convaincu que l’immunité se forge au cœur de l’intestin dans un système complexe qu’il appelle l’écosystème intestinal.

Le troisième est endocrinologue, il argumente sur le fait que lorsque ses patients sont en hypothyroïdie ou très stressés (cortisol très élevé) ils montent des faiblesses immunitaires.

Le quatrième est chercheur-généticien. Pour lui, une grande partie de nos capacités immunitaires (forces et faiblesses) se retrouvent dans les gènes à travers ce que l’on appelle des polymorphismes fonctionnels.

Le cinquième est psychiatre. Comme le troisième, « il palpe, il capte l’immunité » à travers son expérience clinique. Si mes patients sont déprimés, explique-t-il aux cinq autres aveugles, ils sont beaucoup plus vulnérables aux infections.

Le sixième est un chercheur-gériatre, spécialisé dans la dénutrition et la sarcopénie. Pour lui, l’immunité est affaire de muscles. Cela ne fait aucun doute, un sénior sans muscles est un sénior à l’immunité faible.

Contrairement aux hommes de la légende indienne, ces différents aveugles, scientifiques ou médecins, pourraient se comprendre et s’entendre s’ils se retrouvaient et s’ils prenaient le temps de s’intéresser au savoir des autres. Car leurs savoirs sont universels (publiés) et ils peuvent se comprendre mutuellement.

Mais bizarrement personne, aucun sage, ou presque, « ne les encourage à une mise en commun de leur savoir pour une juste vision de la nature de l’éléphant (immunité) » !

Dans la société d’aujourd’hui confrontée à une épidémie, seul le point de vue de l’aveugle immunologiste est considéré !! (Et encore, son savoir très complexe est ultra-simplifié pour être utilisé commercialement). Qu’en est-il du savoir des autres aveugles pour nous donner une juste vision de l’immunité.**

En médecine ou santé fonctionnelle, nous essayons face aux pathologies que nous abordons d’être ce sage qui invite à intégrer un savoir global, systémique : une vision de l’éléphant avec les différents points de vue des aveugles !

Ainsi par exemple, une dépression est approchée et considérée avec le point de vue :

  • De l’aveugle-gastroentérologue : lien intestin cerveau 
  • Mais aussi avec le point de vue de l’aveugle-endocrinologue : une bonne fonction thyroïdienne – encore elle – est importante pour de bonnes fonctions psychiques
  • De certains autres aveugles : comme un gynécologue qui nous apprend que la progestérone est un psychotrope naturel de la femme
  • De l’aveugle-généticien : des polymorphismes génétiques – MTHFR par exemple – jouent un rôle causal dans la dépression

Sans oublier bien sûr celui de l’aveugle spécialiste, le psychiatre… etc. …

C’est tout l’art de la médecine ou santé fonctionnelle d’essayer d’approcher cette complexité grâce à différents outils dont nous avons parlé dans un précédent article.  C’est la compréhension et l’utilisation de ces outils que nous apprenons dans les formations de DFM pour devenir ces « sages » qui « encourage à une mise en commun du  savoir pour une juste vision de la nature d’un éléphant » !!

Bruno Mairet, Consultant et formateur en santé fonctionnelle – Cofondateur de DFM Formations

 

*J’emploie souvent ce terme pour parler des fonctions biologiques. On me l’a fait remarquer ! Ce n’est pas qu’une façon de parler. La pensée humaine n’est pas capable (inimaginable) de comprendre les systèmes biologiques. Leur complexité est telle qu’une nouvelle science, la biologie systémique, approche la description des systèmes biologiques grâce aux mathématiques et à des modélisations numériques très poussées. Grâce à ces outils, elle peut au mieux actuellement, effleurer cette complexité du vivant ! Alors quand on entend affirmer que tout est sous contrôle avec des processus de thérapies expérimentales, que l’on sait exactement ce que l’on fait, de deux choses l’une : soit c’est de l’ignorance, soit des mensonges impardonnables…

** j’ai essayé d’intégrer les points de vue des 6 aveugles dans mon livre « Défendez-vous, contre les infections, taillez-vous une immunité sur mesure »

 

 

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Les outils d’investigation du praticien en santé fonctionnelle (1re partie) Par Bruno Mairet

Vous êtes praticien de santé intéressé par l’état d’esprit de la santé fonctionnelle, mais vous connaissez finalement assez mal ce qu’elle promet.

Ou bien vous êtes patient et vous avez entendu parler de la santé fonctionnelle, mais vous n’avez que peu d’idées de ce que va vous proposer le praticien que vous envisagez de consulter.  De quoi s’agit-il ? Santé fonctionnelle, est-ce un autre nom pour la naturopathie ? Est-ce uniquement basé sur de la nutrition ? Va-t-on essentiellement rechercher vos carences et vous proposer des vitamines et des minéraux (des micronutriments) ?

Qu’est-ce que la santé fonctionnelle ? Découvrir ses outils à travers cet article va vous permettre de mieux comprendre cette démarche. Mais il me faut avant cela vous dire quelques mots sur ses objectifs. C’est en effet une approche fonctionnelle de la maladie. Définissons donc d’abord ce mot « fonctionnel ». 

La médecine traditionnelle aborde le corps humain (et donc le patient) à travers un découpage d’organe. Ainsi, suivant l’organe touché par le ou les symptômes vous aurez rendez-vous avec le cardiologue, le neurologue,  l’urologue, le dermatologue…   En santé fonctionnelle, nous approchons le corps humain (et donc le patient) à travers un découpage fonctionnel. De quoi s’agit-il ? Pour être en bonne santé, le corps humain doit accomplir de grandes fonctions physiologiques et biochimiques (suivant les praticiens, ces grandes fonctions sont appelées piliers ou axes fonctionnels) : fonctions digestives, fonctions de détoxification, fonctions immuno- inflammatoires, fonctions métaboliques, fonctions neuropsychiques, fonctions hormonales. Or ce qui est essentiel à comprendre c’est que la réalisation d’une fonction par notre organisme n’est pas limitée (cantonnée) à un organe. La fonction digestive par exemple, ne concerne pas (loin de là !) que les organes digestifs ! Peuvent être impliqués dans une santé digestive : les fonctions neuropsychiques (qui n’a pas expérimenté l’impact de ses émotions, de son anxiété sur son estomac et son intestin !) ; les fonctions hormonales (par exemple, il y a un fort impact des hormones thyroïdiennes, des œstrogènes, du cortisol sur les fonctions digestives), les fonctions immuno-inflammatoires (un terrain inflammé va potentiellement exacerber certaines dysbioses intestinales)… Le praticien en santé fonctionnelle ne traite pas des pathologies d’organes (c’est le travail du médecin qui peut être indispensable dans certaines situations), mais il apprend à comprendre, à investiguer et à réharmoniser des fonctions. C’est un véritable métier, très spécifique, pour lequel il faut maitriser des outils « fonctionnels ». Découvrons-les maintenant.

Les outils d’investigations fonctionnelles

Bien évidemment avant d’envisager la prise en charge d‘un patient  (en lui proposant des « actions thérapeutiques » avec des outils d’intervention, qui répondent à sa plainte) il faut en tout premier lieu réaliser un bilan sur sa situation et son « identité fonctionnelle » en recueillant de nombreuses informations. En santé fonctionnelle, nous appelons cela une investigation car il s’agit véritablement d’une démarche logique, méticuleuse et scientifique. Une enquête à la recherche de preuves, d’indices, et de « témoignages » que l’on recoupe entre eux pour, au final, mettre le doigt sur une ou plusieurs dysfonctions, « coupable(s) » de la souffrance du patient !

  • Outil n°1 : le bilan clinique fonctionnel

L’investigation clinique en santé fonctionnelle est très structurée. C’est notre outil de base. Il s’agit d’investiguer avec un interrogatoire clinique détaillé les différentes fonctions évoquées ci-dessus. Quel que soit le motif de consultation, le praticien investiguera toujours l’ensemble des grands piliers fonctionnels. Prenons le cas d’un patient avec de gros troubles digestifs (dyspepsie, constipation, douleurs chroniques…). Nous évaluerons la fonction digestive (axe ou pilier digestif) avec de nombreuses questions spécifiques à la digestion, au transit, aux douleurs, aux spasmes intestinaux… Puis nous investiguerons toutes les autres fonctions avec systématiquement les mêmes séries de questions. C’est une étape de « découpage fonctionnel » indispensable (une analyse fonction par fonction). À la fin de ce bilan clinique vient une étape de synthèse fonctionnelle réalisée par le praticien. Il s’agit de faire des liens entre les différentes dysfonctions repérées. Dans notre cas patient, l’investigation de la fonction hormonale aura révélé une dysfonction thyroïdienne (fatigue, frilosité, perte de cheveux…). Le praticien la mettra en lien avec les altérations de la fonction digestive (une hypothyroïdie ralentit la sécrétion des sucs digestifs). Il y aura peut-être beaucoup d’autres liens fonctionnels…  Le tableau d’enquête ci-dessus est une bonne illustration de ce à quoi le praticien devrait arriver à l’issue de son bilan fonctionnel : des hypothèses, des suspects, des liens compromettants… Partant de là, il va pouvoir utiliser (si besoin) son 2e outil pour valider son raisonnement, préciser les degrés d’influence, appeler à la barre certains témoins, etc…

  • Outil n°2 : les analyses biologiques fonctionnelles

Le laboratoire, c’est l’outil des « experts » de la santé fonctionnelle ! Nous parlons ici d’analyses biologiques (sang, urine, salive, selle…) qui sont pour la plupart peu connues des médecins s’ils ne sont pas spécifiquement formés (elles ne leur sont pas enseignées pendant leurs études de médecine). Ces analyses, réalisées souvent en laboratoire spécialisé, sont recommandées par le praticien à la suite du bilan clinique, pour investiguer plus avant telle ou telle fonction. Il faut savoir que pour chacune des grandes fonctions il existe plusieurs dizaines d’analyses possibles. C’est un répertoire que le praticien doit bien connaitre. Il doit savoir quelle analyse utiliser, dans telle ou telle situation, pour valider ses hypothèses,  retrouver une pièce à conviction, prouver une complicité… Reprenons notre cas patient. Étant donné le motif de consultation intestinal, on peut s’attendre (et le patient en premier lieu) à ce que notre praticien investigue l’intestin avec des analyses spécifiques à cette fonction. Mais il surprendra peut-être son patient en investiguant plutôt les hormones thyroïdiennes, les micronutriments nécessaires à la fonction thyroïdienne (fer, sélénium, zinc, iode, vitamine A…), le cortisol et certaines analyses spécifiques du terrain inflammatoire…  À l’issue de ces analyses peut-être désignera-t-il des carences profondes en fer, iode et zinc (bingo le patient est végan !) à l’origine d’une hypothyroïdie, elle-même à l’origine d’une dysfonction digestive multiforme ! 

  • Outil n°3 : la génétique fonctionnelle

C’est un outil « d’expert » qui bien souvent ne sera pas utilisé au tout début de l’investigation. Le praticien pourra cependant y faire appel pour expliquer des « faits » qui restent non résolus malgré son enquête méticuleuse (avec les deux premiers outils). Grâce à des analyses très simples à réaliser (prélèvement salivaire), on part à la recherche de caractéristiques génétiques spécifiques sur certains gènes  (on parle de polymorphisme) qui vont altérer certaines fonctions (ce sont des tests très connus et pratiqués aux USA). Il ne s’agit pas de rechercher une maladie génétique (mutation à l’origine d’une hémochromatose, mutation à l’origine de mucoviscidose, mutation à l’origine de déficit de coagulation – facteur V de Leiden –  etc…), car ceci est un domaine très spécifique qui est du ressort de la médecine. On reste dans le domaine de la santé fonctionnelle, en investiguant les gènes d’un point de vue… fonctionnel ! Il s’agit d’une démarche de génétique fonctionnelle. Reprenons notre cas patient. Malgré un soin tout particulier apporté à la thyroïde par le praticien, une des hormones thyroïdiennes du  patient (la T3) reste toujours plutôt basse faisant persister des symptômes. La mise en évidence d’une dysfonction d’un gène (appelé polymorphisme de l’enzyme DIO2 dans ce cas) va permettre d’expliquer cette anomalie de « synthèse » de l’hormone T3. Bien sûr, on ne pourra pas dans cette situation modifier ce gène  (une caractéristique génétique c’est pour la vie,  sauf thérapie génique réservée à des protocoles encore – et peut-être pour toujours – expérimentaux), mais on aura malgré tout des réponses thérapeutiques adaptées à cette découverte (on ne fait aucune investigation qui n’a pas comme finalité l’amélioration clinique du patient).

On constate combien il aura fallu ainsi investiguer en profondeur pour pointer du doigt cette dysfonction. On est loin ici du coupable tout désigné initialement : l’intestin ! Avec cette conclusion que je vous présente, vous n’échapperez  pas sans doute à la tentation de penser que les outils d’analyses (biologiques et génétiques) sont les clefs principales du praticien en santé fonctionnelle. Aussi il n’est pas inutile de bien remarquer combien toute cette technicité (outil n°2 et n°3) s’appuie en fait sur un parfait bilan clinique initial (outil n°1). Dans notre cas patient, si le praticien passe à côté de la dysfonction thyroïdienne dans son investigation clinique initiale, toute « l’enquête » peut prendre une direction différente avec le risque de mauvaises inculpations (avec en conséquence probable, un patient non guéri) !! L’investigation clinique reste donc la pierre angulaire du praticien en santé fonctionnelle, même s’il dispose également d’outils de pointe !

  • Outil n° 4 : l’observation du cycle féminin

C’est un outil qui peut être très puissant pour investiguer et comprendre des dysfonctions hormonales féminines. C’est aussi un outil très particulier puisque dans ce cas c’est la patiente qui va faire les observations à la demande du praticien (pas de laboratoire dans ce cas !). Suivant la méthode utilisée, la patiente sera amenée à évaluer la qualité de sa glaire cervicale, et/ou à relever sa température corporelle : ainsi c’est elle qui réalise « l’analyse » même si c’est le praticien qui l’interprètera. Une des idées maitresses de cette observation est d’apprendre à la patiente à repérer son ovulation, moment clef dans le cycle féminin. C’est autour de ce point pivot fonctionnel que tout s’articule. Nous aurons alors des informations précieuses sur la durée, mais aussi la qualité de la phase folliculaire, sur la durée et la qualité de la phase lutéale, sur la qualité ovulatoire et sur l’équilibre oestroprogestatif. Grâce à cet outil, le praticien peut mieux prendre en charge les dysfonctions ovulatoires et les troubles associés (SOPK, endométriose, syndrome prémenstruel…). Mais en tant qu’outil fonctionnel, il permet plus généralement d’investiguer la sphère hormonale féminine si importante dans les consultations de santé fonctionnelle. Il permettra notamment au praticien de faire réaliser des dosages d’hormones sexuelles et/ou de proposer les compléments, plantes ou hormones bioidentiques au bon moment du cycle.

Reprenons notre cas patient… ou plutôt patiente. Au bilan clinique (investigation de la fonction hormonale), le praticien avait suspecté un déséquilibre oestroprogestatif. L’analyse biologique réalisée au bon moment du cycle (grâce à l’outil d’observation) permet de confirmer et de quantifier ce déséquilibre qui avait peut-être été suspecté par l’observation du cycle. Or, ce déséquilibre oestroprogestatif peut affecter les hormones thyroïdiennes ! Ceci explique pourquoi les symptômes de cette patiente se manifestaient davantage avant ces menstruations (phase du cycle où ce déséquilibre oestroprogestatif est le plus patent ! Cet outil de gynécologie fonctionnelle  a ainsi servi à mieux cerner le trouble digestif initial !  À nouveau cette démarche nous montre combien la recherche des causes fonctionnelles nous éloigne parfois beaucoup des organes sur lesquels se manifestent les effets.

Et cerise sur le gâteau : avec la santé fonctionnelle il y aura beaucoup de bénéfices collatéraux qui vont se manifester lors de la prise en charge de la cause (contrairement aux médicaments qui provoquent souvent des dégâts collatéraux !). Car si la plainte initiale de notre patiente était l’intestin, les bénéfices d’un réglage hormonal thyroïdien et oestroprogestatif seront énormes pour sa santé globale !

Comme vous l’avez compris, tous ces outils d’investigations font l’objet d’une expertise très pointue qui nécessite des formations spécifiques. DFM formations à l’ambition de former des praticiens en santé maitrisant ces 4 outils.

La deuxième partie de cet article présentera les outils d’interventions de la santé fonctionnelle.

Bruno Mairet, Consultant et formateur en santé fonctionnelle – Cofondateur de DFM Formations

Pour aller plus loin :

Une formation diplômante de 13 jours répartis en 6 modules. Avec Guénaëlle Abéguilé et Bruno Mairet. Disponible en, présentiel à Paris ou Rennes, en E-Learning ou Classe virtuelle.

Un outil d’évaluation clinique de la qualité de l’ovulation et de prise en charge thérapeutique

Personnaliser, individualiser une prise en charge : pourquoi et comment ? Exemple de l’immunité. Par Bruno Mairet

Vous n’entendrez jamais un praticien dire qu’il ne cherche pas à individualiser la prise en charge de ses patients, et qu’il fait pareil pour tout le monde ! C’est presque inavouable !  Et pourtant, lorsque l’on regarde bien, il y a souvent peu de sur-mesure dans l’approche de la maladie aujourd’hui. Pour s’en convaincre, prenons un sujet d’actualité : l’immunité.

On pense qu’avoir une bonne immunité c’est l’affaire du système immunitaire. Qu’il suffit d’en prendre soin, de le booster et que le tour est joué !  

Or, ce point de vue, issu d’une vision du corps humain divisé, segmenté en parties, en systèmes, qui ont chacun leurs fonctions spécifiques (le système immunitaire s’occupe de l’immunité, le système digestif s’occupe du digestif, le système musculaire du mouvement …) est révolu. 

Les progrès des sciences biologiques depuis ces 20 dernières années, ont révolutionné la vision de notre organisme. Une bonne immunité implique le système digestif, le système musculaire, le système hormonal, le système endocrinien, le système vasculaire, le tissu adipeux, le système nerveux… De là découle un concept fondamental : celui de l’immunité totale

Pour bien s’occuper de l’immunité d’une personne, il faut avoir une vision d’ensemble de sa physiologie et de sa biochimie et corriger ce qui est essentiel, voire causal. C’est ainsi qu’on peut personnaliser, faire du sur-mesure dans la prise en charge d’un patient. Or, ce qui est vrai pour l’immunité est vrai pour tous les problèmes de santé. L’art et la dynamique d’une nouvelle approche de la santé, consiste à savoir faire des liens entre les différents systèmes. De là, la possibilité de remonter à la cause. J’ai un problème de digestion, et si cela venait de la thyroïde ? J’ai un problème d’inflammation et si cela venait de mon surpoids (tissu adipeux) ?  J’ai un problème de dépression récurrente et si cela venait de mon intestin ? Etc…

La conférence qui suit illustre ce concept clef à travers le sujet de l’immunité. Elle nous fait toucher du doigt la notion de sur-mesure et l’importance de la démarche fonctionnelle.

Bruno Mairet, Consultant et formateur en Santé Fonctionnelle et cofondateur de DFM Formations

 

Livre  « Défendez-vous ! – Contre les infections,taillez-vous une immunité sur mesure » de Bruno Mairet aux éditions Solar

Paru le 16 septembre 2021 en librairie.
 

Savez-vous qu’un bon microbiote est votre première barrière anti-infectieuse ? que les aliments gras ou sucrés vous exposent au risque de faire des inflammations sévères ? que plus de 30 vitamines, minéraux et micronutriments peuvent vous servir à renforcer vos défenses immunitaires ?

Avec la pandémie mondiale, le sujet de l’immunité revient brusquement sur le devant de la scène. Aujourd’hui, nous prenons conscience du rôle clé d’une immunité forte –; notre premier rempart –; dans la réponse au défi infectieux.
Car oui, nous pouvons nous défendre contre les infections. Pendant les vingt dernières années, notre compréhension du corps humain a fait des avancées gigantesques. Les révolutions scientifiques ont révélé une vision intégrative et holistique de notre corps, nous ouvrant des perspectives inédites. Exit l’immunité circonscrite au système immunitaire, à ses organes, à ses cellules, et place à l’immunité totale : c’est notre être tout entier qui est engagé dans ce combat.
Biologiste et micronutritionniste, Bruno Mairet nous livre dans cet ouvrage toutes les clés pour se construire une immunité forte et sur mesure. En mettant en pratique des programmes englobant nutrition, micronutrition et mode de vie, nous pouvons reprendre les commandes de notre santé. Grâce à la réalisation d’analyses biologiques modernes permettant de mesurer les forces et les faiblesses de notre immunité (microbiote, risque inflammatoire, micronutriments…), nous avons également les moyens de personnaliser la manière de renforcer nos défenses immunitaires, et de devenir autonomes !

Que la force de votre immunité soit avec vous !

Découvrez les nouveautés DFM pour la saison 2022 !

DFM Formations propose un cursus de formation en micronutrition original qui aborde la micronutrition à la fois sous l’angle clinique et sous l’angle biologique : le Cursus Duo Pratik.

Cette formation se compose de 6 modules disponibles en présentiel ou en E-learning.  Ce cursus est très complet et pratique. Mais face à votre volonté de continuer de vous former toujours plus et à notre envie de transmettre notre passion, nous ne voulons pas en rester là !

DFM Formations vous prépare 3 nouveaux modules de formation pour la saison 2021-2022 :

  1. Module : « Mise à niveau Pratik » chimie, biochimie, biologie, physiologie, appliquée à la consultation de micronutrition

Un module de mise à niveau proposé par Bruno Mairet dispensé en présentiel le 25 – 26 juin 2022 à Paris et disponible e-learning.

Inscrivez-vous dès à présent au présentiel en suivant ce lien.

    • Votre constat : Vous manquez de base en chimie, biochimie, biologie, physiologie, et avez peur de ne pas pouvoir comprendre et intégrer les concepts des cursus de micronutrition et notamment du cursus Duopratik
    • Votre volonté : vous voulez combler ces lacunes, mais vous ne voulez pas plancher 300 heures sur des concepts inutiles et abstraits!
    • Notre réponse : vous apporter un enseignement de base dans ces disciplines, nécessaire et suffisant, pour la consultation de micronutrition.
    • Notre engagement concret: à chaque concept appris, une ou plusieurs illustrations pratiques de consultation.
    • Public et prérequis : professionnel de santé souhaitant mettre à niveau son savoir de base pour s’investir dans un cursus de micronutrition, notamment le cursus Duo Pratik
  1. Module :  « Hormono Pratik »
 

Un module de formation de prise en charge fonctionnelle des troubles hormonaux présenté par Guénaëlle Abéguilé. Disponible en présentiel à Paris et en E Learning dans le courant du mois de juillet 2022.

  • Votre constat : Vous observez beaucoup de perturbations hormonales au cours de vos consultations. vous vous sentez démunis face aux solutions thérapeutiques à apporter.
  • Votre volonté :
    • Mieux appréhender la complexité des perturbations hormonales.
    • Vous sentir apte et légitime pour apporter des solutions thérapeutiques individualisées.
  • Les objectifs de la formation :
    • Comprendre la physiologie et la physiopathologie des fonctions endocriniennes dans leur ensemble.
    • Comprendre l’impact de ces troubles sur l’ensemble des fonctions physiques et psychiques de votre patient : digestive, microbiotale, détoxication, immuno inflammatoire, neuropsychique, métabolique, sexuelle et reproductive
    • Etre capable d’évaluer les fonctions hormonales par la clinique et la biologie.
    • Savoir individualiser une prise en charge fonctionnelle.
  • Public- prérequis :
    • Avoir déjà suivi le cursus Duo Pratik
    • Ou une autre formation très complète de micronutrition
  1. Module : « Pratik expert »

Un module complémentaire au cursus Duo Pratik présenté par Bruno Mairet et Guénaëlle Abéguilé. Disponible en E learning et Présentiel au printemps.

  • Votre constat :
    • Vous avez développé votre démarche fonctionnelle dans vos consultations grâce au Cursus Duo Pratik
    • Vous souhaitez continuez à vous perfectionner et à gagner en assurance.
  • Votre volonté :
    • Gagner en aisance lors de vos consultations.
    • Etre plus efficace, mieux structurer les consultation
    • Toujours mieux associer clinique et biologie
    • Développer des réflexes et faire du lien entre les différentes dysfonctions
  • Notre réponse : Nous plongerons au cœur des consultations en appliquant la Démarche Fonctionnelle en Micronutrition telle que vous la pratiquez dorénavant. Nous présenterons de nombreux cas patient, sous l’aspect clinique et biologie, nous vous ferons raisonner, échanger et partager vos idées.
    • Notre engagement concret : Ce module fera de vous des experts de la démarche fonctionnelle et vous permettra de maitriser parfaitement vos consultations.
    • Public et prérequis : Avoir suivi l’ensemble du cursus Duo Pratik

Pour toutes questions ou pour être informé de la sortie des différents modules , n’hésitez pas à nous contacter via notre page contact !

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Au sujet du gluten, y a de quoi s’engluer ! Par Bruno Mairet

En nutrition, le gluten est sans doute aujourd’hui l’ennemi publics N° 1.  Or, nous allons montrer qu’il y a parfois association de malfaiteurs (!) et que l’accusation suivie de l’exclusion systématique du gluten peut être une solution un peu (trop) facile. Mais avant d’aller plus loin, précisons certaines choses. D’un point de vue biochimique, il faut déjà préciser que ce que l’on appelle communément le gluten, n’est pas une unique substance, mais un ensemble de molécules : il s’agit précisément de deux familles de protéines. Il faut savoir que plusieurs dizaines de résidus protéiques ont été identifiés comme toxiques ! Cette précision pour dire d’emblée que le sujet du jour (le gluten) est plus complexe qu’il n’y parait. Complexité qui apparaît aussi dans les 3 types de problèmes de santé que peut générer le gluten. Il est important de les distinguer. On peut être allergique aux protéines du gluten (avec asthme, rhinite, eczéma, vomissement…) comme on peut être allergique aux protéines de lait . On peut développer avec le gluten, la maladie auto-immune appelée maladie cœliaque. Et on peut être hypersensible au gluten.  C’est de ce dernier problème, dit hypersensibilité non cœliaque au gluten, dont nous allons parler dans cet article.

Gluten free : j’y vais ou j’y vais pas ?

La description de l’hypersensibilité au gluten date de 1978, mais c’est seulement à partir de 2010 que l’intérêt d’un nombre important de scientifiques pour cette maladie se manifeste définissant les années suivantes ses caractéristiques (1). Vous avez des douleurs abdominales, des ballonnements, des diarrhées/constipations, des prurits, de la fatigue chronique, des douleurs musculaires et articulaires, et des migraines. Vous avez lu ou on vous a dit qu’il s’agissait peut être d’une série de problèmes liés au gluten… et vous avez aussi lu ou entendu qu’en supprimant le gluten de votre alimentation vous alliez retrouver la santé ! La proposition est tentante, mais vous êtes encore prudent parce que vous avez le sentiment aussi que le gluten-free est une vaste mode et/ou un problème de santé… de riche. Bref, vous hésitez à franchir le pas vers un régime contraignant pour vous et votre famille (et coûteux), sans avoir la certitude que c’est bien le gluten la clef de votre problème.  Est-ce réellement la  bonne chose à faire ? On (encore lui !!) vous a dit qu’il existait un test pour savoir si l’on était hypersensible au gluten. C’est un test de recherche des IgG anti gluten, comme il y a des tests pour la recherche d’IgG anti caséine (protéine de lait), IgG anti ovalbumine (protéine de l’œuf)… etc… Il existe des centaines de recherches d’IgG anti protéines alimentaires… Ce test vous parait la solution pour que vous soyez confirmé (ou pas) dans votre gluten-free transition !  Mais vous avez dorénavant une nouvelle question.

Le test IgG anti gluten est-il fiable ?

On retrouve les IgG anti gliadine (une des protéines du gluten) dans 56% des cas de personnes hypersensible au gluten, soit environ 1 cas sur 2. Autant dire que c’est un test peu fiable. Vous pouvez avoir des faux négatifs, c’est à dire que vous pouvez avoir une hypersensibilité au gluten (non cœliaque) sans avoir de réponses positives aux IgG anti gliadine. Il existe aussi des faux positifs : vous pouvez retrouver les IgG anti gluten élevées sans avoir de troubles fonctionnels (2). Peut-on conclure pour autant qu’il ne sert à rien de faire ce test ?! Je ne serai pas si radical. Je dirai plutôt que ce test doit être entrepris dans un cadre plus vaste d’exploration du microbiote et de la muqueuse intestinale.

Hypersensibilité au gluten et leaky gut

Savez-vous que dans des conditions de santé, la muqueuse de notre intestin doit être semi-perméable, c’est-à-dire perméable très essentiellement à des petites molécules alimentaires (acides aminés, glucose, acides gras, vitamines…), mais imperméable à des moyennes ou grosses molécules (protéines ou polypeptides notamment) et à des micro organismes comme des bactéries. Notre muqueuse intestinale a donc une double fonction. La plus connue c’est sa fonction d’absorption des nutriments. Moins connue, mais non moins fondamentale, la muqueuse possède aussi une fonction de barrière. Elle s’oppose à la pénétration des éléments protéiques non digérés qui sont dangereux pour notre corps car antigéniques. Lorsqu’une protéine de lait de vache traverse la barrière intestinale, notre corps pense qu’il est envahi par les vaches !!  Image caricaturale mais cependant bien réelle car le corps va traiter cette protéine de vache comme un élément étranger et déclencher la guerre : l’inflammation ! Ainsi, si cette fonction de barrière est altérée de nombreux antigènes passent dans notre corps et une inflammation se déclenche. C’est ce qui se passe dans le cas de l’hypersensibilité au gluten. Il a été en effet montré que la gliadine (une des protéines du gluten) provoque une altération de la fonction de barrière chez les gens hypersensibles au gluten (3). On appelle cela un leaky gut : un intestin poreux, ou intestin hyper perméable. Ce concept de leaky gut est très important pour comprendre de nombreuses souffrances  intestinales et aussi de nombreux problèmes chroniques. Le gluten donc altère la barrière intestinale. Mais c’est un cercle vicieux car l’altération de la barrière intestinale augmente le passage des protéines du gluten à travers la muqueuse. Qui est la poule, qui est l’œuf ? Est-ce le gluten qui provoque le leaky gut ? Ou le leaky gut qui provoque le passage du gluten et donc l’hypersensibilité ? Il est fort probable que les deux mécanismes s’auto-alimentent.

Cette conclusion a des conséquences importantes. Si on se contente de supprimer le gluten mais qu’il existe un leaky gut ayant une autre cause que le gluten (ou ayant plusieurs causes dont le gluten !), que va t-il se passer ? Certes, il est fort probable que les problèmes intestinaux s’estompent grandement. Mais il est aussi probable que le leagy gut perdure. Or, un leaky gut est une source d’inflammation chronique bien problématique : hyperinsulinisme, surpoids, risques cardiovasculaires, problèmes neurologiques, articulaires… Bref, on peut en supprimant le gluten se débarrasser de nombreux symptômes mais laisser perdurer un état de leaky gut néfaste pour la santé sur bien des aspects. C’est ainsi que le gluten devient l’arbre qui cache la forêt. On s’occupe du gluten, on ne voit que lui, mais on oublie le reste qui est sans doute tout aussi important et notamment ce fameux leaky gut.

Soigner le leaky gut

Pour en revenir à notre test IgG anti gluten. Il est intéressant dans la mesure où on l’associe à une évaluation de l’ensemble du microbiote et de la barrière intestinale. Parmi les principaux tests citons:

  • Test de l’évaluation de l’activité métabolique du microbiote : DMI (Dysbiose Mycose Intestinale) ou MOU (Métabolite Organique Urinaire) suivant le laboratoire.  Ce test permet en premier lieu d’objectiver la présence d’une dysbiose. Si cette dernière est présente, il permet de qualifier la dite dysbiose. Est-on en présence d’une prolifération fongique (candidose précisément) ? Ou s’agit-il plutôt d’une dysbiose de fermentation ? D’une dysbiose de putréfaction ? Cette qualification orientera grandement la prise en charge.
  • Test de la Zonuline,  une protéine synthétisée par les cellules de la muqueuse ( et par l’hépatocyte également). Cette protéine régule la fonction de barrière intestinale. Une augmentation de la Zonuline est liée à une perte de cette fonction, à des « fuites » d’antigènes alimentaires et de pathogènes, associées à des risques accrues de maladies inflammatoires chroniques.
  • Test de la LBP.  Sans doute, un des marqueurs les plus spécifiques. Un intestin poreux conduit à un passage de bactéries dites gram négatif dans la circulation sanguine. Cette catégorie de bactéries présente à sa surface une molécule complexe (un lipopolysaccharide), le LPS. Pour neutraliser ce type de pathogènes le foie produit une protéine  inflammatoire, appelé LBP, dirigée contre le LPS. Ce qui est important pour nous en micronutrition c’est que cette protéine inflammatoire est un très bon marqueur révélant la présence de passage de bactéries intestinales dans le sang … et donc mettant en évidence la perméabilité intestinale.

Ainsi vous l’avez compris, en micronutrition on va chercher à obtenir une image précise de la fonction barrière pour pouvoir la soigner dans son ensemble. Au lieux d’une exclusion totale du gluten (qui pourra cependant peut-être s’imposer parfois !) on pourra proposer plusieurs choses dans une démarche globale de rééducation en micronutrition. Savez-vous déjà que manger stressé et ne pas mastiquer est une source importante d’inflammation et donc de leaky gut ? Il est donc bien possible qu’en mastiquant mieux  et en diminuant les quantités de gluten on puisse éviter une exclusion totale ! Tout simplement. Mais aussi on peut proposer une restauration de la barrière intestinale: il existe des nutriments spécifiques pour cela. Enfin une pourra corriger une éventuelle dysbiose grâce à une alimentation adaptée. Bref, il faut s’occuper de la forêt et pas uniquement de l’arbre gluten qui est devant !  Ceci est une vraie démarche de santé intégrative.

Bruno Mairet, Consultant et formateur en Santé Fonctionnelle et cofondateur de DFM Formations

Pour aller plus loin :

Ma dysbiose est génétique, mais je me soigne par Bruno Mairet

La dysbiose

Voici un terme que vous avez sans doute déjà lu ou entendu si vous vous intéressez à la santé intestinale. L’usage de ce mot a été largement développé avec les récentes découvertes sur le microbiote. En effet, la dysbiose est définie comme un déséquilibre quantitatif ou qualitatif du microbiote. Pour simplifier à l’extrême une situation très complexe (il y a plus de 400 espèces bactériennes dans un équilibre très subtil dans notre intestin) disons que la dysbiose peut se manifester notamment par une  perte de diversité bactérienne, une disparition de « bonnes » bactéries  ou une augmentation d’une flore pathogène. Ces déséquilibres sont  associés à des conséquences très néfastes pour la santé. Le terme dysbiose s’oppose à celui moins connu, d’eubiose, qualifiant un microbiote intestinal « sain ». Les causes de la dysbiose sont multiples et bien connues. Stress, alimentations inadaptées, prise de certaines classes de médicaments (notamment antibiotiques, inhibiteurs de sécrétion gastrique, IPP ), dysfonctions gastriques, biliaires, ménopause, alcools, sports intensifs, toxines, polluants… Savez-vous que des facteurs génétiques peuvent être aussi impliqués ? J’entends déjà certains se demander : « mais pourquoi consacrer un article à cela ? » À quoi bon savoir que nos douleurs intestinales, nos problèmes de constipations récurrentes, nos lourdeurs digestives chroniques sont génétiques ? » Certains diront même que c’est contre-productif, puisque c’est une fatalité contre laquelle nous ne pouvons rien. Cela peut même dangereusement conduire à une déresponsabilisation, à ce que l’on pourrait appeler de « bons prétextes génétiques »: « je n’y peux rien c’est génétique, pourquoi changer mon mode de vie?! ». Alors ne vaut-il mieux pas ne pas s’occuper de génétique, et agir sur les facteurs qui sont à notre portée, c’est-à-dire une bonne partie de ceux que nous avons évoqué quelques lignes plus haut ? Cela parait évident et plein de bons sens. Mais ce n’est plus vrai au XXIe siècle. Voyons cela de plus près.

Polymorphisme génétique

Je tiens à préciser que je laisse ici de côté l’épigénétique. J’ouvre d’ailleurs une petite parenthèse sur ce sujet qui est certes passionnant, très médiatisé, responsabilisant aussi (je peux changer malgré mes gènes !), mais aussi malheureusement trop vite récupéré par des laboratoires irresponsables. Dans un récent congrès de naturopathie, une communication proposait de « tester notre épigénome » à partir de nos cheveux ! Soyons sérieux, l’épigénétique est une science  très complexe, pratiquée dans des laboratoires de pointe et très loin d’être accessible à la routine d’une pratique de naturopathie/micronutrition ! Au mieux peut-on aujourd’hui proposer des produits qui facilitent un processus biochimique appelé méthylation dont on sait qu’il joue un rôle clef dans l’épigénétique. Mais là encore les laboratoires qui vendent ces produits en clamant leur « action épigénétique », sont essentiellement dans du marketing, en surfant sur un terme très tendance. Fermons la parenthèse « épigénétique » et ouvrons en une plus accessible à la pratique : le polymorphisme génétique.

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Autant le terme « épigénétique » est maintenant assez connu, autant celui de « polymorphisme » est rarement évoqué. Et pourtant il s’agit de quelque chose de très important à connaitre avec des conséquences potentielles sur la prise en charge. De quoi s’agit-il ? Il s’agit le plus souvent de variations génétiques mineures touchant un seul nucléotide dans un gène (soit une lettre changée sur en moyenne 30.000 lettres pour un gène !!). Une grande partie de ces variations (dites « SNPs » pour Single Nucleotid Polymorphism) sont sans conséquences. Ainsi, une faute de frappe dans la recette d’un livre de cuisine ne vous empêchera pas dans la plupart des cas de réaliser la recette correctement. En revanche, pour continuer l’analogie, si au lieu de 6 œufs il est indiqué dans la recette 3 œufs (faute de frappe ! variation d’un seul caractère) il se peut que le produit final soit légèrement modifié !! C’est ce qui se passe parfois avec les SNPs. Tous les gènes et donc toutes les protéines présentent des polymorphismes et donc une variabilité fonctionnelle. Donnons un exemple pour être concrets. La toxicité au mercure. De petites variations génétiques sur une protéine sanguine, appelée apolipoprotéine (APO) rendent plus vulnérable aux fameuses intoxications au mercure, car une des fonctions de cette protéine (la chélation ou séquestration du mercure) est perdue. Deux petites lettres, grosses conséquences et une adaptation de mode de vie qui doit être entreprise en conséquence.

Le gène FUT2 dans la dysbiose

Revenons petit à petit au sujet de la dysbiose. Vous avez sans doute déjà entendu parler du mucus intestinal. Il s’agit d’une substance gélatineuse produite par la muqueuse intestinale dont on découvre chaque jour davantage l’implication dans l’équilibre du microbiote. Entre autres, et pour faire simple, disons qu’il sert d’ancrage et offre un support nutritif à certaines bactéries du microbiote. Or, il s’avère que ce mucus est constitué de protéines riches en groupements glucidiques. Pour bien comprendre, plongeons un instant au cœur de la cellule intestinale (précisément la cellule de Goblet qui synthétise le mucus). Suivez le guide-biochimiste !!

fut 2

Nous rentrons dans un petit compartiment de la cellule appelé appareil de Golgi et là nous voyons une enzyme à l’œuvre (l’enzyme FUT2 ou Fucosyltransferase 2- qui est concentrée à l’intérieur de la cellule dans la zone en vert foncé sur le schéma) qui greffe un sucre (Fucosyl) sur un disaccharide (lactose) pour obtenir du 2 fucosyl lactose, substance essentielle pour un mucus intestinal de qualité. Mais il s’avère que chez 20% d’entre nous cette enzyme FUT2 est sujette à un polymorphisme (que l’on appelle mutation stop gain) la rendant absente.

Il y a une ou plusieurs mutations sur le gène FUT2. En conséquence, le mucus n’a pas sa glycosylation finale (l’ajout de sucre) et donc c’est un « mauvais mucus ». Il a été montré que ce polymorphisme FUT2, avec son mauvais mucus, est responsable d’un changement du microbiote. Il est d’autre part associé à un risque accru de candidose chronique, de maladie de Crohn, de maladie cœliaque, de diabète de type 1, d’infection du tractus urinaire… Mais ce qu’il faut retenir surtout pour cet article c’est que cette mutation a un effet « bifidoprive », en d’autres termes cette mutation diminue la richesse du microbiote en bifidobactéries qui sont comme chacun le sait des « bonnes bactéries ». Résumons-nous : mutation du gène FUT2  = concerne 20% d’entre nous = induis la production d’un mauvais mucus = générateur de dysbioses liée à un facteur génétique. Certains laboratoires d’analyses spécialisés ont mis en place la recherche de la mutation du gène FUT2 (aux USA notamment on peut pratiquer des recherches très exhaustives de polymorphismes incluant le FUT2 pour un cout inférieur à 100 euros). Il est donc  possible de savoir si l’on présente un polymorphisme sur ce gène (savoir si l’on fait partie des 20%).  

Des produits bifidogènes qui compensent le polymorphisme FUT2

À partir de là, il faut savoir que le 2′ fucosyllactose manquant peut être apporté sous forme de complément alimentaire commercialisé par plusieurs laboratoires en France (cet article n’est évidemment pas une pub, je ne cite donc pas de marque). Ce complément va venir compenser l’absence de l’activité enzymatique d’un patient présentant le polymorphisme FUT2. Le produit ne va pas permettre de rétablir la fonction enzymatique (c’est impossible- seule la thérapie génique permettrait cela ! Or, cette dernière concerne uniquement des protocoles très lourds dans des pathologies graves: thalassémie- hémophilie …). Le 2′ fucosyllactose va permettre de retrouver une bonne population bactérienne intestinale de bifidobactéries : on peut parler d’activité bifidogène. Très bien ! Mais peut-on savoir si ce produit est intéressant même sans avoir fait le test FUT2 ?  Plusieurs indices peuvent  donner envie de le tester.

En premier lieu la présence d’une dysbiose (plutôt sévère).

Cette dysbiose n’est pas épisodique, mais à tendance chronique. Elle est présente depuis longtemps et réfractaire.

D’autre part, cette dysbiose est plutôt très résistante aux probiotiques, c’est-à-dire que malgré une complémentation correctement conduite, les probiotiques n’ont aucun effet sur vous. C’est sans doute un des signes principaux. En d’autres termes, vous êtes non répondeurs aux probiotiques. Pourquoi ? On peut dire que votre mucus « ne retient pas » les bonnes bactéries apportées par les probiotiques. Vous n’êtes donc pas sensibles aux tentatives pour réensemencer votre intestin avec de bonnes bactéries, ce qui, normalement, dans des protocoles bien conduits corrige la dysbiose.

Enfin vous êtes concernés par les pathologies évoquées comme étant à risque (voir quelques lignes plus haut).

La morale de ce texte ? Si vous entendez quelqu’un dire « c’est génétique je n’y peux rien », vous pourrez lui répondre que non seulement il peut corriger les autres facteurs de risques de son problème (se prendre en charge en somme), mais dans certaines situations il peut aussi « soigner » son problème génétique! Elle n’est pas belle la science ?!

Bruno Mairet, Consultant et formateur en Santé Fonctionnelle et co fondateur de DFM Formations

Pour aller plus loin :

 13 jours de formation sur 10 mois. Avec Guénaëlle Abéguilé et Bruno Mairet. Pour voir les dates sur Rennes et Paris, cliquez sur le lien ci-dessous.

Les polymorphismes en Santé Fonctionnelle

Avez vous pensé à l’histamine ? Bilan complet face à une suspicion par Bruno Mairet

Migraines, maux de tête, vertiges, problèmes gastro-intestinaux (crampes, diarrhées, ballonnement), tachycardies, faiblesses musculaires, rhinites, dépression, éruptions cutanées, rougeurs,  bouffées de chaleur, troubles du cycle chez les femmes..

  • Vous cochez certaines de ces cases, avec plus ou moins d’intensité ?
  • Vous avez remarqué que ce sont des symptômes variés, non spécifiques, qui ressemblent à des allergies ou à d’autres intolérances alimentaires.
  • Vous avez déjà lu ou entendu que tous ces symptômes pouvaient être causés par une substance appelée histamine?
  • Vous avez peut être retenus que notre propre corps produit cette histamine notamment dans au cours des réactions allergiques (d’où les symptômes qui minent l’allergie)
  • Vous avez aussi lu ou entendu que l’on pouvait atténuer ou au mieux faire disparaître ces symptômes par des exclusions alimentaires ciblées ?

 Pourquoi la « Low amine diet » ?

Comment expliquer l’impact positif de ce régime, « low amine diet »,  (traduisez « régime avec des taux faibles en histamine ») ?  Il faut savoir que certains aliments sont plus riches en histamine que d’autres.  Il faut aussi garder à l’esprit que notre muqueuse intestinale est normalement équipée d’une enzyme appelée DiAmine Oxydase (DAO) qui dégrade l’histamine. En simplifiant on pourrait dire que cette DAO est une enzyme de « détox » puisque l’histamine présente des risques toxiques pour notre corps.  Malheureusement cette « enzyme détox » peut être soit insuffisamment présente (« carence »), déficiente (elle « travaille mal ») soit « débordée » par la charge de travail lors qu’il y a trop d’histamine dans l’alimentation (ou d’autres substances appelées « amines biogènes » que la DAO doit « détoxifier » également). En conséquence, dans ces contextes de « carence », d’inefficacité ou de surcharge de travail de cette « enzyme détox », le taux d’histamine augmente, passe dans la circulation sanguine et provoque l’ensemble des manifestations « allergie-like » décrites au début de cet article. Mais il y a d’autres explications à ce taux élevé d’histamine, nous le verrons plus loin.

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Un régime d’éviction des aliments riches en histamines peut en effet régler partiellement ou totalement le problème (voir la liste proposée en fin d’article).  On peut d’ailleurs doser l’histamine dans les selles ou doser l’activité de cette « enzyme détox » dans le plasma sanguin. Cela permet déjà d’avoir une certaine idée de ce qui se passe (carence, déficience ) et de suivre l’évolution de la situation biologique (taux d’histamine qui reste très élevé, qui diminue,  qui se normalise).  Quoiqu’il en soit le régime d’exclusion reste une grosse contrainte et il peut être difficile à tenir dans le temps. Certes, parfois la modération d’une consommation massive d’un aliment à fort teneur en histamine peut régler définitivement le problème sans trop de contrainte. Mais sinon, la seule stratégie d’éviction qui est une démarche symptomatique peut conduire à une impasse car on ne recherche pas en profondeur la cause du problème.

Rechercher une dysfonction de « l’enzyme détox » DAO

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Plusieurs pistes vont être à explorer pour déterminer la cause d’une intolérance à l’histamine. On peut déjà essayer de savoir si le problème est d’ordre génétique. A-t-on  affaire à ce que l’on appel un polymorphisme génétique ? De quoi s’agit-il ? C’est un concept très important en micronutrition. Il s’agit le plus souvent de variations génétiques mineures touchant un seul nucléotide dans un gène (soit une lettre changée sur en moyenne 30.000 lettres pour un gène!!). Une grande partie de ces variations (dites « SNPs » pour Single Nucleotid Polymorphism) sont sans conséquences. Ainsi, une faute de frappe dans la recette d’un livre de cuisine ne vous empêchera pas dans la plupart des cas de réaliser la recette correctement. En revanche, pour continuer l’analogie, si au lieu de 6 œufs il est indiqué dans la recette 3 œufs (faute de frappe avec variation d’un seul caractère) il se peut que le produit final soit légèrement modifié !! C’est ce qui se passe parfois avec les SNPs. Tous les gènes et donc toutes les protéines présentent des polymorphismes et donc une variabilité fonctionnelle. La DAO, cette « enzyme détox » n’échappe pas à cette règle! Ainsi chez certains personnes (1% de la population caucasienne) cette enzyme fonctionne mal (voire très mal), avec en conséquence une possible accumulation d’histamine et des taux sanguins trop forts amenant tous les symptômes de l’intolérance à l’histamine. On peut tester la présence de ce polymorphisme*. Si il y a cette faiblesse d’activité de « l’enzyme détox » il faudra, à vie, faire attention aux aliments à fortes teneurs en histamines et éventuellement prendre différents compléments alimentaires **

Exploration nutritionnelle et fonctionnelle globale

Si cette cause génétique est écartée, si la surconsommation d’un ou plusieurs aliments à fort teneur en histamine n’est pas présente, si la « low amine diet » donne pas ou peu de résultats,  il faut chercher ailleurs. Et c’est là que la démarche globale de micronutrition est intéressante. Car une intolérance à l’histamine peut apparaître dans de très nombreuses situations. La liste est non exhaustive:

  • Une carence en cuivre. La DAO est une enzyme qui a comme co-facteur le cuivre. Ainsi une carence en cuivre induit potentiellement une baisse d’activité de la DAO et donc risque d’apparition des « symptômes à l’histamine ». Or, dans mes statistiques d’analyses nutritionnelles sur 2019, 7 personnes sur 10 sont en dessous des normes santé pour le cuivre! Avec 1 patient sur 2 en vraie carence fonctionnelle ! C’est la carence en oligoélément la plus fréquente dans ma pratique (après l’iode !!). Il ne faut pas hésiter à le faire doser et à le corriger (avec prudence, le cuivre étant pro oxydant à des forts taux).
  • Les forts taux d’œstrogènes vont faire augmenter les taux d’histamine. Toutes les situations d’hyperoestrogénie (même relatives) vont être à risque de « symptômes à l’histamines » (syndromes pré-menstruels par exemple ou femme sous pilule œstrogénique). Sur des terrains déjà limites au niveau du taux d’histamine (forte consommation de certains aliments), l’hyperoestrogénie va être la goutte d’eau qui va faire déborder le vase !
  • Même problématique pour le cortisol. Par un mécanisme complexe (stabilisation des mastocytes) le cortisol réduit la production d’histamine endogène. Ainsi dans le cas d’un épuisement surrénalien (stress chronique décompensé) avec très forte baisse de production de cortisol (ce qui arrive lors du type burn-out par exemple) les taux d’histamine vont grimper induisant potentiellement l’apparition du cortège de « symptômes à l’histamines » (en plus des problèmes dus au faible taux de cortisol). Les taux de cortisol peuvent se mesurer simplement à partir d’un test salivaire.
  • Une dysbiose intestinale, peut aussi engendrer une intolérance à l’histamine. Particulièrement une dysbiose de putréfaction qui conduit à la production d’amines biogènes (cadavérine, putrescine, …). Ces dernières peuvent surcharger de travail « l’enzyme détox » DAO puisque elle est aussi en charge d’éliminer ces substance nocives. En conséquence, le taux d’histamine augmente avec les risques des « symptômes à l’histamines ». La présence de ce type de dysbiose peut être objectiver par l’analyses des métabolites urinaires (suivant le laboratoire on parle de MOU ou DMI …).
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  • Un insuffisance biliaire peut aussi conduire à des déficits d’activité de « l’enzyme détox ». Par plusieurs mécanismes, l’action de cette dernière est en effet favorisée par les sels biliaires. On peut suspecter ce type d’insuffisance biliaire (selles grasses, difficulté de digestion des gras, problème pour remonter des taux de vitamine D malgré supplémentation bien conduite, … ), mais on peut aussi le mettre en évidence grâce à un bilan des acides biliaires qui donne des informations très intéressantes sur la synthèse des acides biliaires (carences de synthèse biliaire, difficulté de vidange biliaire, … ).
  • Une inflammation, d’origine intestinale notamment, augmente la production d’histamine. On doit considérer une « low amine diet », lorsque l’on retrouve une CRPus élevée avec des « symptômes à l’histamines » présents.
  • Très important également, la présence d’un leaky gut ou hyperperméabilité intestinale, amène une baisse d’activité de la DAO, et donc risque de  symptômes à l’histamines ». Le leaky gut peut aussi être recherché par différentes analyses (Zonuline, LBP)…
  • Enfin, et c’est sans doute une des premières choses à considérer, beaucoup de médicaments perturbent l’activité de la DAO ou sont libérateurs d’histamines. La liste est longue, renseignez vous.

En conclusion, le régime d’exclusion des aliments riches en histamines (voir ci-dessous) ou libérateurs d’histamines (alcool, chocolat, fraises, tomates, œufs, bananes…)  est loin d’être toujours la seule stratégie possible face à des symptômes d’intolérance à l’histamine. Une exploration globale, systémique, qui est au cœur de la démarche de micronutrition, va bien souvent permette de s’attaquer à la cause du problème (inflammatoire, intestinale, biliaire, hormonale, …) avec en plus des « bénéfices collatéraux » … Ainsi, par exemple, régler un problème biliaire aura des répercutions non seulement sur l’activité de la DAO, mais sur la bonne absorption des acides gras essentiels, de la vitamine D, une meilleure digestion et meilleurs flore intestinale (les acides biliaires éliminent les pathogènes dans l’intestin grêle), etc…  Qu’on se le dise !!

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** Il existe beaucoup de solutions pour gérer ces symptômes, mais ce n’est pas ici le sujet de cet article. Sachez cependant que cette « enzyme détox », la DAO peut se donner directement sous forme de compléments;  la mélatonine (oui, vous avez bien lu, on lui découvre régulièrement de nouvelles actions, son rôle ne se limitant pas au sommeil!) donne de très bon résultats avec doses adaptées;  la quercétine aussi est un anti histaminique naturel qui est très intéressant… et bien d’autres choses …

Bruno Mairet, Consultant et formateur en Santé Fonctionnelle et cofondateur de DFM Formations